(Photo: 123RF)
Que faire avec les titres d’Air Canada, Suncor Énergie et Rogers Sugar? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Air Canada (AC, 23,24 $): les investisseurs patients seront récompensés
Alors que le reconfinement européen fait piquer légèrement du nez le titre d’Air Canada, il est temps d’en profiter, laisse entendre l’analyste Konark Gupta, de la Banque Scotia.
Bien qu’il n’ait pas eu droit à un aperçu des prévisions pour l’exercice 2022-2024 de la société aérienne lors de sa rencontre organisée avec son vice-président directeur et chef de la direction financière Amos Kazzaz et la responsable des relations avec les investisseurs Valérie Durand, il est persuadé que ceux qui resteront de marbre devant un peu de turbulence seront récompensés.
Tout comme s’y attendait l’analyste, l’entreprise pense se rétablir d’ici les quelques prochaines années. Air Canada n’a toujours pas subi de baisse d’achalandage malgré le reconfinement de certaines régions en Europe, mais ça ne saurait tarder. Dans l’ensemble, la reprise canadienne se porte bien, alors qu’elle se trouve entre 6 à 9 mois derrière celle des États-Unis.
Konark Gupta dévoilera ses propres prévisions en amont de la prochaine journée des investisseurs qui devrait se tenir le 30 mars 2022, en s’appuyant en partie sur celles de 2019-2021. Il s’attend à ce que les flux de trésorerie soient meilleurs, mais les marges plus faibles que ces projections faites avant la pandémie.
L’entreprise avait alors prévu que ses flux de trésoreries s’établiraient dans une fourchette de 4 à 4,5 milliards de dollars et des marges de son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement entre 19 à 22%, rappelle l’analyste de la CIBC.
Air Canada ne s’inquiète pas outre mesure de la hausse du prix du carburant ni de la reprise plus menue du voyage d’affaires. En effet, «son ratio coût/dépenses en capitaux investis est de 1,7 milliard de dollars en 2020. Ses résultats s’appuient sur la performance de ses activités de cargo et d’Aeroplan. Elle a un nouveau système de réservation, a automatisé certaines opérations et a remplacé une partie de sa flotte», énumère Konark Gupta.
Le transporteur aérien s’attend aussi à ce que ses revenus tirés de ses opérations de cargo, qui ont déjà doublé par rapport à avant la pandémie, augmentent encore, grâce au décollage en 2023, de ses huit nouveaux appareils qui y seront dédiés. L’analyste note que cette division permettrait de gommer en partie l’effet des baisses d’achalandage et aura un effet bénéfique sur les marges de l’entreprise.
Le rendement de cette division devrait aussi retrouver une vitesse de croisière plus normale, à mesure que le trafic aérien reprendra, tandis que les revenus devraient continuer de croître selon l’organisation, rapporte Konark Gupta.
Ce dernier estime que l’entreprise, disposant d’environ 10,5 milliards de dollars en liquidités, a les coudées franches pour acheter des appareils, et réduire la taille de sa dette.
Ses coffres bien garnis et sa position enviable par rapport à la compétition devraient donc lui permettre de bien récupérer de cette récession qu’a subie l’industrie, d’autant que sa stratégie de renouvellement de sa flotte devrait prendre fin en 2023.
L’analyste réitère sa recommandation de «performance de secteur», et son cours cible de 31 $, ce qui pourrait toutefois s’avérer prudent, prévient-il.
Suncor Énergie (SU, 33,74 $): un avenir prometteur
Suncor Énergie (SU, 33,74 $): un avenir prometteur
Dennis Fong de Marchés des capitaux CIBC a conclu sa rencontre avec la pétrolière Suncor sur une si bonne note qu’il revoit à la hausse son cours cible, le faisant passer de 44 $ à 48 $. Quatre éléments ont principalement attiré son attention.
Le rythme de production de la deuxième plus grande entreprise pétrolifère au pays s’est grandement accéléré à la mine de sables bitumineux de Fort Hill, en Alberta. Les résultats d’un test pour mesurer sa capacité nominale de traitement du brut un peu plus tôt ce mois-ci ont même dépassé les attentes de l’analyste, qui s’attend maintenant à ce que d’ici la fin de l’année, ses deux trains d’extraction poursuivent sur cette lancée.
Forte de cette expérience, Suncor devrait accumuler davantage de minerais au cours de la deuxième moitié de l’exercice 2022, ce qui lui permettra d’encore une fois surpasser sa capacité nominale de traitement du brut, croit Dennis Fong. Préférant demeurer prudent, il s’attend à ce qu’elle passe d’une production de 20 mille barils de pétrole par jour (mbp/j) à 40 mbp/j. De plus, l’analyste considère que la société pétrolière est l’une des plus durables.
Si la direction s’est permis d’accroître de 100% la distribution de ses dividendes au troisième trimestre de 2021, c’est en partie parce qu’elle a augmenté ses marges bénéficiaires à 465 millions de dollars (M$). Elle s’attend d’ailleurs à accumuler 400 M$ en 2022. L’entreprise a aussi prévu d’augmenter ses flux de trésorerie de 2,15 milliards de dollars (G$) annuellement d’ici 2025, ce qui rejoint les prévisions de l’analyste, et ce, même si des prix plus élevés du gaz naturel pourraient gommer une partie de ces progrès.
Les liquidités tirées de sa transformation du pétrole en produit de consommation, appelée ses opérations en aval, devraient atteindre environ 3,7 G$ en 2021 et en 2022 selon les calculs de l’analyste de Marchés des capitaux CIBC. Certes, l’écart entre le prix du pétrole américain et canadien s’est accentué, en partie parce qu’il y a plus de pétrole canadien, plus difficile à raffiner. Dennis Fong croit que Suncor saura tirer profit de ses actifs de raffinement plus complexes.
Bien que Suncor développe des projets pour capturer le CO2, afin d’atteindre les cibles canadiennes pour lutter contre les changements climatiques, sa livraison dépend grandement de l’aide que le gouvernement versera aux pétrolières pour réduire le risque de ces investissements. Dennis Fong estime qu’Ottawa devrait préciser ces détails lors du dévoilement de son budget en 2022.
Rogers Sugar (RSI, 5,66$): son BAIIA rate la cible
Rogers Sugar (RSI, 5,66$): son BAIIA rate la cible
Le plus grand producteur canadien de sucre a dévoilé jeudi des résultats en partie plombés par ses activités de raffinement, déplore Endru Leno de la Financière Banque Nationale.
Son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) ajusté s’est établi à 24,8 M$, alors que l’analyste misait sur 28,4 M$. Il attribue en partie cette déconfiture à un trimestre plus court que celui à la même période l’an dernier et à un coût plus élevé du sucre qui a freiné de 3,5 millions de dollars (M$) ses résultats.
Ainsi, son BAIIA ajusté tiré de ses activités de transformation de sucre a atteint 20,6 M$ plutôt que 24,9 M$. Pourtant, ses raffineries ont transformé 214,8 mille tonnes métriques de sucre, alors que l’analyste prévoyait 210,7 mille tonnes métriques de sucre. Ça représente néanmoins une baisse de 26% par rapport à la production de l’an dernier.
La hausse des coûts liés à la nouvelle convention collective des employés de sa raffinerie de Montréal a aussi fait reculer ses résultats de 2,9 M$. Sans cette révision, son BAIIA ajusté aurait atteint 27,7 M$, ce qui aurait été «largement» plus près des prévisions, écrit l’analyste, puisque le consensus tablait sur 27,2 M$.
Du côté des produits d’érable, les résultats sont plus réjouissants. Son BAIIA ajusté de 4,2 M$ dépasse les prédictions de l’analyste à 3,5 M$, bien que le volume produit (11,7 milliers de livres) soit moindre que celui anticipé par la Financière Banque Nationale (12,1 milliers de livres).
Il est néanmoins en hausse de 28% par rapport à la même période l’an dernier. Le prix au détail du sirop d’érable a largement compensé la baisse de la demande causée par la COVID-19, ce pour quoi la marge de son BAIIA est de 237 points de bases par rapport à l’an dernier, croit Endru Leno.
L’entreprise qui possède l’enseigne Sucre Lantic s’attend à ce qu’au cours du prochain exercice, son volume de sucre raffiné recule de 770 milliers de tonnes métriques, ce qui représenterait une baisse de 1% par rapport à cet exercice-ci, tandis que sa production de produits d’érable devrait se stabiliser.
La direction a espoir que les marges de cette division augmentent, ce que réfute l’analyste. Selon lui, elle devrait plutôt demeurer stable, notamment à cause du manque de main-d’œuvre et d’une plus faible demande.
Rogers Sugar prévoit que son BAIIA devrait grimper modestement au cours du prochain exercice (+10 M$), à cause de plusieurs incertitudes qui demeurent, croit Endru Leno, à propos notamment du coût de la main-d’œuvre, et les répercussions sur son rendement d’une entente signée plus tôt en 2021 avec les producteurs de betteraves.
Malgré tout l’analyste de la Financière Banque Nationale maintient sa recommandation de «performance de secteur», et son cours cible à 5,25 $.