En attendant de voir comment la Banque Laurentienne parviendra à s’en tirer, Paul Holden de Marchés des capitaux CIBC maintient sa recommandation à «conserver», mais fait glisser son cours cible de 33$ à 30$. (Photo: La Presse canadienne)
Que faire avec les titres de la Banque Laurentienne, de Dollarama et de Saputo? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Banque Laurentienne (LB, 24,95$): recalcul de l’itinéraire en cours
L‘objectif de la Banque Laurentienne n’a pas changé : elle compte augmenter la taille de sa division des prêts commerciaux et freiner le déclin de la rentabilité de son service bancaire aux particuliers, résume Paul Holden de Marchés des capitaux CIBC après avoir consulté son nouveau plan stratégique. Le chemin que l’institution financière compte emprunter pour y arriver, lui, a toutefois évolué.
La société dirigée par Éric Provost entend par exemple gagner en efficience autant au niveau administratif que du côté de ses services bancaires aux particuliers en leur offrant des produits qui lui seront moins onéreux.
La Banque Laurentienne tend donc à simplifier ses activités et à se concentrer sur les services virtuels offerts aux Canadiens de la classe moyenne, ce qui lui permettra de générer des revenus à plus faibles coûts pour financer son service aux entreprises.
Les prêts commerciaux devraient à terme représenter 55% de ses activités, ce qui est supérieur au 45% sur lequel elle misait auparavant, une nouvelle qui devrait plaire aux investisseurs, croit l’analyste.
La Banque espère augmenter sa marge nette sur intérêt et la rentabilité de ses capitaux, de même que la croissance de son bénéfice par action, indique Paul Holden. Simple à première vue, cette cible requerra d’importants investissements pour redresser la barre dans un marché très compétitif, souligne-t-il.
La direction a d’ailleurs dévoilé des objectifs à moyen terme qu’il qualifie de plus «ambitieux» que ceux précédemment présentés. Pour que son bénéfice par action grimpe de 7% à 10%, elle compte faire passer sa marge nette sur l’intérêt de 1,8% à plus de 2%. Elle espérait plutôt dépasser 1,9% auparavant.
Elle souhaite aussi faire baisser le poids de ses dépenses par rapport à ses revenus de 76,8% au deuxième trimestre de 2024 à moins de 60%. Sa cible était plutôt de 65% précédemment.
Malgré le nouveau plan stratégique diffusé le 31 mai 2024, l’analyste a diminué de 7% ses attentes à l’égard du bénéfice par action que la banque devrait générer en 2024, passant de 3,79$ à 3,52$. Il a aussi fait glisser de 4,36$ à 4,25$ ses attentes pour celui de 2025.
Si la Banque Laurentienne parvient à se débarrasser de son «enclume», sa division de prêts commerciaux a tout pour permettre à son bénéfice par action de croître, estime Paul Holden. Le mandat est toutefois de taille, et d’autres ont déjà échoué, rappelle-t-il.
En attendant de voir comment l’organisation parviendra à s’en tirer, l’analyste maintient sa recommandation à «conserver», mais fait glisser son cours cible de 33$ à 30$.
Dollarama (DOL, 126$): «à posséder, qu’importe la période du cycle économique»
Dollarama (DOL, 126$): «à posséder, qu’importe la période du cycle économique»
D’après Irene Nattel de RBC Marchés des capitaux, Dollarama serait le détaillant canadien le mieux placé pour profiter de la quête des petits prix des consommateurs. Ainsi, même si la valeur de son action a augmenté, son titre n’en demeure pas moins attrayant, indique-t-elle en dévoilant les changements apportés à son analyse de l’entreprise.
Au premier trimestre de son exercice 2025, elle anticipe que le bénéfice par action de Dollarama bondira de 17% par rapport à la même période l’an dernier et atteindra 0,73$. Ses ventes pour un même magasin comparable devraient grimper de 4,5%, soit le haut de la fourchette cible de Dollarama pour l’exercice.
L’analyste s’attend d’ailleurs à ce que ses ventes pour un même magasin comparable grimpent dorénavant de 4% à 5%, un retour à la normale après les montagnes russes des deux dernières années.
Toujours au premier trimestre de son exercice 2025, les marges bénéficiaires de Dollarama devraient avoisiner 42,9% notamment à cause d’une baisse de ses dépenses logistiques par rapport à la même période l’an dernier.
D’après Irene Nattel, la petite hausse prévue du taux de chômage et le coût de la vie plus important au cours de 2024 devraient continuer d’encourager les consommateurs à se tourner vers des détaillants à petits prix.
L’analyste s’attend donc à ce que le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de Dollarama à l’exercice 2025 et 2026 atteignent respectivement 2036,9 millions de dollars (M$) et 2243,1 M$, et non 2036,4M$ et 2235,4 M$ comme auparavant.
D’après des documents officiels qu’Irene Nattel a pu consulter, la société aurait racheté 1,3 million d’actions pour 146 M$ au cours des trois premiers mois de son exercice 2025. L’analyste croit que la société retirera de la circulation 2,6% de ses actions en tout au cours de ce même exercice grâce à ses flux de trésorerie libre.
Les exercices 2026 et 2027 devraient aussi être marqués par des rachats d’actions de l’ordre de 3,7% et 3,9% de celles qui seront en circulation, anticipe-t-elle. Si les conditions d’emprunt retournent à la normale, Dollarama pourrait moins piocher dans ses flux de trésorerie et se tourner vers le crédit afin de garder son effet de levier autour d’un multiple de 2,2x.
Ainsi, l’analyste est d’avis que la société devrait redonner à ses actionnaires autant grâce aux dividendes qu’aux opérations de rachat d’actions. De plus, elle croit que Dollarama est un titre «à posséder, qu’importe la période du cycle économique».
C’est pourquoi elle fait grimper son cours cible de 11$ à 136$.
Saputo (SAP, 27,83$): une éclaircie pointe à l’horizon
Saputo (SAP, 27,83$): une éclaircie pointe à l’horizon
À quelques jours du dévoilement des résultats du quatrième trimestre de l’exercice 2024 de Saputo, Chris Li de Valeurs mobilières Desjardins s’attend à ce que la société ait rencontré quelques embuches. Le vent devrait toutefois tourner au cours de l’exercice 2025.
Le 6 juin 2024, l’analyste s’attend à ce que la société dévoile un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de 360 millions de dollars (M$) et un bénéfice par action de 0,35$. C’est légèrement sous les mises du consensus, qui table plutôt sur 366 M$ et 0,36$.
Au Canada, son BAIIA ajusté devrait atteindre 137 M$, soit une hausse de 2% par rapport à la même période l’an dernier. Si elle parvient à stabiliser ses résultats malgré l’inflation, c’est en grande partie grâce à des coûts de logistique plus faibles et la rigueur dont elle fait preuve du côté de ses dépenses.
Aux États-Unis, l’analyste s’attend plutôt à une baisse de 12% en un an de son BAIIA ajusté. Il pointe du doigt les plus faibles prix du fromage, mais aussi une hausse ponctuelle de ses dépenses pour optimiser ses opérations, gommant les bénéfices tirés de la hausse de ses ventes et de coûts logistiques plus faibles.
À l’international et en Europe aussi, son bénéfice par action ajusté devrait avoir souffert par rapport au quatrième trimestre de l’exercice 2023 et atteindre respectivement 79 M$ et 18M$. Ça représente des baisses de 6% et de 41% en un an.
Malgré ce sombre portrait, Chris Li est d’avis que Saputo est en bonne posture pour que son BAIIA grimpe de plus de 10% à l’exercice 2025. En effet, la conjoncture devrait jouer en sa faveur : en plus de collecter les fruits de l’optimisation de son organisation, Saputo profitera de la hausse des prix du fromage aux États-Unis. Le volume de ses ventes devrait quant à lui augmenter alors que tout porte à croire que le prix du lait australien devrait baisser à partir du 1er juillet 202, ajoute Chris Li.
L’analyste s’attend aussi à ce que les flux de trésorerie libre de Saputo augmentent, notamment grâce à une diminution d’environ 30% de ses dépenses en capitaux, ce qui devrait lui permettre de redonner à ses actionnaires via des rachats d’actions par exemple.
Chris Li salue d’ailleurs la décision de Lino A. Saputo, celui qui occupait le poste de président et chef de la direction de la société, de se distancer de la gestion des opérations quotidiennes de l’organisation. En ne dirigeant dorénavant que le conseil d’administration, il démontre toute la confiance qu’il a en la capacité de l’entreprise de croître, estime l’analyste.
Tant que les investisseurs n’auront pas une meilleure idée de ce que l’avenir réserve à la société, le titre de la société devrait continuer d’en pâtir, croit l’analyste : «la stabilisation des conditions de marché et l’exécution du plan stratégique devraient se traduire par une croissance attrayante des bénéfices à long terme», écrit-il toutefois.
Il réitère sa recommandation d’«achat», et son cours cible à 33$.
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