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À surveiller: Banque Royale, Goodfood, et Alphabet/Google

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Banque Royale, Goodfood, et Alphabet/Google

(Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Banque Royale, Goodfood et Alphabet/Google? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

Banque Royale (RY, 128,70$): la plus apte à acheter HSBC Canada, sur papier tout au moins

Dans une note préliminaire Gabriel Dechaine de la Financière Banque Nationale s’est penché sur la vente potentielle de HSBC Canada qu’il voit comme une rare occasion que toutes les banques canadiennes examineront.

Pressée par un actionnaire important pour se restructurer, la société mère de HSBC Canada a retenu les services de JP Morgan pour évaluer ses options stratégiques et une vente apparaît cette fois plus probable que dans le passé.

Bien que HSBC Canada soit une petite filiale pour HSBC elle représente tout de même la troisième source de profits des activités bancaires commerciales, indique l’analyste.

Gabriel Dechaine s’attend donc à ce que HSBC Canada attire beaucoup d’attention et que l’acquéreur doive ultimement payer le prix fort. Les documents réglementaires révèlent un avoir des actionnaires d’un peu moins de 5 milliards de dollars. L’analyste imagine qu’une transaction potentielle se réalisera à un multiple d’au moins deux fois cette valeur, soit 10 G$, un prix qui circule dans les médias financiers depuis l’annonce de la mise en vente.

D’entrée de jeu, l’analyste élimine la Banque BMO (BMO, 125,29 $) et la Banque TD (TD, 87,99 $)des prétendants puisque les deux banques sont en train de conclure deux transactions majeures aux États-Unis. Quant à la Banque Scotia (BNS, 67,11 $), l’arrivée d’un nouveau président jette un doute sur l’appétit pour un tel achat.

Une revue rapide de la situation financière des banques canadiennes lui fait dire que la Banque Royale serait la plus apte à réaliser un tel achat puisque ses capitaux propres dépassent le minimum requis par les régulateurs par 12 milliards de dollars. Une transaction de 10 G$ équivaudrait aussi à 6% de sa valeur boursière, comparativement à 34 % pour la Banque Nationale (NA, 90,33$) par exemple.

La Banque Royale se buterait néanmoins à un examen plus serré de la part des autorités de la concurrence étant donné son envergure, reconnaît-il. En même temps, les autres banques pourraient être tentées de surenchérir pour mettre la main sur les activités stratégiques de HSBC en Colombie-Britannique.

Des acquéreurs étrangers sont une autre possibilité, mais Gabriel Dechaine doute de l’intérêt des institutions américaines qui ont réduit leur empreinte canadienne plus souvent qu’autrement, dans le passé. L’analyste évoque la possibilité que l’acquéreur soit une institution chinoise d’envergure. HSBC Canada offrirait toutefois moins de synergies et son achat aurait à passer un test réglementaire encore plus sévère.

Gabriel Dechaine ne veut pas s’avancer à évaluer les «bénéfices» additionnels à tirer selon divers scénarios d’acquisitions, mais il indique que si l’acquéreur coupait la moitié des coûts HSBC Canada serait 70% plus rentable. La marge d’intérêt nette pourrait aussi passer de 2,15 à 2,50% si elle rejoignait la moyenne des six grandes banques canadiennes.

Indépendamment de la spéculation au sujet de HSBC Canada, l’analyste avait une recommandation d’achat sur la Banque Royale et un cours cible de 148$. Parmi les six grandes banques, la seule autre recommandation d’achat est celle de la Banque CIBC (CM, 62,28$).

Marché Goodfood (FOOD, 0,89$): des consommateurs plus économes augmentent nettement le risque d’exécution

Marché Goodfood (FOOD, 0,89$): des consommateurs plus économes augmentent nettement le risque d’exécution

Il devient de plus en plus évident que les changements dans les habitudes de consommation alimentaire causés par la forte inflation augmentent nettement les «risques d’exécution» de la stratégie du spécialiste des trousses de repas qui ambitionne de devenir un épicier en ligne, indique Ryan Li de la Financière Banque Nationale.

L’analyste mentionne le ralentissement des ventes en ligne ainsi que l’achat croissant de produits soldés et la préférence pour les produits de marque privée chez les épiciers traditionnels. Les restaurants voient aussi leurs revenus progresser moins vite qu’avant parce que les consommateurs se serrent la ceinture. Le ralentissement apparu en juin et juillet semble avoir empiré en août et septembre, dit-il.

«Cet environnement difficile» mine la capacité de la société de faire croître son service de livraison sur demande bien qu’elle assure qu’elle vise encore un premier bénéfice d’exploitation au premier semestre de 2023», renchérit l’analyste.

De plus, le quatrième trimestre risque de ne pas présenter les signes de progrès attendus puisqu’il s’agit d’une saison historiquement moins favorable pour Goodfood, prévient aussi Ryan Li. De plus, «les dirigeants avaient précisé qu’ils profiteraient de cette saison plus calme pour tester différents aspects du nouveau service de livraison sur demande afin d’en améliorer la rentabilité», rappelle-t-il.

En conséquence, Ryan Li ne recommande plus l’achat du titre de Goodfood qui a déjà perdu 90% par rapport au sommet annuel de 9,25$. Il abaisse aussi son cours-cible de 2 à 1,50$ pour le titre qui est tombé sous la marque symbolique de 1$ depuis le 23 septembre.

À court terme, l’action devrait rester «sous pression» jusqu’à ce que la société puisse démontrer une amélioration dans la croissance de ses revenus, en particulier le nouveau service sur demande. Ryan Li aimerait aussi voir les marges prendre du mieux et les dépenses diminuer en proportion des liquidités.

Son nouveau cours-cible équivaut à 0,75 fois les nouvelles prévisions de revenus à la fin 2024.

L’évaluation actuelle du titre, de 0,5 fois les ventes des douze prochains mois, lui apparaît appropriée, dit-il. L’Allemande HelloFresh se négocie à un multiple de 0,4 fois ses revenus alors qu’elle dégagera un bénéfice d’exploitation cette année.

Alphabet (GOOGL, 101,64$US): ses revenus et bénéfices résisteront mieux que d’autres à la récession 

Alphabet (GOOGL, 101,64$US): ses revenus et bénéfices résisteront mieux que d’autres à la récession 

Justin Post, de BofA Securities, réagit au nouveau scénario de récession que prévoient désormais les économistes de sa firme pour le premier semestre de 2023. Puisque les dépenses publicitaires sont très corrélées à l’économie, l’analyste a élaboré trois scénarios afin d’établir le parcours potentiel des bénéfices d’Alphabet, la société propriétaire de Google.

L’analyse tient aussi compte de la concurrence accrue de la part de la Chinoise TikTok, du géant américain en ligne Amazon (AMZN, 121,09 $US) et des services de diffusion en continu.

Justin Post évalue que ces nouveaux concurrents pourraient capter plus de 5 milliards de dollars américains du marché de la publicité en ligne.

Son modèle incorpore aussi l’effet défavorable de l’appréciation du dollar américain sur les revenus réalisés à l’étranger, de l’ordre de 3 à 4%.

Dans un scénario de récession qui verrait le marché de la publicité en ligne se contracter de 3% en 2023 (soit environ la même ampleur qu’en 2009), Justin Post estime que les revenus de publicité d’Alphabet baisseraient de 6% en 2023.

Dans un deuxième scénario de récession légère, le marché de la publicité en ligne croîtrait de 6,7% tandis que les revenus publicitaires d’Alphabet augmenteraient de 4 à 4,5%. C’est celui qu’il privilégie.

Le troisième scénario plus optimiste entrevoit une reprise en 2023 après une période de récession publicitaire en 2022. Dans ce cas, le marché de la pub en ligne rebondirait de 11% tandis que les revenus publicitaires d’Alphabet augmenteraient de 8 à 8,5%.

Il ressort de son analyse que même si les prévisions consensuelles pour les revenus publicitaires sont encore trop élevées pour 2023, les bénéfices d’Alphabet resteront résilients grâce aux économies internes déjà imposées à l’organisation, comme ce fût le cas pendant la récession de 2009.

«Les perspectives de la publicité en ligne se sont détériorées depuis six mois, mais le pessimisme des investisseurs et la dépréciation des titres procurent ensemble un contexte d’investissement attrayant», évoque-t-il.

Justin Post continue de croire que l’outil de publicité Performance Max de Google fera croître ses revenus publicitaires en 2023.

L’analyste de BofA Securities diminue néanmoins ses prévisions de revenus net de 5% à 252,3 milliards de dollars américains et ses prévisions de bénéfices de 4% à 5,46 $US par action pour 2023. Cette nouvelle estimation table sur une réduction de 8% des dépenses et inclut l’effet sur les revenus d’intérêts d’une dévaluation «au marché» de certains actifs.

Son cours-cible passe de 125 à 114$ US pour s’ajuster à la baisse des prévisions et de l’évaluation du titre (qui rétrécit de 19 à 18 fois les bénéfices des services de base, plus l’encaisse). Ce multiple se compare à une moyenne de 23 fois depuis dix ans qui se justifiait alors par la cadence plus élevée de la croissance des revenus.

Alphabet reste donc en tête des titres de son secteur pour la «valeur» qu’il offre en sachant que ses bénéfices résisteront mieux que bien d’autres à une récession.

Après une chute de 31%, l’action d’Alphabet escompte déjà le risque pour les bénéfices d’une récession l’an prochain et le ralentissement de la croissance future pour tout le secteur dont le coût en capital augmente, ajoute l’analyste.