(Photo: Getty Images)
Que faire avec les titres de Bombardier, Squarespace et CGI? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Bombardier (BBD.B, 1,37 $): des résultats propulsés par des réacteurs
La performance du titre de Bombardier au cours du deuxième trimestre de 2021 a largement dépassé les attentes de Cameron Doerksen de la Financière Banque Nationale, qui estime que le fabricant de jet a mieux fait que l’ensemble des autres titres du secteur qu’il suit depuis le début de l’année.
Ce dernier s’attendait à ce que le fabricant de jets ait à faire davantage ses preuves, et à se trouver plus proche de ces cibles en matière de rentabilité et de flux de trésorerie avant de regagner la confiance des investisseurs.
Bien que l’analyste espère toujours voir une amélioration du côté des marges bénéficiaires de Bombardier, il concède que l’entreprise a fait de réels progrès du côté de ses ventes.
En effet, l’élément clé qui alimente cette croissance est la réhabilitation de la demande actuelle dans le secteur du jet d’affaires, ce qui devrait, selon l’analyste, bonifier son carnet de commandes au cours du prochain trimestre. Le plus récent rapport de WINGX laisse d’ailleurs entrevoir que les vols de ces appareils au cours des 12 premiers jours de juillet sont en hausse de 11 % par rapport à la même période en 2019. Comparé à 2020, on parle plutôt d’un bond de 40 %, rapporte Cameron Doerkse.
Au cours du deuxième trimestre de 2021, dont Bombardier dévoilera les résultats le 5 août 2021, la société dirigée par Éric Martel devrait avoir vendu 29 aéronefs, alors que l’analyste tablait sur 25, et livré 12 appareils Global 7500, soit plus que les 8 anticipés.
Ainsi, plus elle livrera d’appareils Global 7500, moins chers seront ses coûts de production, qui devraient baisser de 20 % entre le 50e et le 100e jet livré. Si l’entreprise parvient bel et bien à réduire ses coûts, cela pourrait lui permettre de générer près de 500 millions de dollars (M$) en bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements (BAIIA).
La société basée à Montréal continue d’ailleurs de rembourser sa dette et rendre plus équilibré son bilan financier en émettant notamment 1,2 G$ en obligation de premier ordre qui devrait arriver à échéance en 2026, afin de rembourser d’autres qui arrivent à échéance en 2022 et en 2023.
Bien que le bilan financier de l’entreprise demeure alourdi par ses pertes, Bombardier semble être sur la bonne voie pour générer des flux de trésorerie nets positifs, et ce dès 2022, ce qui gomme en partie les inquiétudes liées aux liquidités.
L’analyste anticipe que le titre poursuivra sur sa lancée, et ce, même si Bombardier n’arrive pas à atteindre sa cible d’un BAIIA de 1,5 milliard de dollars (G$) prévue pour 2025. Cameron Doerkse mise plutôt sur un BAIIA de 1,3 G$, rappelant au passage que le BAIIA généré en 2020 était de 200 millions de dollars.
C’est pourquoi la Financière Banque Nationale revoit à la hausse sa recommandation, la faisant passer de « performance de secteur » à « surperformance de secteur ». Elle augmente aussi son cours cible, qu’elle fixe à 1,75 $, alors qu’il était à 1 $ précédemment. Pour établir ce nouveau cours cible, elle table sur un multiple de 7,5 fois son ratio valeur d’entreprise/BAIIA anticipé pour 2025 (2,31 $), qu’elle ajuste à la baisse à raison de 10 % par année.
Squarespace Inc (SQSP, 53,55 $): des marges bénéficiaires à tout casser
Squarespace Inc (SQSP, 53,55 $): des marges bénéficiaires à tout casser
Nat Schindler de Bank of America Securities commence à suivre le titre de Squarespace, qui a fait ses premiers pas sur la place boursière de New York en mai 2021, en lui attitrant une recommandation d’« achat ».
Contrairement à ses concurrents, la société de création et d’hébergement de site transactionnels mise sur le design et l’esthétisme de ses canevas pour permettre à ses clients de se démarquer. Squarespace pourra ainsi conquérir les clients qui veulent du beau dans ce marché numérique qui croît à la vitesse dans V partout sur le globe, observe l’analyste.
En 2020, l’entreprise comptait déjà 3,7 millions d’abonnés uniques (elle en avait 3,8 M au premier trimestre de 2021), soit 23 % de plus que l’année précédente, soit moins de 1 % du marché total, fait remarquer Nat Schnidler. Au cours de cette même année, elle a généré des revenus de 186 dollars américains ($ US) par abonnement, en hausse de 3 % par rapport à 2019, ce qui représente 143 millions de dollars américains en tout.
Plusieurs facteurs devraient permettre à Squarespace de croître au cours des prochaines années, affirme l’analyste de Bank of America Securities. L’entreprise a un modèle d’affaires prévisible, car 94 % de ses revenus sont tirés de ses abonnements. Elle souhaite aussi étendre ses services dans de nouveaux marchés, elle qui se trouve présentement dans 180 pays tire pour l’instant 69 % de ses revenus du marché américain. De plus, elle évolue dans une industrie qui devrait générer 7,4 billions de dollars américains en 2025 selon des données d’eMarketer.
Squarespace, qui s’adresse jusqu’à présent surtout aux PME, tente de percer le secteur du haut de gamme afin de répondre aux besoins de plus grandes compagnies. Elle ne se détourne toutefois pas entièrement de son marché initial, alors qu’elle estime qu’on retrouve 800 millions de PME partout dans le monde. Nat Schindler ajoute qu’aux États-Unis seulement, 540 000 nouvelles entreprises sont créées mensuellement, et que 28 % des petites entreprises n’ont toujours pas de boutique en ligne.
Finalement, les marges nettes de 84 % de la société en 2020 sont plus élevées que celles de ses pairs, qui se situent en moyenne à 62 %, et elle a de bonnes chances de les accroître davantage, estime Nat Schindler. Il prévoit que le taux de croissance de sa marge du bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) devrait passer de 4 % en 2021 à 12 % en 2023, car la direction de l’entreprise devrait implanter des mesures pour réduire ses coûts et profiter d’un effet de levier tiré de sa stratégie marketing.
Cependant, l’analyste note que Squarespaces investit moins en recherche et développement que ses pairs, bien qu’elle se trouve dans une industrie très compétitive et où il y a peu de barrières pour y entrer. Il fait aussi remarquer que, bien qu’elle soit la plus petite des sociétés publiques du secteur, la croissance de ses revenus demeure faible, et elle a peu de marge de manœuvre à court terme pour augmenter ses tarifs.
Néanmoins, Nat Schindler s’attend à ce que, au cours de trois prochaines années où elle devrait étendre sa couverture dans le monde, ses revenus grimpent de 22 % annuellement. Son cours cible est de 73 $ US, soit 12 fois son ratio valeur d’entreprise/profit net anticipé pour l’exercice 2022, ce qui est semblable à ses pairs.
CGI (GIB.A, 112, 89 $): le spécialiste des TI redonne à ses actionnaires
CGI (GIB.A, 112, 89 $): le spécialiste des TI redonne à ses actionnaires
Même si la demande reste volatile, alors que les entreprises commencent tranquillement à se concentrer sur des enjeux de TI à long terme, CGI est bien positionné pour réinvestir ses flux de trésorerie, et redonner à ses actionnaires, croit Paul Steep de la Banque Scotia.
En se fiant à ce qui se passe ailleurs dans le secteur, l’analyste s’attend à ce que la croissance de CGI s’appuie sur la transformation numérique et les projets de modernisation des infrastructures TI de ses clients dans ses résultats financiers qui seront dévoilés le 28 juillet 2021.
En effet, la société de Montréal a notamment annoncé qu’elle avait prolongé de cinq ans un contrat avec la pétrolière Shell, qu’elle bonifierait un système d’ERP pour l’État du Michigan aux États-Unis, et qu’elle implantera un nouveau système de TI chez Nexelis.
L’analyste examinera aussi si l’entreprise fondée par Serge Godin et Alain Imbeau est parvenue à faire passer de 21-22 % à 30 % ses revenus tirés de sa propriété intellectuelle.
Chose certaine, il anticipe que les résultats du troisième trimestre témoigneront de la réouverture progressive des entreprises dans le monde, ce pour quoi il revoit à la hausse ses prévisions. Paul Steep s’attend à ce que les revenus trimestriels de l’entreprise soit de 2 967 M$, que son bénéfice avant intérêt, impôts et amortissement (BAIIA) passe à 583 M$, mais que son bénéfice par action demeure pratiquement inchangé, à 1,27 $.
Son bilan financier devrait aussi démontrer que l’entreprise a près de 1,4 milliard de dollars à portée de main.
La Banque Scotia estime qu’au cours de l’exercice 2021, CGI générera 1,5 G$ en flux de trésorerie, sans compter son fonds de roulement, soit un bond d’environ 7 % par rapport à l’exercice 2020, et que son taux de conversion du BAIIA sera de 63 %.
Avec toutes ces cartes en main, l’entreprise devrait continuer à saisir les opportunités qui lui permettront de créer de la valeur pour ses actionnaires. Pour y parvenir, CGI devrait poursuivre sa stratégie de fusion et acquisition afin de mettre le pied dans des marchés clés, et maintenir son programme de rachats d’action. Cette dernière devrait d’ailleurs avoir dépensé au cours du dernier trimestre près de 320 millions de dollars pour racheter 2,9 millions de ses actions.
Révisant à la fois ses attentes en matière de taux de change et de rachat d’action, la Banque Scotia fait passer son cours cible de 114 $ à 124 $, augmentant son multiple anticipé à 12,5 fois le ratio valeur d’entreprise/BAIIA des douze prochains mois. Sa recommandation demeure à « surperformance ».