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À surveiller: Couche-Tard, Cargojet, et Suncor

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Couche-Tard, Cargojet, et Suncor

(Photo: Getty Images)

Que faire avec les titres de Couche-Tard, Cargojet et Suncor? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

 

Alimentation Couche-Tard (ATD, 53,30$): un quatrième trimestre moins spectaculaire en vue

C’est au tour de Derek Dley de Canaccord Genuity de présenter ses attentes pour le quatrième trimestre de l’exercice 2022 qui sera divulgué le 28 juin après la fermeture des marchés. La téléconférence aura lieu le lendemain matin.

L’analyste est plus prudent que ses collègues parce que les résultats se comparent au trimestre de reprise pandémique d’un an plus tôt. Les marges sur l’essence à la pompe seront aussi un peu moins robustes qu’un an plus tôt.

Globalement, le retour à la normale après la pandémie se poursuit ce qui augmente les déplacements en voiture, la fréquentation des dépanneurs et l’achat d’aliments frais et d’autres articles conçus pour les achats impulsifs.

Derek Dley prévoit donc un recul de 5% du bénéfice d’exploitation (à 1,02 milliard de dollars américains) et de 9,6% du bénéfice par action (à 0,47 $ US).

L’analyste s’attend à une hausse modeste d’un pour cent du volume de carburant vendu, aux États-Unis, au Canada et en Europe. Il signale toutefois que ces volumes sont encore de 9 à 18% inférieurs au niveau qu’ils avaient en 2019 avant la pandémie, selon les marchés.

Les marges sur l’essence à la pompe de Couche-Tard continuent de surpasser celles de l’industrie, grâce à l’approvisionnement efficace et à l’absence de guerre de prix, mais les marges américaines devraient tout de même avoir fléchi de 34,5 à 33 cents américains par galon, depuis un an.

Pour ce qui est de la performance des dépanneurs, Derek Dley croit que Couche-Tard continuera sur la lancée du troisième trimestre grâce aux programmes Fresh Foods, Fast et aux offres de breuvages, surtout aux États-Unis et en Europe. Il s’attend donc à une amélioration de 3% des ventes par dépanneurs comparables sur les trois marchés.

L’offre élargie d’aliments frais, de portions individuelles et de boissons aidera Couche-Tard à compenser pour l’inflation des coûts et les dépenses de l’intégration du groupe de dépanneurs de Hong Kong à l’organisation européenne. Il mise donc sur une amélioration de la marge d’exploitation de 30 points de pourcentage dans tous les marchés, soit 32,1% aux États-Unis, de 31,3% au Canada et de 38,4% en Europe.

En attendant les résultats et la téléconférence, Derek Dley ne touche pas à son cours cible de 61 $ et renouvelle sa recommandation d’achat.

L’action de Couche-Tard est stable depuis le début de l’année par rapport au recul de presque 10% de l’indice S&P/TSX.

 

Cargojet (CJT, 135,83$): l’évaluation du transporteur aérien a rarement été aussi attrayante

Cargojet (CJT, 135,83$): l’évaluation du transporteur aérien a rarement été aussi attrayante

Malgré l’incertitude économique, Konark Gupta de Banque Scotia recommande de nouveau l’achat du transporteur aérien de colis jugeant que son titre s’échange déjà à un multiple déprimé de moins de 7 fois le bénéfice d’exploitation prévu, après une chute de 43% en Bourse.

L’évaluation de l’action est revenue au cours qu’elle avait en février 2020, avant la pandémie, un niveau «punitif» étant donné que la société a remboursé 300 millions de dollars de sa dette. Sa flotte d’appareils a grossi de 50% tandis que le bénéfice d’exploitation doublé depuis 2019, fait-il valoir.

Certains investisseurs ont vite réagi poussant le titre à la hausse de 11% à la publication du rapport le 20 juin.

«Nous croyons que ce multiple offre un point d’entrée attrayant même aux investisseurs frileux et constitue une réelle aubaine pour les investisseurs à long terme», étant donné des caractéristiques plus résilientes que l’on pense de cette industrie.

Une autre source d’inquiétude concerne les énormes dépenses en capital d’un milliard de dollars prévus sur quatre ans, mais l’analyste rappelle que 70% de ces engagements reposent sur des contrats en main.

Konark Gupta précise que le titre s’est échangé entre 7,5 et 16,5 fois le bénéfice d’exploitation depuis que Cargojet a remporté un contrat transformationnel avec Poste Canada, en 2014.

L’analyste se dit confiant que la société ontarienne a la capacité à l’interne pour mitiger en grande partie l’impact d’une récession ou d’un ralentissement grâce à ses contrats à long terme. À son avis, le marché du transport aérien de cargo souffre encore de sous-capacité.

L’analyste de Scotia rappelle aussi certains des éléments «uniques» au modèle d’affaires de Cargojet qui lui confèrent une certaine «immunité» aux aléas économiques. Le transporteur bénéficie de contrats à long terme dotés de revenus minimums garantis, de contrats à prix fixe munis de clauses d’indexation à l’inflation et de surcharges de carburant.

Par prudence, Konark Gupta tempère tout de même ses prévisions pour les bénéfices d’exploitation de 2022 et de 2023 en raison de la possibilité que l’économie ralentisse. Son cours cible passe de 197 à 190 $, soit un multiple de 10,5 fois le bénéfice d’exploitation prévu ce qui correspond à sa moyenne à long terme.

 

Suncor Énergie (SU, 46,76 $): la pétrolière intégrée redevient première de classe

Suncor Énergie (SU, 46,76 $): la pétrolière intégrée redevient première de classe

Après une période de performance mitigée, marquée par divers ratés opérationnels, la pétrolière intégrée Suncor reprend du galon croit Greg Pardy, de RBC Marchés des capitaux qui en recommande de nouveau l’achat.

«Nous croyons que Suncor arrive à un point de bascule en ce qui concerne l’amélioration de la fiabilité et de la sécurité opérationnelles. Ce (processus) prendra du temps et il faut s’attendre à d’autres cailloux sur la route, mais la direction est maintenant plus claire pour nous», évoque l’analyste.

Greg Pardy est ressorti de rencontres avec les dirigeants avec le sentiment que la société a une prise plus ferme sur les éléments requis pour regagner son statut de «première de classe» en tant qu’exploitant des sables bitumineux. Une revue des opérations au premier trimestre a mené à la nomination d’un nouveau dirigeant, à de nouvelles procédures de sécurité et à une surveillance plus formelle de la part du conseil d’administration.

Après avoir pris du retard en Bourse sur son industrie entre 2017 et la fin de 2021, l’action de Suncor prend du mieux cette année avec un gain de 48%. Il faut dire que la poussée du cours du pétrole brut, jusqu’à 130 $ US le baril de pétrole (WTI) en mars, pourrait porter les flux de trésorerie avant les dividendes à 14,7 milliards de dollars en 2022, estime Greg Pardy. Cette prévision repose sur un cours moyen de 100 $ US le baril cette année.

Suncor partage ses résultats records avec ses actionnaires sous forme de dividendes records, après les avoir réduits pendant la pandémie. Une fois que la dette aura été ramenée de 15,4 à 12 G$, à la fin de 2022, l’analyste s’attend à ce que la société consacre 75% de ses fonds excédentaires au rachat de ses actions.

Greg Pardy rappelle que Suncor tient toujours un dialogue avec l’actionnaire activiste Elliott Management pour créer de la valeur à long terme tout en rejetant sa proposition de vendre le réseau de stations d’essence Petro-Canada.

À ses yeux, le rétablissement de l’évaluation du titre par rapport à son industrie offre un bon potentiel. Son titre s’échange à un multiple de 3,3 fois les flux de trésorerie ajustés pour la dette par rapport à 3,9 fois pour ses semblables, donne-t-il en exemple.

Chaque hausse d’un demi-point du multiple représente 7 $ à la valeur du titre, en fonction du scénario de base de l’analyste.

Son cours cible passe de 47 à 53 $, un objectif qui se compare à la moyenne de 55,68 $ pour l’ensemble des analystes.