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À surveiller: Couche-Tard, dentalcorp et goeasy

Dominique Beauchamp|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Couche-Tard, dentalcorp et goeasy

(Photo: La Presse Canadienne)

Que faire avec les titres d’Alimentation Couche-Tard, dentalcorp et goeasy? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes .

Couche-Tard (ATD, 60,45$) : les ventes par magasins comparables aux États-Unis augmentent le plus en six trimestres

Martin Landry de Stifel GMP ose espérer que les résultats record pour un deuxième trimestre plairont aux investisseurs même si le bénéfice ajusté par action a légèrement raté le consensus des analystes. À l’ouverture toutefois, l’action perd 1,6%. 

Le bénéfice net ajusté a progressé de 26,2% à 0,82$ US par action alors que l’analyste prévoyait 0,88$ US et que l’ensemble des analystes espéraient 0,84 $US par action, précise-t-il dans une note préliminaire.

Martin Landry estime qu’environ 0,04$ US par action de l’écart de 0,06$ US par action entre le bénéfice réalisé et ses estimations provient de la hausse de 8,1% des dépenses générales et administratives, sans l’effet des changes, les frais de paiements électroniques et les frais encourus pour les acquisitions.

L’analyste signale aussi que les ventes de marchandises par magasin comparable aux États-Unis ont augmenté le plus en six trimestres, soit de 5,6%. Il avait prévu une amélioration de 3%. Ces ventes au Canada ont diminué de 1,1%, comme prévu, en raison de la contrebande des cigarettes.

La marge brute unitaire sur l’essence à la pompe de 0,4916$ US le gallon aux États-Unis  a surpassé les prévisions de 0,45$ US de Martin Landry et celle de l’industrie par 3%, démontrant l’avantage d’approvisionnement dont bénéficie le groupe. Cette marge élevée a compensé pour le recul de 1,9% du volume de carburant par station d’essence comparable, au deuxième trimestre, aux États-Unis.

La hausse du prix à la pompe a aussi affaibli les volumes de carburant vendus au Canada et en Europe.

Martin Landry est aussi satisfait de l’amélioration de 17 points de pourcentage à 34% de la marge brute sur les marchandises et services aux États-Unis, qui correspond à ses attentes. Cette marge a bondi de 90 points de pourcentage  à 33,2% au Canada grâce à l’assortiment plus favorable de marchandises vendues.

Malgré le rachat de 680 millions de dollars américains de ses actions au premier semestre, le bilan de Couche-Tard est toujours aussi robuste. La dette nette équivaut à 1,2 fois le bénéfice d’exploitation.

En attendant la téléconférence matinale, Martin Landry ne touche pas à sa recommandation d’achat ni à son cours cible de 70$, soit un multiple de 18,5 fois le bénéfice prévu en 2024.

L’analyste de Stifel GMP continue de croire que l’encaisse de 2 milliards de dollars américains au bilan et l’accès à des emprunts de 2,5 G$ US positionnent bien la société pour toute occasion d’acquisition par rapport aux autres acquéreurs.

Il rappelle aussi que lors de la récession sévère de 2008, les ventes de marchandises par magasin comparable n’ont décliné qu’un seul trimestre, de seulement 1%, soit nettement mieux que le secteur du commerce de détail. Cette fois, en plus, Couche-Tard offre un plus vaste assortiment de produits de marque maison qui devrait attirer les clients plus économes.

Enfin, l’évaluation de 17 fois le bénéfice est attrayante. Ce multiple correspond à la moyenne des cinq dernières années alors que son bilan solide lui donne l’occasion de retourner du capital aux actionnaires. Couche-Tard a d’ailleurs majoré son dividende trimestriel de 27,3% à 0,14$ US par action.

dentalcorp (DNTL, 8,36$): l’acquéreur en série de cliniques dentaires se met en vente

dentalcorp (DNTL, 8,36$): l’acquéreur en série de cliniques dentaires se met en vente

À peine un an et demi après une entrée en Bourse fulgurante, dentalcorp Holdings annonce que le conseil d’administration forme un comité indépendant afin d’évaluer ses options stratégiques et de rehausser sa valeur, incluant une mise en vente.

La société de Toronto qui consolide l’industrie des dentistes depuis 2011, afin de faire profiter tout le réseau de la mise en commun des meilleures pratiques et des achats regroupés, compte 538 cliniques.

Son principal actionnaire est le fonds d’investissement privé L Carleton avec 40% des actions et 27,5% des droits de vote. Le président, Graham Rosenberg détient aussi 5% des actions et 35% des droits de vote.

Cette décision survient après que la société ait été approchée par des prétendants potentiels sans doute attirés par la chute de son action qui a perdu 69% par rapport au zénith de 18,36$, avant de rebondir de 32% le jour de l’annonce de l’examen stratégique.

L’endettement élevé du groupe (4,3 fois le bénéfice d’exploitation) ainsi que la cadence plus modérée des acquisitions avaient déplu aux investisseurs, disait-il alors.

dentalcorp a retenu les services des courtiers Jefferies, Valeurs mobilières TD et Marchés mondiaux CIBC pour la conseiller.

Gary Ho, de Desjardins Marché des capitaux, qui avait évoqué la possibilité que dentalcorp devienne une proie étant donné que son titre était 40% moins chèrement évalué que ceux de ses semblables, dans une note le 9 novembre, énumère divers scénarios.

L’équipe de dirigeants et le fonds L Carleton pourraient fermer le capital de dentalcorp. «Ce serait logique étant donné que la société avait une valeur de 14$ à son entrée en Bourse et qu’elle a racheté de ses actions au cours de 10,95$, pas plus tard qu’en août», écrit-il.

Gary Ho évoque aussi la possibilité que son rival 123Dentist, de Colombie-Britannique, s’intéresse à dentalcorp après avoir lui-même fusionné Altima Dental en juillet avec l’appui des fonds privés KKR, Peloton Capital Management et Sentinel Capital Partners ainsi que du principal regroupement américain de dentistes, Heartland Dental (avec 1600 cliniques dans 38 états).

Enfin, d’autres fonds d’investissement privés ou des caisses de retraite pourraient s’ajouter à la liste des prétendants potentiels bien que la caisse de retraite des enseignants de l’Ontario ait vendu à KKR son intérêt majoritaire dans Heartland.

L’analyste mentionne aussi qu’OPTrust, qui administre la caisse de retraite du Syndicat des employés de la fonction publique de l’Ontario, est également un actionnaire de dentalcorp et siège au conseil.

«Les cliniques de dentistes ont historiquement attiré les fonds privés en raison de leur résilience en temps de récession, du modeste niveau de dépenses en capital requis, et des revenus récurrents et des flux de trésoreries disponibles qu’elles génèrent, explique l’analyste de Desjardins.

Normalement, les transactions privées se réalisent dans une fourchette d’évaluation de 14 à 17 fois le bénéfice d’exploitation, selon le niveau d’endettement.

Sur cette base, Gary Ho évalue que dentalcorp pourrait attirer des offres de 14,27 à 18,39$, soit de 77% à 128% de plus que le cours actuel.

Il recommande l’achat du titre bien que la revue stratégique ne garantit pas d’offre ni de plus-value.

goeasy (GSY, 119,75$): le prêteur alternatif se renfloue de 58 M$ pour croître pendant le ralentissement

goeasy (GSY, 119,75$): le prêteur alternatif se renfloue de 58 M$ pour croître pendant le ralentissement

Malgré la chute de 45% de son action depuis le sommet de 218$ atteint en septembre 2021, le prêteur alternatif a vendu aux investisseurs 58 millions de dollars d’actions à 118$ chacune, un placement qui a surpris Phil Hardie de Banque Scotia.

Cet apport de capitaux propres peut financer l’octroi de prêts additionnels de 350 à 400 M$, ce qui compensera entièrement l’augmentation de 3% du nombre d’actions en circulation, estime-t-il. Ce capital procure aussi un «coussin» dans la conjoncture incertaine.

L’analyste y voit un «signal fort» que les dirigeants désirent soutenir la croissance promise et atteindre les objectifs énoncés d’ici 2024, malgré les turbulences économiques, indique l’analyste. Il signale aussi la solide demande de la part des investisseurs pour ce placement en dépit de la déprime pour les financements boursiers.

Sans cet apport de capitaux, il aurait fallu que le prêteur ralentisse la cadence afin de laisser le temps aux bénéfices de gonfler ses capitaux propres. La dette en proportion de son avoir tangible baissera de 4,38 fois à presque 4 fois, soit une marge plus confortable par rapport à la limite de 4,5 fois prévue dans les clauses de son propre financement.

Phil Hardie relève donc son cours cible de 164 à 165$ pour s’ajuster au volume accru de prêts prévu en 2024, mais cette cible reste bien inférieure à la moyenne de 199,11$ de ses collègues.

Ses prévisions de bénéfices augmentent légèrement de 13,59 à 13,64$ par action en 2023 et de 16,98 à 17,05$ par action en 2024.

Même si l’évaluation du titre est passée de 17,5 à 8,1 fois le bénéfice prévu, goeasy reste plus chèrement évaluée que ses semblables et son titre n’est pas une aubaine classique, dit-il.

«Pour que le titre puisse rebondir de façon durable, il faudra que les risques associés aux perspectives économiques s’atténuent, que l’humeur générale des investisseurs s’améliore et que l’appétit du risque des investisseurs revienne», prévient-il.

Phil Hardie rappelle que l’action de goeasy s’était fortement appréciée tout au long de 2021 pour ensuite piquer du nez au dernier trimestre de 2021.

Depuis le creux de juin, l’action a rebondi, mais son évaluation de 8,1 fois le bénéfice prévu n’a pas retrouvé le multiple moyen de 9,6 fois les bénéfices observés depuis 2016.

Phil Hardie attribue à la société un multiple d’évaluation de 9,5 fois le bénéfice prévu en 2024, plus la valeur ses placements de goeasy dans des fournisseurs de technologie financière dont le spécialiste de financement aux points de vente Services financiers LendCare, de Montréal.

Phil Hardie reste neutre envers le titre et lui attribue la recommandation «performance égale au secteur».

Mieux connue au Québec par son enseigne en ligne easyfinancière, goeasy offre des prêts personnels aux clients que les banques ne servent pas que ça soit pour l’achat d’une auto ou encore des prêts sur la valeur domiciliaire.

Le prêteur finance aussi les PME et offre notamment le paiement échelonné aux points de vente (achetez maintenant, payez plus tard).