À surveiller: Ferrari, WSP et Shopify
Matthieu Hains et Dominique Talbot|Mis à jour le 11 juillet 2024(Photo: 123RF)
Que faire avec les titres de Ferrari, WSP et Shopify? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Ferrari (RACE, 401,48 $US): les attentes trop élevés des tifosi
L’entreprise au cheval cabré a publié une série de résultats à peu près conformes aux attentes pour le premier trimestre, avec un chiffre d’affaires, un résultat d’exploitation et un bénéfice par action à en ligne avec le consensus.
La plupart des investisseurs ne s’attendaient probablement pas à ce que la société relève ses prévisions pour l’ensemble de l’année dès le premier trimestre. C’est qu’ils s’attendaient à ce que les résultats du premier trimestre soient plus élevés que le consensus mais, aussi à ce qu’ils soient plus élevés qu’ils ne l’ont été en réalité.
Ces attentes ont contribué à une baisse de -6,2% des actions de Ferrari. Cette réaction négative s’explique par le fait que l’entreprise a l’habitude de donner des prévisions conservatrices et de les dépasser régulièrement, selon Ryan Brinkman, analyste chez JP Morgan.
Le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissements ajusté (BAIIA) s’élève à 605 millions d’euros (M€), exactement en ligne avec le consensus de 605 M€, mais juste en dessous de celui de Ryan Brinkman de 611 M€.
La marge du BAIIA a atteint 38,2% contre 38,6% pour le consensus et 38,3% pour l’analyste de JPM, ce qui a conduit à un bénéfice par action de 1,95 € contre 1,86 € pour le consensus et 1,82 € pour JPM.
En ce qui concerne les autres développements, la direction a indiqué que les livraisons de Purosangue au 1 T 2024 représentaient environ 16% du volume total d’unités, la demande pour ce modèle restant fort, et que la pénétration des modèles hybride a augmenté à 46%, contre 35% au premier trimestre de l’année précédente.
«Nous avons une grande confiance dans la capacité de la direction à mettre en œuvre son plan à long terme, étant donné les nombreuses preuves que la demande est actuellement bien supérieure à l’offre ; par exemple, les clients doivent parfois attendre un an ou plus pour prendre livraison.» Note l’analyste.
Il a été récemment annoncé que la totalité de la production de la nouvelle F12 TDF avait été entièrement vendue à ses clients fidèles.
Il existe probablement un niveau de livraisons au-delà duquel l’expansion nuirait à l’exclusivité et donc à la tarification et aux bénéfices, mais l’analyste ne sait pas précisément où se situe cette limite, il estime toutefois qu’elle dépasse largement les 10 000 unités par an.
Ryan Brinkman pense que Ferrari bénéficie d’une très forte conversion sur les revenus plus élevés du segment des voitures de sport, probablement jusqu’à 50%. Ferrari est la marque qui a remporté le plus de victoires dans l’histoire de la Formule 1.
Ferrari a fortement augmenté ses bénéfices au cours des dernières années grâce à plusieurs facteurs qui devraient se poursuivre, notamment l’augmentation progressive du volume et la réduction des dépenses liées à la course automobile.
Ryan Brinkman maintient son cours cible à 355 $US pour la fin de 2024 et sa recommandation de «neutre» sur le titre du constructeur de Maranello.
Matthieu Hains
WSP Global (WSP, 215,51$) : la croissance après une année de consolidation
WSP Global (WSP, 215,51$) : la croissance après une année de consolidation
Les résultats financiers du premier trimestre de l’exercice 2024 de WSP ont plu à l’analyste Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins, si bien qu’il anticipe que la direction de l’entreprise de services d’ingénierie pourra relever ses prévisions au moment de dévoiler sa performance financière du second trimestre.
«L’entreprise a réaffirmé ses prévisions de 2024 grâce à une croissance organique supérieure aux attentes et à la conclusion de quatre acquisitions. WSP a confirmé que la migration de sa division britannique vers son progiciel de gestion intégré mondial est terminée depuis le début du second trimestre», explique-t-il.
Cela signifie que les activités canadiennes, américaines et britanniques de l’entreprise, représentant au total 70% de son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) et 50% de ses employés sont regroupés sous le nouveau système.
«Pour l’exercice 2024, nous anticipons à présent des revenus de 11,8 milliards de dollars (G$), un BAIIA ajusté de 2,13G$ et un bénéfice par action ajusté de 7,97$», écrit l’analyste. Ses prévisions précédentes étaient respectivement de 11,7G$, de 2,1G$ et de 7,90$.
Benoit Poirier a aussi ajouté les chiffres de l’entreprise américaine AKF Group LLC à ceux de WSP. La société québécoise a annoncé le 1er mai l’acquisition d’AKF, une entreprise de New York spécialisée en mécanique, en électricité et en plomberie pour les industries de la santé, de la science et de la technologie et des centres de données, pour un montant qui n’a pas été révélé.
«Nous pensons que WSP, qui génère 36% de ses revenus aux États-Unis, pourra profiter de la vigueur du dollar américain», dit-il.
Pour 2024, il s’attend à ce que la société génère des flux de trésorerie libres de 861 millions de dollars (M$). «Nous estimons que WSP pourrait réaliser cette année des acquisitions dont la valeur totalise 3G$ cette année sans avoir besoin d’émettre de nouvelles actions», affirme-t-il.
L’analyste de Valeurs mobilières Desjardins relève légèrement son cours cible sur un an sur le titre de WSP, qui passe de 245$ à 246$, tout en conservant sa recommandation d’achat. Il dit aimer le titre pour trois raisons : 1- une approche disciplinée en ce qui concerne les fusions et acquisitions qui pourraient permettre à WSP de profiter d’un éventuel ralentissement économique, 2- les possibilités de croissance organique et 3- l’objectif d’atteindre une marge bénéficiaire brute de 20% à plus long terme (elle était de 16% au premier trimestre de l’exercice 2024).
Denis Lalonde
Shopify (SHOP : 62,73 $US) : la confiance demeure malgré la chute du titre
Shopify (SHOP : 62,73 $US) : la confiance demeure malgré la chute du titre
Habituée de plaire aux investisseurs et aux analystes, Shopify a connu une semaine difficile à la suite de l’annonce de ses résultats du premier trimestre de son exercice 2024, alors que ceux-ci ont fait chuter l’action de 19% mercredi.
La société de logiciels de commerce électronique a présenté une perte de 273 millions de dollars américains (M$US). Pour la même période l’année dernière, Shopify avait plutôt présenté un bénéfice de 68M$US.
Malgré tout, ses revenus ont montré une progression de 23% pour s’établir à 1,86 milliard de dollars américains (G$US). Cette croissance du chiffre d’affaires devrait toutefois ralentir aux alentours de 15% à 19% (high teens) au cours du second trimestre, a prévenu l’entreprise. Les marchés prévoyaient plutôt une augmentation de 20% sur un an.
«Le nombre total de transactions sur la plateforme demeure solide. Au premier trimestre, la valeur de celles-ci était de 60,9 G$US alors que le consensus des analystes était de 59,7 G$US. Ce nombre de transactions a augmenté de 23% par rapport à la même période l’année dernière, ce qui demeure bien au-dessus du marché », fait valoir l’analyste Paul Treiber, de RBC Marché des capitaux, qui demeure enthousiaste par rapport à l’action de Shopify et maintient sa recommandation à « surperformante ».
L’analyste note également que le nombre de transactions sur la plateforme grimpe rapidement en Europe, en Asie et en Moyen-Orient. Ces hausses sont également soulignées dans les transactions interentreprises.
Bien que l’institution financière abaisse ses prévisions sur le cours de l’action pour un an, elle qui passe de 100$US à 85$US, la confiance reste forte à l’endroit de Shopify, alors que les pertes du premier trimestre sont largement attribuées à des investissements pour optimiser les processus à l’interne et dans les services offerts aux utilisateurs de sa plateforme. RBC souligne que ce type d’investissements dans l’entreprise prend habituellement 18 mois avant de rapporter des dividendes.
« Nous croyons que Shopify est l’une des entreprises que nous suivons avec l’historique de croissance parmi les plus convaincants. […] Notre cible révisée s’appuie sur un multiple de 10 fois nos estimations du ratio valeur de l’entreprise/chiffre d’affaires pour l’année 2025. Pour cette année 2025, sur la base du ratio de la valeur de l’entreprise/marges brutes, ce multiple est de 19 fois. »
Dominique Talbot
Inscrivez-vous gratuitement aux infolettres de Les Affaires et suivez l’actualité économique et financière au Québec et à l’international, directement livrée dans votre boîte courriel.
Avec nos trois infolettres quotidiennes, envoyées le matin, le midi et le soir, restez au fait des soubresauts de la Bourse, des nouvelles du jour et retrouvez les billets d’opinion de nos experts invités qui soulèvent les défis qui préoccupent la communauté des affaires.