L’intérêt des clients et la qualité du marchand de vêtements à la mode exclusifs pour femmes ont convaincu Martin Landry de Stifel GMP à amorcer le suivi d’Aritzia qu’il qualifie de première de classe dans son créneau. (Photo: Denis Lalonde)
Que faire avec les titres de Innergex, Aritzia et Cargojet? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.
Innergex (INE, 19,32 $): des perspectives de croissance plus visibles qu’avant à bon prix
Robert Merer de la Financière Banque Nationale est ressorti de la journée des investisseurs plus confiant qu’avant que le producteur d’énergie renouvelable pourra atteindre les objectifs de son plan stratégique. Il reste deux ans au plan de cinq ans qui vise une croissance annuelle composée de 15% des flux de trésorerie disponibles.
La mise à jour de l’avancement du plan a pu établir que les actifs déjà en mains, les projets en développement et le potentiel d’autres projets rapprochent un peu plus la société de son but, dont la génération de flux de trésorerie ajustés disponibles de 1,01 $ par action en 2025.
L’analyste estime que le «taux de visibilité» est passé de 43 à 77% depuis un an principalement grâce à l’achat des trois parcs éoliens Aeia Energia SpA et du parc solaire San Andres, au Chili. «Il ne lui reste que 23% ou 39 millions de dollars de flux de trésorerie disponibles à aller chercher, comparativement à 57% un an plus tôt», fait valoir l’analyste.
Bien que d’autres acquisitions soient possibles pour aller chercher la puissance installée de 1,2 GW qui manque, Rupert Merer croit que les projets en cours de développement s’avéreraient plus attrayants. De plus, le grand plan sur le climat et la santé adopté aux États-Unis ainsi que le renouvellement des crédits d’impôt pour la production d’énergie verte pourraient donner un fort élan au marché américain.
Innergex a aussi accès à bon pipeline de projets potentiels au Québec qui pourrait ajouter 6 GW à sa capacité installée au cours des prochaines années, notamment en partenariat avec son principal actionnaire Hydro-Québec, rappelle l’analyste.
Enfin, les prix élevés pour l’électricité au Chili, aux États-Unis et en Europe devraient aussi soutenir les rendements financiers d’Innergex sur le marché au comptant surtout au Texas et au Chili.
En revanche, «l’imposition prochaine d’un prix plafond de 180 euros par MWh en Europe pourrait freiner la croissance à court terme, mais nous croyons que la société adopte la bonne stratégie en ciblant des contrats à long terme qui captent une partie de la hausse actuelle des prix au comptant», précise Rupert Merer.
Pour s’ajuster à l’avancement du plan stratégique depuis un an, l’analyste a doublé à 2 $ par action la valeur qu’il accorde au «pipeline de croissance». Son cours cible passe donc de 24 à 25 $, ce qui offre un rendement total potentiel de 33%, incluant le dividende de 3,7%.
Au final, il réitère sa recommandation d’achat pour le titre qu’il juge sous-évalué compte tenu de l’amélioration de ses perspectives de croissance.
«Des perspectives de croissance plus visibles devraient aider les investisseurs à gagner en confiance que la société pourra diminuer la part des flux de trésorerie qu’elle verse en dividendes à un taux plus durable de 70% en 2025, par rapport au taux de 135% en 2020», précise l’analyste.
Aritzia (ATZ, 46,47$): vêtue pour réussir
Aritzia (ATZ, 46,47$): vêtue pour réussir
L’intérêt des clients et la qualité du marchand de vêtements à la mode exclusifs pour femmes ont convaincu Martin Landry de Stifel GMP à amorcer le suivi d’Aritzia qu’il qualifie de première de classe dans son créneau, comme en témoigne la progression moyenne de 15% des ventes par boutique comparable depuis cinq ans.
«Le détaillant bénéficie de clientes loyales et leur offre une gamme de douze marques pour les accompagner lors de différentes étapes de leur vie», évoque l’analyste qui ajoute qu’il est rare pour un détaillant de réussir à atteindre des consommatrices de tout âge avec des vêtements de détente et plus habillés.
Aritzia est aussi l’un des rares détaillants canadiens à avoir réussi à percer le marché américain et le potentiel reste important puisqu’il y compte seulement 42 boutiques dans 19 états alors que le marchand pense pouvoir en exploiter une centaine, renchérit-il.
L’analyste estime que la société de Vancouver peut doubler ses bénéfices à 3,57 $ par action, d’ici quatre ans, ce qui représente un parcours de croissance enviable qui proviendra de nouvelles boutiques, de nouvelles collections de vêtements, de l’offre de nouvelles catégories comme que les maillots de bain, la lingerie et les vêtements pour hommes et le levier de rentabilité que procure son centre de distribution ontarien et l’avantage du taux de change.
Ses prix américains sont les mêmes qu’au Canada, ce qui ajoute 25% aux revenus une fois qu’ils sont convertis en dollars canadiens, dans les états financiers. La part croissante des ventes américaines diminue l’effet des changes sur ses résultats puisque le détaillant règle ses achats en dollars américains.
Ses marges avant intérêts et impôts sont de 410 points de pourcentage supérieurs à celles de ses semblables, un écart qu’il attribue au fait que les ventes au pied carré de 35% sont plus élevées que celles de ses rivales. Aritzia fait aussi moins appel aux promotions pour écouler ses vêtements (11% des articles par rapport à 32% pour ses semblables). Ses dépenses en marketing sont aussi inférieures à 5% de ses ventes, un autre avantage de la loyauté de ses clientes.
De plus, son bilan sans dette (et des liquidités de 179 millions de dollars) est le plus sain du secteur de la consommation au Canada et lui offre la flexibilité de racheter ses actions, fait aussi valoir l’analyste.
Bien que les marges brutes risquent de rester sous pression en 2023, les défis logistiques s’atténuent ce qui devrait diminuer le besoin pour l’entreprise de faire livrer ses textiles par fret aérien et ainsi soutenir les marges.
L’évaluation de titre a fondu de 35 à 23 fois les bénéfices depuis le sommet de 60 $ du titre atteint en janvier, retrouvant sa moyenne de cinq ans. «Ce multiple pourrait augmenter à nouveau», croit-il, en ajoutant que le cours actuel offre un bon point d’entrée à long terme.
L’analyste de Stifel GMP établit son cours cible à 57 $, soit un multiple de 25 fois les bénéfices prévus en 2024 ou 17 fois le bénéfice d’exploitation pour cette même année.
Cargojet (CJT, 123,41$): le transporteur de fret aérien reste le favori de RBC malgré les turbulences
Cargojet (CJT, 123,41$): le transporteur de fret aérien reste le favori de RBC malgré les turbulences
Quelques jours avant la rencontre annuelle des investisseurs de Cargojet, Walter Spracklin de RBC Marchés des capitaux soutient que le récent recul du titre offre une occasion aux investisseurs qui veulent profiter du prochain pivot financier du transporteur de fret aérien.
L’avertissement par FedEx (FDX, 157,40 $ US) d’une chute subite de ses revenus et de ses profits et les coupes d’Amazon (AMZN, 122,19 $ US) dans son réseau de distribution ont jeté une douche froide sur tout le secteur du transport de colis, après la manne pandémique. L’action de Cargojet a perdu 13% depuis le 12 septembre dans la foulée de ces annonces.
Aux yeux de l’analyste, l’impact futur de la livraison de nouveaux appareils sur les flux de trésorerie disponibles du transporteur à partir de 2026 importe plus pour les perspectives du titre. Walter Spracklin s’attend d’ailleurs à ce que la société mette à jour ses orientations financières à long terme lors de la journée des investisseurs.
«Les hauts dirigeants devraient indiquer que les dépenses en capital augmenteront pour ensuite diminuer à partir de 2026. Nous nous attendons à ce qu’ils prévoient des flux de trésorerie de plus de 350 millions de dollars en 2026», précise l’analyste. Ses projections de 385 M$ représentent un rendement des flux de trésorerie disponibles de plus de 16%.
Ces orientations correspondent au consensus, mais devraient tout de même recadrer les attentes et diminuer l’incertitude au sujet du pivot financier majeur attendu en 2026.
Walter Spacklin concède que les risques de surcapacité dans l’industrie du fret aérien suscitent des craintes bien réelles chez les investisseurs, mais il estime que ces inquiétudes sont «exagérées».
L’analyste soutient que les sociétés aériennes qui transportent des colis dans leur soute, et qui concurrencent Cargojet, ne retrouveront pas la capacité de vol aussi rapidement qu’on le croit en raison des coûts élevés du carburant. De plus, les sociétés aériennes utiliseront davantage d’avions à fuselage étroit à l’avenir ce qui offre moins d’espaces pour les colis.
L’analyste avance aussi que les compagnies aériennes ne peuvent offrir la même fiabilité de livraison que les vols dédiés de nuit de Cargojet, ce qui devrait continuer à lui faire gagner des parts de marché. Enfin, le contrat de transport de Cargojet avec DHL diminue aussi le risque de surcapacité de fret, à plus long terme.
La performance de Cargojet en Bourse repose sur la capacité du transporteur à gérer les «vents contraires macro-économiques à mesure qu’il prendra livraison de nouveaux appareils» qui augmenteront sa flotte, reconnaît tout de même l’analyste. La mise en service des avions accélérera la croissance des revenus et par la suite celle des flux de trésorerie une fois que les dépenses en capital diminueront, en 2026.
«Ce parcours ressemble à celui qui avait suivi son entente avec Purolator en 2014. Cargojet avait alors investi énormément pour accroître la capacité de sa flotte. Après la fin des dépenses en 2016, les flux de trésorerie disponibles avaient fortement augmenté. Nous prévoyons la même chose, mais à plus grande échelle», dit-il.
Bien que les prix de fret aérien baissent par rapport à leur niveau record, ces tarifs devraient rester plus élevés qu’avant ceux qui prévalaient avant la pandémie et Cargojet en profitera à long terme. L’analyste prévoit que le bénéfice d’exploitation passera de 340 à plus de 500 M$, entre 2022 et 2026.
«Cette dynamique offre une occasion importante pour les investisseurs avant la journée des investisseurs (du 27 septembre)», conclut-il.
Son cours cible de 287 $ représente un rebond potentiel de 131%.