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À surveiller: Lightspeed, Canopy Growth et Couche-Tard

Catherine Charron|Publié le 20 mai 2022

À surveiller: Lightspeed, Canopy Growth et Couche-Tard

Jean Paul Chauvet, PDG, à gauche et Dax Dasilva, ancien PDG, à droite. (Photo: courtoisie)

Que faire avec les titres de Lightspeed, Canopy Growth et Alimentation Couche-Tard? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.

 

Lightspeed Commerce Inc. (LSPD, 22,96 $ US, 29,09 $): elle surpasse les attentes

Les investisseurs ont été si satisfaits par les résultats que Lightspeed a dévoilés hier que son titre a terminé l’exercice en hausse de plus de 10% à Toronto et à New York, et ce, bien que la société ait généré des pertes de 114,5 millions de dollars américains (M$ US) au quatrième trimestre.

Dans l’ensemble, la spécialiste des solutions pour commerce infonuagique s’en est bien tiré par rapport à ce qu’avait anticipé le consensus des analystes, souligne Richard Tse la Financière Banque Nationale.

Sans ses acquisitions des derniers mois, ses revenus obtenus grâce aux transactions et aux abonnements ont tout de même crû de 48% en un an. Avec, ce chiffre atteint plutôt 78%. L’entreprise a aussi été plus rentable que prévu, ses pertes avant intérêts, impôts et amortissement se sont établies à 19,7 M$ US.

Au cours du trimestre, elle a traité 2,2 milliards de dollars américains (G$ US) en transaction, une augmentation de 132% par rapport à l’an dernier, indique Richard Tse. Au cours de cette même période, le nombre de consommateurs qui sont passés par sa plateforme a plus que doublé.

En un an, le revenu moyen par utilisateur a grimpé de 26% à 270 $ et l’emplacement client a avancé de près de 16% grâce à sa croissance interne. Si cette dernière est un peu plus faible, c’est que la société se concentre sur les plus gros commerçants, qui rapportent davantage précise l’analyste.

L’entreprise dirigée par JP Chauvet a même dévoilé des attentes à l’égard du prochain exercice largement supérieures à ce que Richard Tse avait lui-même prévu, sauf du côté de son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement, qui est similaire.

La seule ombre au portrait selon lui est que Lightspeed ne pense pas générer un BAIIA positif avant l’exercice 2024, tandis que le consensus tablait plutôt sur 2023.

«Cela dit, avec près de 1 G$ US en liquidité, nous croyons que la société a les coudées franches pour atteindre le seuil de la rentabilité en fonction du temps d’absorption actuel», écrit Richard Tse dans une note.

L’analyste de la Financière Banque Nationale croit toujours que Lightspeed profitera de la réouverture du secteur hospitalier entre autres pour s’élancer, ce pour quoi il l’a glissé il y a près d’un mois parmi ses titres chouchous.

Sa conquête du marché mondial devrait se poursuivre — surtout en Europe — en grande partie à cause de sa nouvelle offre pour les restaurants et le commerce de détail. Sa division des solutions de paiement est encore à ses balbutiements, estime Richard Tse, alors qu’elle pourrait bientôt représenter 50% de son chiffre d’affaires si on se fie à ses pairs. Et l’entreprise semble encore mieux performer que prévu, ce qui est très prometteur selon lui.

Lightspeed valant environ 3x ses ventes, et ayant un taux de croissance interne de plus de 30%, le jeu en vaut la chandelle, conclut Richard Tse, ce pourquoi il maintient sa recommandation de «surperformance» de secteur. Son cours cible demeure à 65 $ US.

 

Canopy Groth (WEED, 7,54$): un analyste déçu

Canopy Groth (WEED, 7,54$): un analyste déçu

Même si Canopy Growth a fait miroiter son intention de mettre la main sur une société en Californie, John Zamparo de Marchés de capitaux CIBC n’a pas été assez impressionné pour ne pas sabrer dans ses attentes à l’égard du titre.

En effet, à un peu plus d’une semaine du dévoilement des résultats de l’entreprise ontarienne, qui devrait se tenir avant l’ouverture des marchés le 27 mai 2022, de nombreux indices lui laissent croire que Canopy Growth s’en est moins bien tiré que prévu.

L’entreprise a par exemple annoncé, rappelle-t-il, qu’elle souhaitait économiser d’ici les 12 à 18 prochains mois de 30 à 50 millions de dollars (M$) en coût de mise en marché, et de 70 à 100 M$ en frais de vente, généraux et administratifs.

Cet assainissement nécessaire de ses coûts laisse présager que son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) sera largement sous les attentes du consensus et que ses résultats à court terme seront plus faibles, prévoit John Zamparo.

De plus, la productrice de cannabis s’attend à une dépréciation hors trésorerie de 250 M$ ce trimestre-ci, et ce, même si elle a obtenu environ 130 M$ grâce à la vente de sa filiale C3 Cannabinoid Compound Company GmbH et qu’elle pourrait toucher des compensations supplémentaires après coup.

L’analyste estime que même si elle parvient bel et bien à retrancher 150 millions de dollars, l’entreprise devra plus que doubler ses ventes si elle compte générer un BAIIA positif d’ici la fin de l’exercice 2024.

John Zamparo souligne que l’entreprise a dévoilé son intention de mettre la main sur l’entièreté des parts de la californienne Jetty, sous réserve que le THC devienne légal aux États-Unis.

Dans un premier temps, elle pourrait débourser 69 M$ principalement en espèce, estime John Zamparo, pour qu’une de ses filiales récupère une participation de 75% dans l’entreprise. Elle pourra ensuite acquérir les 25% supplémentaires selon un multiple du BAIIA prédéterminé.

L’analyste croit que l’entreprise — dont le BAIIA est positif, a souligné Canopy Growth — génère des ventes de 30 M$ US annuellement, ce qui indique que Jetty vaut 3 fois ses ventes.

Marchés des capitaux CIBC fait passer son cours cible de 9 $ à 6,50 $ pour la société de Smiths Falls, et lui accorde la recommandation de «sous-performance de secteur».

 

Alimentation Couche-Tard (ATD, 54,66$): un titre à garder sur son radar

Alimentation Couche-Tard (ATD, 54,66$): un titre à garder sur son radar

Irene Nattel est optimiste à l’égard des prochains résultats que dévoilera Alimentation Couche-Tard le 28 juin prochain, un titre qu’elle a même glissé parmi le RBC CM Global Top 30 alors que la croissance de l’inflation s’accélère et que les taux augmentent.

Selon elle, l’entreprise devrait dévoiler un bénéfice par action de 0,62 dollar américain ($ US), ce qui représenterait un bond de 20% en un an, tandis que le consensus table plutôt sur 0,46 $ US. L’analyste croit que c’est simplement parce que les autres n’ont pas ajusté leur prévision en fonction du prix de l’essence qu’on observe un tel écart.

Grâce aux marges que Couche-Tard devrait tirer de la vente de ce combustible, de la reprise de la circulation et d’un engouement pour ses magasins, son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement devrait atteindre 1,236 milliard de dollars américains (G$ US). Sa croissance sera toutefois freinée par les coûts liés aux transactions par cartes de crédit.

En effet, Irene Nattel souligne qu’en février, le nombre de miles parcourus par les automobilistes a augmenté de 10%, ou de près de 1,5% si l’on combine la distance franchie au cours des deux dernières années.

Or, la hausse du prix de l’essence devrait avoir freiné en mars et en avril la reprise qui semblait promise au début du quatrième trimestre de son exercice. Le volume de combustible vendu devrait être d’environ 10% inférieur à ce qui était observé avant la pandémie.

L’analyste pense toutefois que les marges qu’elle en tirera seront de 38,5 cents par gallon, sa quatrième meilleure performance de l’histoire.

D’autres éléments alimenteront sa croissance future, comme la revitalisation de l’image de marque de la bannière Circle K. Des fusions et acquisitions sont aussi sur son radar, alors que des rumeurs concernant des discussions entre Couche-Tard et EG Group circulent.

Si la société lavalloise offre 16 G$ à l’entreprise britannique — soit 10,5 x le BAIIA de 1,5 G$ qu’elle a généré en 2021 — ça pourrait faire croître à plus de 3x l’effet de levier de sa dette, ce qui l’obligerait à piger dans les capitaux propres, croit l’analyste de RBC Marchés des capitaux.

Certes, ça pourrait mettre sur pause les opérations de rachats d’actions, mais Irene Nattel estime que la situation devrait être corrigée dans les 18 à 24 mois suivant la transaction grâce aux flux de trésorerie combinés des deux entreprises.

De plus, Petro-Canada pourrait bientôt être mise en vente. Irene Nattel croit que la société devrait convoiter en partie ce réseau, mais laisserait probablement passer la possibilité de rafler les stations d’essence en Ontario et au Québec, où elle est déjà bien implantée.

L’analyste de RBC Marchés des capitaux maintient sa recommandation de «surperformance», mais fait passer son cours cible de 73 $ à 77 $.