RBC Marchés des capitaux mise dorénavant sur un cours cible de 65$US. (Photo: 123RF)
Que faire avec les titres Shopify, Loblaw et Groupe MTY? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée par les analystes.
Shopify (SHOP, 53,39$US): des prévisions qui éclipsent sa bonne performance
Shopify a surpris les investisseurs jeudi, lors du dévoilement de ses résultats trimestriels.
En effet, ils ont froidement accueilli ses attentes moins élevées à l’égard de la croissance de ses revenus que celles du consensus des analystes. Elle table sur un taux qui oscillera entre 15% et 19%, alors que Wall Street misait davantage sur 20%.
Son titre a d’ailleurs perdu plus de 10% jeudi, et continuait sa glissade à l’ouverture des marchés.
Cette nouvelle a ainsi éclipsé sa performance, meilleure que prévu au quatrième trimestre. C’est la première fois en six trimestres qu’elle dépasse autant les attentes du marché, souligne Paul Treiber de RBC Marchés des capitaux.
Entre octobre et décembre 2022, la géante d’Ottawa a généré des revenus de 1,73 milliard de dollars américains (G$US), et un bénéfice par action de 0,07 $US. Le consensus des analystes tablait plutôt sur 1,65G$US et une perte par action de 0,01$US, alors que l’analyste misait sur 1,62G$US et une perte par action de 0,02 $US.
À 61 G$US, la valeur totale des commandes passées sur la plateforme de Shopify a principalement alimenté cette performance. Elle est de 13% supérieure à celle de l’an dernier, et 11% meilleure que celle du trimestre précédent, souligne l’analyste.
C’est la preuve qu’elle a gagné des parts de marché, puisque le marché du commerce électronique américain n’a crû que de 10% entre le quatrième trimestre 2021 et celui de 2022.
Les prévisions de Shopify à l’égard des prochains trimestres laissent croire à l’analyste que l’entreprise a du mal à anticiper la demande des consommateurs à cause du contexte macroéconomique. Ses nouvelles cibles pour le prochain trimestre sont donc prudentes.
Néanmoins, l’entreprise semble bien positionnée pour maintenir le cap malgré les remous, si l’analyste se fie à ses indicateurs de performance.
L’évolution de ses revenus récurrents mensuels notamment lui indique que les commerçants s’abonnent à des forfaits plus chers, et qu’ils adhèrent à ses services supplémentaires.
RBC Marchés des capitaux mise donc désormais sur des revenus de 6,6 G$US et un bénéfice par action de 0,05 $US pour l’exercice 2023.
De plus, son offre de nouveaux services, l’adoption de forfaits plus chers, des clients de meilleure qualité et ses efforts pour réduire le coût de ses opérations laissent croire à l’analyste que l’entreprise parviendra à s’en tirer malgré la grande majorité des défis macroéconomique qu’elle pourrait rencontrer.
L’analyste mise dorénavant sur un cours cible de 65 $US, et prévient que le titre pourrait demeurer volatile tant que les tensions macroéconomiques ne se seront pas estompées.
Loblaw (L, 118,61$): un analyste révise ses attentes
Loblaw (L, 118,61$): un analyste révise ses attentes
Qu’elles soient en épicerie ou en pharmacie, les ventes d’un même magasin comparable de Loblaw devraient être meilleures au quatrième trimestre de 2022, estime Kenric Tyghe d’ATB Capital Markets une semaine avant le dévoilement de ses résultats.
Si l’analyste table désormais sur une hausse de ses ventes d’aliments de 8,1% et de produits pharmaceutiques de 5,2%, il s’attend aussi à de plus faibles marges de profit.
Certes, ses résultats devraient démontrer à nouveau que les consommateurs préfèrent les produits meilleur marché à ceux plus onéreux, mais les investisseurs doivent regarder plus loin, croit-il.
En effet, ces mêmes consommateurs friands d’aubaines devraient troquer quelques repas dans un restaurant contre des plats cuisinés à la maison, ce qui compensera en partie les choix plus économes qu’ils feront devant les tablettes.
Kenric Tyghe mise donc sur des ventes de 13,67 milliards de dollars, et non plus de 13,31 G$, ce qui représenterait un bond de 7,2% par rapport à la même période l’an dernier. Le consensus des analystes anticipe plutôt sur 13,64G$. La société basée à Brampton en Ontario devrait aussi avoir gagné des parts de marché ce trimestre-ci grâce à ses programmes de fidélité et ses produits au rabais.
Or, ses profits bruts tirés de la vente au détail atteindront 4,15 G$, et non pas 4,5G$, anticipe l’analyste. Si ses marges bénéficiaires se situent à 31%, c’est surtout grâce à ses ventes en pharmacie, notamment celles de produits de beauté qui en génèrent de plus élevées, fait-il remarquer.
À 1,45 G$, son bénéfice avant intérêt, impôts et amortissement ajusté demeure le même, légèrement au-dessus de celui sur lequel table le consensus des analystes.
Loblaw parviendra à augmenter la valeur de ses ventes – surtout à cause de l’inflation -, mais non sans peine, ce qui limitera la croissance qu’elle dévoilera le 23 février prochain, estime Kenric Tyghe.
Les marges de son BAIIA ajusté devraient légèrement écoper, ce pour quoi ATB Marchés des capitaux fait passer ses prévisions de 10,9% à 10,6%.
L’entreprise est bien positionnée autant dans le secteur de la vente d’aliments, de médicaments que de produits de beautés, notamment grâce à ses programmes de fidélité et à ses marques maisons. L’analyste maintient donc son cours cible à 140$ et sa recommandation à surperformance de secteur.
Groupe MTY (MTY, 69,71$): de bons résultats malgré de nombreuses fermetures
Groupe MTY (MTY, 69,71$): de bons résultats malgré de nombreuses fermetures
Bien que le franchiseur Groupe MTY ait fermé trois fois plus de succursales de restaurants qu’elle en a ouvertes, Vishal Shreedhar de la Financière Banque Nationale estime que l’entreprise a livré de solides résultats au quatrième trimestre de son exercice 2022.
Elle a généré un bénéfice avant intérêt, impôts et amortissement (BAIIA) ajusté de 53,5 millions de dollars (M$), ce qui est plus que le 49 M$ et le 48,9 M$ sur lesquels tablaient respectivement le consensus et l’analyste. Ce dernier rappelle que l’an dernier, son BAIIA ajusté avait atteint 42,8 M$.
Ses ventes aussi ont dépassé non seulement les attentes de la Financière Banque Nationale , mais aussi celles de l’année précédente à 1,207 milliard de dollars (G$). Celles au Canada ont crû de 16% en un an, alors que celles aux États-Unis ont bondi de 33%.
Elle en a tiré des revenus de 242 M$, surpassant à nouveau les prévisions de l’analyste.
Vishal Shreedhar rapporte que l’achalandage dans ses commerces s’est maintenu au dernier trimestre malgré la hausse des prix.
MTY a toutefois fermé bien plus de points de vente que ce à quoi il s’attendait. Des 178 adresses où elle a mis la clé sous la porte, 46% avaient pignon sur rue et 25% étaient situés dans des centres commerciaux ou des tours à bureaux.
Au cours des exercices 2023 et 2024, l’analyste s’attend à ce que l’entreprise génère de meilleurs BAIIA que ce qu’elle avait précédemment anticipé, grâce à de plus importantes ventes. Ses prédictions passent donc respectivement de 253,5 M$ à 255,4M$ et de 256,8M$ à 259M$.
L’entreprise est encore bien endettée selon la Financière Banque Nationale, sa dette nette valant présentement 3,6x son BAIIA, mais ce ratio devrait se résorber à 3,1x d’ici la fin de l’exercice 2023.
Des projets d’acquisition sont toujours dans les cartons, ce qui est une bonne nouvelle puisque c’est un vecteur de croissance pour l’organisation, estime l’analyste.
Vishal Shreedhar demeure convaincu que le titre de MTY est «attrayant», d’autant que l’entreprise promet d’améliorer sa performance malgré un contexte qui s’annonce incertain. Il s’échange présentement à 10,4x son BAIIA des douze prochains mois, ce qui est légèrement sous sa valorisation moyenne des cinq dernières années.
Ayant révisé à la hausse ses attentes à l’égard du BAIIA de l’exercice 2024, et de son multiple d’évaluation, il fait passer son cours cible de 67$ à 73$.