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À surveiller: Shopify, iA et Canadian Tire

Catherine Charron|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Shopify, iA et Canadian Tire

(Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Shopify, iA Groupe Financier et Canadian Tire? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.


Shopify (SHOP, 746,85 $US, 938,91 $) : un analyste sabre son cours cible

Le spécialiste du commerce en ligne ontarien, Shopify, a de grands projets dans les cartons à moyen terme, et elle a les reins financiers requis pour supporter son ambition. Ce qui lui manque toutefois, c’est l’appui des investisseurs, souligne Arvin Valencia, de Valeurs Mobilières TD.

Souhaitant notamment ouvrir son propre entrepôt, la direction compte dépenser 200 millions de dollars en capitaux en 2022, et près de 1 milliard de dollars (G$) entre 2023 et 2024. Arvin Valencia rappelle que la société dispose de 7,8 G$ en liquidité, ce pour quoi il ne s’inquiète pas de ces injections à venir.

L’analyste est d’ailleurs toujours convaincu que Shopify peut devenir une entreprise qui générera plusieurs milliards de dollars en revenus annuellement. Elle est toutefois rattrapée par la menace des hausses des taux d’intérêt, qui ramène l’attention des investisseurs vers les marges bénéficiaires et les flux de trésorerie des entreprises, explique-t-il.

L’augmentation annoncée de ses dépenses en investissement de capitaux dès 2022 et la révision pas assez enthousiasmante de ses prévisions ne résonnent donc pas comme de la musique à leurs oreilles.

Son titre se transigeait pourtant à 18,8 fois ses revenus attendus avant que Shopify ne fasse de telles déclarations, alors que ses pairs du commerce électronique et des solutions de paiement s’échangeaient plutôt en moyenne à 6,9 fois.

Valeurs mobilières TD maintient sa recommandation de «garder» le titre, mais sabre son cours cible, qui passe de 1500 $US à 840 $US. Même si l’entreprise devrait continuer de croître, Arvin Valencia croit que ces importants investissements attendus devraient bel et bien affecter ses marges bénéficiaires, et ses flux de trésorerie, au grand déplaisir des investisseurs.

Son action devrait donc souffrir dans cette opération, dans le contexte actuel, tant et aussi longtemps que Shopify n’aura pas démontré de quelle manière son plan de match perturbera sa performance, surtout du côté de ses liquidités.

En effet, Shopify compte réinvestir l’ensemble de ses profits bruts dans l’organisation, ce qui laisse présager des marges d’exploitation nulles. Ses dépenses ne seront pas dédiées à améliorer les opérations de l’entreprise à proprement parler, mais seront plutôt dirigées vers la R&D et l’équipe des ventes et du marketing, ce qui devrait toutefois générer des opportunités de croissance.

iA Groupe Financier (IAG, 80,62$): adoption des normes IRFS 17

iA Groupe Financier (IAG, 80,62$): adoption des normes IRFS 17

La performance de iA Groupe Financier au quatrième trimestre de l’exercice 2021 n’a pas été à la hauteur des attentes de Doug Young de Valeurs mobilières Desjardins.

Si son bénéfice par action a raté la cible, c’est en grande partie à cause d’une augmentation imprévue de ses dépenses, note l’analyste, qui ont retranché 0,24 $ par action.

Selon les calcules de Valeurs mobilières Desjardins, le bénéfice par action tiré des activités d’assureur de iA est de 1,92 $, soit sous les prévisions de l’analyste. De son côté, iA affirme plutôt qu’il est de l’ordre de 2,01 $, ratant tout de même la cible du consensus qui tablait sur 2,10 $.

Si ces activités aux États-Unis s’en sont très bien sorties, ce n’est pas tout à fait le cas de ce côté-ci de la frontière, rapporte Doug Young, qui estime toutefois que la situation devrait toutefois se résorber au cours des prochains trimestres.

La société a aussi dévoilé ses prévisions pour l’exercice 2022, et annoncé les changements qui doivent être attendus à la suite de son adoption de la norme IFRS 17.

Celle-ci change notamment les méthodes comptables que les compagnies d’assurance devront utiliser et la manière qu’elles doivent présenter leur information financière. Pour iA, cette nouvelle norme rime avec davantage de volatilité du côté des bénéfices, de son ratio de solvabilité de même que sa valeur nette comptable qu’elle rapportera, indique Doug Young.

Pour s’y préparer, la société a dû changer sa stratégie d’investissement au quatrième trimestre. C’est bien parce que l’entreprise a fait preuve de prudence que sa valeur nette comptable ne sera pas plombée par cette transition, note l’analyste.

iA s’attend à ce qu’au cours de 2022, ses principales activités génèrent un bénéfice par action dans une fourchette entre 8,70 $ et 9,30 $, alors que le consensus mise sur 8,91 $. Le rendement de ses capitaux propres devrait se situer entre 13 et 15%, alors qu’elle l’estimait précédemment dans une fourchette de 12,5% à 14%. Elle devrait générer entre 450 et 525 millions de dollars. Ses profits, eux, devraient grimper de 16% par rapport à l’exercice précédent.

Doug Young révise donc à la hausse son cours cible qui passe de 85 $ à 88 $.

Canadian Tire (CTC.A, 188,68 $): donner à César ce qui appartient à César

Canadian Tire (CTC.A, 188,68 $): donner à César ce qui appartient à César

Après avoir consulté les résultats trimestriels dévoilés par Canadien Tire, Mark Petrie du Marchés des capitaux CIBC ne peut s’empêcher de souligner à la fin de sa note à quel point le détaillant est un bien meilleur titre que ce que le marché ne semble lui accorde.

Le détaillant s’en est encore une fois très bien tiré au dernier trimestre, grâce aux ventes de l’ensemble de ses bannières.

La demande a été forte, et les ventes sont en hausse par rapport à celle de 2019. Les trois-quarts de ses catégories de produits vendus au détail ont eu une croissance annuelle en hausse, et dans la moitié des cas, elles se trouvent dans les deux chiffres, fait remarquer l’analyste. La demande des consommateurs ne laisse transparaître aucun signe d’essoufflement, car la hausse s’observe dans toutes les tranches de prix.

Du côté de son service financier, la croissance a été moins abrupte qu’anticipée. Ayant accordé davantage de crédits, Canadian Tire a été dans l’obligation d’augmenter ses provisions en cas de défaut de paiement. Choix judicieux et attendu dans ce genre de situation, n’en demeure pas moins qu’elle en a accumulé davantage que ce qu’avait anticipé Mark Petrie, et ça va inévitablement affecter ses bénéfices en 2022, surtout au premier trimestre, où davantage de créance son généralement accordé.

L’analyste de Marchés des capitaux CIBC garde un œil sur l’effet de l’inflation sur la chaîne d’approvisionnement de Canadian Tire, d’autant qu’on ne sait toujours pas comment les consommateurs font réagir à la hausse des prix, bien que la demande semble pour l’instant solide. Il estime toutefois que ses programmes de fidélités, les bannières qu’elle détient, de même que son expertise en analyse de données lui permettront de bien s’en tirer peu important le contexte économique.

Mark Petrie est persuadé que l’entreprise ne connaîtra pas une chute vertigineuse de ses ventes en 2022 par rapport aux sommets enregistrés en 2021.

Le prochain rendez-vous des actionnaires devrait donner une nouvelle impulsion pour son titre, notamment à cause de la solidité des bannières qu’elle détient, et de son programme de fidélité Triangle qui gagne en popularité notamment, sur quoi elle pourra se reposer pour continuer de croître même si la demande retrouve des niveaux plus normaux.

Le cours cible de Marchés des capitaux CIBC passe de 234 à 244 $, mais sa recommandation demeure à performance de secteur.