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À surveiller: Suncor Énergie, Beyond Meat et Bell

Catherine Charron|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Suncor Énergie, Beyond Meat et Bell

L’appétit de Vishal Patel de BMO Marchés des capitaux demeure maigre, pour l’instant. Son petit creux devrait cependant s’accroître d’ici quelques années. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Suncor Énergie, Beyond Meat et Bell? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.


Suncor Énergie (SU, 37,60$, 29,67 $US): le vent tournera-t-il en 2022?

L’année 2022 pourrait bien marquer un tournant pour la pétrolière albertaine Suncor Énergie, qui peine à livrer la marchandise depuis 2019, estime l’analyste de la Financière Banque Nationale, Travis Wood, qui modère toutefois ses attentes.

En effet, l’entreprise de Calgary devra démontrer, pendant plusieurs trimestres d’affilés, qu’elle n’éprouve aucun souci dans sa production, chose qui n’a pas été observée depuis sa décote de 2019, fait remarquer l’analyste à la suite d’une conférence téléphonique avec la direction.

Les résultats du quatrième trimestre de son exercice 2021 dévoilés cette semaine concordent avec les prévisions de Travis Wood, qu’il avait ajustées à la suite de la diffusion des résultats préliminaires de l’entreprise en janvier.

Pour une troisième année de suite, Suncor Énergie a tenté d’améliorer l’efficacité de sa production en 2021. Son deuxième train de Fort Hills et maintenant opérationnel, et devrait être utilisé à 90% de sa capacité en 2022 puisqu’elle mise sur un volume de production net entre 85 et 100 milliers de barils par jour. Ça laisse donc croire que la pétrolière devrait produire le volume qu’elle a prévu, et ce de façon sécuritaire, selon l’analyste.

De son côté, la Financière Banque Nationale table sur le bas de cette fourchette, à 88 milliers de barils par jour.

Étant donné que Suncor a aussi annoncé que sa production au premier trimestre de 2022 sera affectée par la maintenance de ses installations de Syncrude en Alberta, Travis Wood fait passer ses prévisions pour la production de l’ensemble de l’exercice de 182 à 177 milliers de barils par jour. De plus, de nouveaux soucis d’exécution semblent avoir émergé à la fin de la dernière année.

L’entreprise a aussi annoncé le 31 janvier 2022 qu’elle compte relancer son offre publique de rachat d’actions, ce qui devrait lui permettre de retirer de la circulation 5% de ses actions. L’analyste estime que l’entreprise devrait diviser équitablement ses flux libres de trésoreries pour mener à terme cette opération, et rembourser sa dette.

Bien que l’entreprise s’échange à rabais comparé à sa valeur historique, Travis Wood croit que c’est justifié si on se fie à sa performance enregistrée depuis 2019. Et il y a peu de chance que le vent tourne.

Il maintient sa recommandation de performance de secteur et révise légèrement son cours cible à la baisse, passant de 53$ à 52$.

Beyond Meat (BYND, 66,88$US): quelques réserves malgré des arômes alléchantes

Beyond Meat (BYND, 66,88$US): quelques réserves malgré des arômes alléchantes

De prime abord, bien que Beyond Meat semble avoir traversé le pire de la crise sans avoir perdu trop de morceaux, l’appétit de Vishal Patel de BMO Marchés des capitaux demeure maigre, pour l’instant. Son petit creux devrait cependant s’accroître d’ici quelques années.

Le taux de croissance annuel composé des ventes du spécialiste des produits à base de plante devrait grimper de 20% au cours des trois prochaines années, ce qui est plus optimiste que le 18% anticipé par les autres analystes, souligne Vishal Patel. C’est aussi bien meilleur que celui de ses pairs. En effet, Beyond Meat devrait profiter de sa notoriété en termes des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance et de sa courbe de croissance.

La croissance à long terme de l’appétit pour les substituts de viande à base de plante devrait bondir dans les deux chiffres, anticipe Vishal Patel, et grâce à ses dépenses en marketing et sa stratégie de réduction de coûts, Beyond Meat devrait se tailler une plus grande place dans les assiettes de l’ensemble des consommateurs. Cependant, l’affaire n’est pas encore ketchup, prévient l’analyste.

Étant une pionnière de sa catégorie, Beyond Meat détient de plus grandes parts de marché aux détails. L’analyste s’attend à ce que l’entreprise accroisse sa distribution et son inventaire dans chaque point de vente, qui ont doublé aux États-Unis à 34 000 adresses. Elle a encore du chemin à faire, car les ventes boulettes et autres hachés végétariens ne correspondent qu’à 5% des ventes de la viande animale.

Ses ententes avec de grandes chaînes de restauration rapide, comme McDonald’s, PFK et Panda Express devraient lui permettre de générer plus de 100 millions de dollars américains en revenu.

À mesure que l’entreprise étendra son service un peu partout sur le globe, l’analyste s’attend à une plus grande distribution, au développement de produits personnalisés à chaque marché, à alimenter de plus gros joueurs de l’industrie alimentaire, et à ce qu’elle dégage de nouvelles marges de profits.

Mais d’ici les trois prochaines années, il y a très peu de chance que l’entreprise ne dégage des profits, car elle devra non seulement investir massivement, notamment en recherche et développement, mais aussi pour alimenter son image de marque, ce qui pourrait étouffer la performance de son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement.

Beyond Meat devrait aussi être ralentie par la hausse de ses coûts de production et des conséquences de l’inflation sur sa chaîne d’approvisionnement. De plus, elle n’évolue pas dans une industrie qui génère beaucoup de marges de profits, souligne Vishal Patel.

C’est ce qui explique pourquoi malgré cette possibilité alléchante, il préfère contempler le buffet de loin pour l’instant.

BMO Marchés des capitaux fixe donc son cours cible à 68$, avec sa recommandation à «performance de secteur».

Bell (BCE, 67,48$, 53,17$US) : un titre (trop?) stable

Bell (BCE, 67,48$, 53,17$US) : un titre (trop?) stable

Il y a quelque chose de rassurant dans le fait de détenir des actions du géant de la télécommunication Bell Canada, estime Jérôme Dubreuil de Valeurs mobilières Desjardins. Le hic, c’est qu’elle offre peu de croissance pour à un prix somme tout élevé sur les marchés.

Les résultats trimestriels que l’entreprise a dévoilés le 3 février concordent avec les prévisions des analystes, tout comme ses revenus et son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement générés, et son nombre d’abonnés est satisfaisant.

Seules ses dépenses en investissement de capitaux semblent avoir généré une quelconque surprise. Celles-ci laissent d’ailleurs entrevoir davantage de retours aux actionnaires, croit l’analyste.

BCE a d’ailleurs encore une fois accru son dividende de 5%, ce qui amène son rendement à 5,5%, bien mieux que l’ensemble du marché. L’entreprise est donc encore loin d’avoir terminé de redonner à ses actionnaires, d’autant que la plus grande réduction de ses contributions aux fonds de pension devrait lui dégager encore plus de flux de trésorerie libre, estime Jérôme Dubreuil.

Toutefois, l’écart de rendement entre son dividende et ceux de Rogers et de Telus pourrait bien s’atrophier, entre autres parce que celui de Telus est plus sensible aux variations du taux d’intérêt. L’analyste souligne que la croissance de Bell devrait être moindre que celle de ses pairs au cours des prochaines années, puisque deux de ses branches, soit son service B2B et de téléphonie filaire, sont menacées par les géants de l’infonuagique.

Ainsi, même s’il appuie sa stratégie de déploiement plus rapide de son réseau de fibre optique, sa moins bonne position anticipée de flux de trésorerie à moyen terme par rapport à ce qu’on a observé par le passé, et l’absence de nouvelles opportunités de croissance, laisse l’analyste dubitatif.

Il croit tout de même que l’entreprise va demeurer bien présente au sein des fonds de placement. L’analyste fait passer son cours cible de 66,50$ à 68$.