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À surveiller: Tilray, Roots et Quincaillerie Richelieu

Catherine Charron|Mis à jour le 16 avril 2024

À surveiller: Tilray, Roots et Quincaillerie Richelieu

L'effet de saisonnalité revient hanter Quincaillerie Richelieu. (Photo: 123RF)

Que faire avec les titres de Tilray, Roots Corporation et Quincaillerie Richelieu? Voici quelques recommandations d’analystes susceptibles de faire bouger les cours prochainement. Note: l’auteur peut avoir une opinion totalement différente de celle exprimée.


Tilray (TLRY, 7,25 $ US): des opportunités à couper le souffle

Si les Canadiens ont fait la fine bouche à l’égard de ses produits, Tilray n’est pas moins parvenue à tirer de meilleures marges qu’à pareille date l’an dernier grâce aux synergies qui se sont créées depuis qu’elle a fusionné avec le producteur canadien Aphria, estime John Zamparo de Marchés des capitaux CIBC.

Au troisième trimestre de l’exercice, le fruit de l’union entre les deux sociétés a généré des ventes de 152 millions de dollars américains (M$ US), et un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement de 10 M$ US.

Sur la même période, à l’exercice précédent, il avait plutôt rapporté des ventes de 167 M$ US et un BAIIA de 4 M$ US. Pourtant, les ventes dans l’ensemble du secteur ont crû de 22% en un an, souligne l’analyste.

Cet important déclin a toutefois été gommé par les marges tirées des ventes à l’internationale et les économies qu’elle réalise depuis que la nouvelle entité a été créée. «Bien que les ventes aux pays doivent augmenter pour justifier cette évaluation, des économies de 20 M$ US sont encore attendues d’ici l’exercice 2023 ce qui fera croître son BAIIA», écrit John Zamparo.

S’il s’attend à ce que les ventes soient maigres encore pour deux trimestres au pays, il ne sait pas si les prix ont terminé de se contracter. Tilray a réduit celui de ses huiles à vapoteuses et de ses produits préroulés ce qui a semblé doper ses ventes en février, mais l’analyste note que cette hausse ne semble pas s’être poursuivie en mars selon des données de Hifyre.

Marchés des capitaux CIBC mise toujours sur de nouvelles acquisitions, la méthode de prédilection de Tilray pour croître, autant du côté de la production que des breuvages alcoolisés, ce qui devrait lui donner l’occasion d’étendre sa marque dans d’autres marchés.

Pour un investisseur qui souhaite entrer dans le monde du cannabis, Tilray est une belle porte d’entrée, croit John Zamparo, puisqu’elle détient d’importantes liquidités et a un nom maintenant bien installé dans le milieu.

L’analyste reconnaît que le multiple sur lequel il se base pour déterminer la valeur de l’entreprise est supérieur à celui de ses pairs, mais il estime qu’elle est la bannière qui devrait le plus profiter du changement de réglementation qui se trame aux États-Unis.

Néanmoins, il préfère demeurer sur les bancs de côté, maintenant son cours cible à 7,50 $ US.

 

Roots Corporation (ROOT, 3,73$): sa stratégie rapporte

Roots Corporation (ROOT, 3,73$): sa stratégie rapporte

Le détaillant de vêtements canadiens Roots a dévoilé des résultats largement au-dessus des attentes de Sabahat Khan de RBC Marchés des capitaux, défiant le pronostic en gérant rigoureusement ses prix.

Ses ventes ont crû de 22% par rapport à la même période l’an dernier, à 121,3 millions de dollars (M$). L’analyste et Bay Street misaient respectivement sur 113,9 M$ et 117,4 M$. Son bénéfice avant intérêt, impôts et amortissement a toutefois été affecté par des frais de vente, généraux et administratifs, plus importants qu’attendu ce qui l’a limité à 30,6 M$. Ça demeure supérieur aux prévisions du consensus (24,5 M$) et de Sabahat Khan (25,2 M$).

Ce dernier attribue cette bonne performance à la réduction des promotions de sa division de ventes directement au consommateur, réduisant de 26 à 19 le nombre de journées où ses articles ont été vendus au rabais au cours du quatrième trimestre, entre 2020 et 2021.

Ça a donc fait croître de 150 points de base ses marges brutes, ce qui a en partie masqué l’effet de la hausse des coûts de transport qui ont freiné sa croissance de 270 points de base, souligne l’analyste.

Certes, ses ventes en ligne ont diminué par rapport à la même date l’an dernier, mais c’est simplement parce que les consommateurs ont remis davantage les pieds en magasin, la COVID-19 affectant moins ses activités. Sabahat Khan s’attend à ce que la part de ses revenus en ligne continue de décroître au cours de la première moitié de l’exercice 2022.

La direction de Roots a indiqué que les pressions sur sa chaîne d’approvisionnement ne sont pas près de s’estomper. Jusqu’à présent, elle est parvenue à limiter les dégâts en misant sur ce qu’elle avait déjà dans ses entrepôts et en préférant le transport aérien au transport maritime. Son approche sera toutefois revue au prochain trimestre.

L’analyste de RBC Marché des capitaux rapporte qu’elle augmentera le prix de certains articles et délaissera en partie son recours au fret aérien pour éponger l’effet de la hausse des prix de ses matériaux, du transport et de sa main-d’œuvre, tandis que le salaire minimum sera augmenté en Ontario au cours de son premier trimestre.

De son offre publique de rachat de près de 10% de ses 21 729 287 actions en circulation en date du 3 décembre 2021, Roots en a repris 204 575 à un coût moyen de 3,23 $ le titre. Sa situation financière est «solide», croit Sabahat Khan, d’autant que l’entreprise à travailler fort pour réduire la taille de sa dette nette, qui valait 0,5 x son BAIIA ajusté des douze derniers mois à la fin du quatrième trimestre de 2021, alors qu’elle valait 1,6 x un an plus tôt.

L’analyste maintient sa recommandation de «performance de secteur», et fait passer son cours cible de 4 $ à 5 $.

 

Quincaillerie Richelieu (RCH, 41,55$): l’effet de saisonnalité reprend le dessus

Quincaillerie Richelieu (RCH, 41,55$): l’effet de saisonnalité reprend le dessus

Si Quincaillerie Richelieu s’en est moins bien tiré que ce à quoi s’attendait Zachary Evershed de la Financière Banque Nationale, c’est simplement à cause de la période de l’année qui est habituellement plus lente pour l’entreprise, estime-t-il.

Ses revenus, en hausse de 29,3% par rapport à la même période l’an dernier (dont 12,9% sont tirés de ses acquisitions), ont atteint 384,5 millions de dollars (M$). L’analyste misait plutôt sur 400,4 M$. Son bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement de 53,7 M$ et ses marges de 14% n’ont pas accoté le 60,1 M$ et les marges de 15% qui étaient prévus. Son bénéfice par action de 0,53 $ a raté de 0,10 $ la cible de Zachary Evershed. La principale raison de cette déconfiture est l’effet de saisonnalité, croit-il.

En fait, lui qui misait sur une baisse des prix au fur et à mesure que les enjeux de logistique et d’approvisionnement s’estomperont — ce qui ralentirait sa croissance interne et ses marges de profits — n’en est plus si convaincu.

Ainsi, avec la vente aux fabricants qui sont très solides, il s’attend à ce que ses résultats suivent plutôt le cours normal de l’évolution de ses ventes en fonction de la période de l’année, comme avant le début de la pandémie, ce pour quoi il révise ses prévisions à l’égard à la fois de ses ventes et de ses marges.

Zachary Evershed rapporte que l’organisation a grandement accru la quantité de produits qu’elle garde dans son inventaire pour éviter d’avoir des ruptures de stock et garantir des prix moins élevés dans un contexte inflationniste. Au premier trimestre, sa valeur a grimpé de 71,4 M$, à 466,9 M$.

L’analyste applaudit l’agilité du détaillant dans la gestion de ses prix, ce qui lui a permis d’accroître sa croissance interne de près de 12% au cours du premier trimestre.

De son propre aveu, il demeure tout de même prudent dans ses prévisions pour l’exercice 2023, anticipant l’effet de la hausse des taux d’intérêt sur les résultats de Quincaillerie Richelieu, alors que l’entreprise tient un discours bien plus optimiste.

Il qualifie «d’intéressantes» les intentions de fusions et d’acquisitions de l’entreprise au premier coup d’œil, mais il a encore besoin de «davantage de viande autour de l’os». Grâce à elles, l’entreprise s’attend à générer 150 M$ en recette supplémentaire, ce qui est plausible selon l’analyste, sachant qu’elle a déjà ajouté 100 M$ à ses ventes au premier trimestre 2022.

Il revoit donc à la hausse son cours cible qui passe de 53,50 $ à 54,50 $, et maintient sa recommandation à «surperformance de secteur».