Annick Guérard a été nommée PDG de Transat le 27 mai 2021. (Photo: courtoisie)
CINQ FEMMES AU SOMMET. Lorsque Annick Guérard a repris les commandes de Transat des mains du PDG de l’organisation, Jean-Marc Eustache, l’entreprise se trouvait dans un épais brouillard.
L’offre de rachat d’Air Canada (AC, 23,25$) était tombée à l’eau et Transat naviguait à travers les conséquences de la COVID-19 sur l’industrie du voyage. L’objectif de la nouvelle PDG était donc de rentabiliser le transporteur aérien, écrivait alors l’analyste Benoit Poirier, de Valeurs mobilières Desjardins.
C’est toujours une des étapes clés pour assurer le redécollage de Transat, confirme son ancienne cheffe de l’exploitation en entrevue avec Les Affaires: « Le premier défi est de sortir de la crise, de stabiliser Transat pour que [la société] revienne plus forte après la pandémie.»
Annick Guérard croit qu’elle devra attendre deux ou trois ans avant de retrouver la profitabilité. Chose certaine, elle compte amener Transat «à son plein potentiel», en transformant «la culture au sein de l’organisation», afin de la rendre encore plus transparente à l’égard de ses employés.
Depuis le début de la pandémie, l’entreprise accélère la modernisation de sa flotte et rend plus efficientes ses opérations. Elle pourra mieux apprécier l’incidence de cette transition en 2022, lorsque la demande sera plus proche de la normale, précise Annick Guérard.
Transat optimise aussi ses coûts de gestion et sa structure financière, en réduisant l’effet de la saisonnalité sur ses résultats, ce qui bonifiera la rentabilité de ses activités, est-il indiqué dans sa présentation aux investisseurs de décembre 2021.
Délaissant l’industrie du voyage, la société montréalaise se concentre maintenant sur le transport aérien. Ce changement de stratégie, écrivait en décembre 2021 Kevin Chiang de Marchés des capitaux CIBC, «remet en question son positionnement concurrentiel» sur le marché canadien.
«On doit retrouver nos positions dans nos marchés clés, qui sont l’Europe et le Sud. […] On s’est repositionnés dans l’Est canadien, délaissant l’Ouest, où l’on a toujours eu de la difficulté, explique Annick Guérard. On veut diversifier notre réseau, prendre plus de place et développer de nouveaux partenariats pour avoir une offre plus riche.»
La PDG ajoute que d’autres ententes stratégiques, comme celle avec WestJet, seront annoncées en 2022.
Omicron et le durcissement des mesures aux frontières canadiennes ont créé quelques turbulences. «On a eu un taux d’annulation important, et les réservations ont stagné. On a eu un grand creux, mais il sera restreint dans le temps, précise Annick Gérard. […] Si on parvient à gérer les futures vagues en allant moins fort avec les contraintes frontalières, on pourra retourner à un niveau d’activité prépandémique en 2023.»
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Malgré la reprise du secteur, Kornak Gupta, de la Banque Scotia, s’inquiète que l’effet prolongé de la pandémie affecte davantage le plan de relance de Transat à cause d’une baisse de la demande. Les dépenses pour couvrir les frais fixes le préoccupent toujours, tout comme une possible dilution des actions, écrivait-il en décembre 2021.
C’est pourquoi il a réduit ses attentes à l’égard du bénéfice avant intérêts, impôts, amortissement et du coût du loyer de Transat, tout comme celles concernant ses flux de trésorerie libre pour l’exercice 2022, qu’il établit respectivement à 92 M$ et à -107 M$. Au cours de l’exercice 2023, ils devraient être de l’ordre de 153 M$ et de 152 M$.
Benoit Poirier estime que la stratégie à long terme de la direction du transporteur aérien et voyagiste est «sensée», mais il fait preuve de patience avant de réviser son cours cible ou sa recommandation d’achat. Il préfère prendre le temps d’observer comment l’organisation la mettra en pratique, sachant qu’elle est encore très endettée.
Le titre de Transat demeure sensible à la moindre augmentation de sa dette nette, prévient Konark Gupta.