(Photo: 123RF)
L’industrie du métavers est relativement naissante et les options d’investissements au Canada sont peu nombreuses. Comme les leaders mondiaux du secteur sont aux États-Unis ou ailleurs dans le monde, quelques fonds négociés en Bourse (FNB) canadiens permettent une exposition à des paniers de titres internationaux.
Les deux plus «vieux»sont le FNB indiciel métavers mondial Horizons (MTAV, 17,83 $) et le FNB Métavers Evolve (MESH, 6,33 $). Deux autres ont fait leur apparition en mai sur les marchés canadiens, soit le FNB indiciel Fidelity Métavers total (FMTV, 10,27 $) et le FNB Métavers CI Galaxy (CMVX, 20,00 $).
«Investir dans un FNB canadien sur le métavers permet aux investisseurs d’éviter les soucis liés à la conversion des devises et simplifie grandement la production des déclarations de revenus», opine Kaitlin Thomson, vice-présidente à la stratégie de produits chez Evolve.
Evolve est d’ailleurs le seul émetteur à avoir opté pour la gestion active de son FNB destiné au métavers, alors que les trois autres répliquent le rendement d’un indice de référence.
«Nous croyons que le métavers est un concept encore trop nouveau pour que nous puissions nous fier à un indice, qui peut placer des entreprises dans de mauvaises catégories», dit-elle. Le FNB d’Evolve offre un panier de 28 titres de sociétés de grande capitalisation, surtout en provenance des États-Unis (75,6 %) et de la Chine (13,5 %).
Selon elle, les entreprises doivent être divisées en trois catégories:celles qui créent des environnements virtuels, comme Meta Platforms (META, 195,65$US), Microsoft (MSFT, 272,50 $US), Roblox (RBLX, 31,44 $US) et Activision Blizzard (ATVI, 78,03 $US), celles qui conçoivent des logiciels pour créer des outils pour bâtir le métavers, telles Autodesk (ADSK, 207,17 $US) et Unity Software (U, 44,32 $US), et celles qui conçoivent du matériel pour utiliser la réalité virtuelle et la réalité augmentée, autre catégorie où Meta Platforms se démarque.
Kaitlin Thomson explique qu’après avoir sélectionné les entreprises qui permettent de créer le métavers, Evolve opte pour une gestion plus indicielle de son portefeuille, en rééquilibrant tous les titres à pondération égale à la fin de chaque trimestre.
À Horizons, on a opté pour une gestion passive liée au rendement de l’indice Solactive Global Metaverse qui regroupe 50 entreprises avec une pondération maximale de 5 % par titre et un rebalancement automatique à la fin de chaque trimestre.
«L’indice recherche une exposition mondiale et veut détecter les leaders d’aujourd’hui et de demain dans le secteur du métavers grâce à l’apprentissage automatique. En ce moment, nous avons une grosse exposition au marché américain (78,1 %). Si c’est là que l’on trouve les leaders, c’est là qu’on va investir. Dans deux ou trois ans, le portrait pourrait changer», explique Marie-Chantal Lauzon, vice-présidente principale au développement des affaires à Horizons Canada.
Cette dernière soutient que Horizons cible, avec son FNB sur le métavers, les investisseurs qui misent sur le long terme et peuvent tolérer la volatilité inhérente aux marchés boursiers. «Nous ciblons plus particulièrement ceux qui croient que le métavers bouleversera la technologie dans nos vies quotidiennes», dit-elle.
Le FNB de CI Galaxy reproduit le rendement de l’indice Alerian Galaxy Immersive Digital Worlds couvert en dollars canadiens, alors que celui de Fidelity souhaite calquer l’indice Fidelity Canada Métavers total. Ces deux derniers sont trop récents pour fournir toutes les informations sur leur sélection de titres.
Un thème à fort potentiel, mais…
«Le métavers est un sujet très macroéconomique qui va définir comment l’humain va interagir avec Internet dans le futur. C’est immense comme thèse d’investissement, mais reste à savoir quand et à quelle ampleur le phénomène va décoller», croit le stratège en chef et économiste sénior de iA Groupe financier, Sébastien McMahon.
Selon lui, le métavers va évoluer de façon lente et constante jusqu’à ce qu’une application très populaire soit commercialisée et incite les utilisateurs précoces à faire le saut. «Souvenons-nous du lancement de l’iPhone d’Apple (AAPL, 148,80 $US) en 2007. Ce sont des applications comme Angry Birds qui ont fait décoller la demande, parce que beaucoup de gens voulaient jouer. Il va éventuellement y avoir une application de la sorte dans le métavers et ça va décoller», estime-t-il.
Sébastien McMahon est d’avis que c’est l’industrie du divertissement qui mènera la parade, surtout le monde du jeu immersif, sans négliger l’industrie de la mode. Il est d’avis qu’il existe un marché pour les mondes virtuels où il sera, par exemple, possible de se créer un avatar et de payer pour avoir des vêtements griffés virtuels spéciaux.
Kaitlin Thomson soutient également que l’industrie du jeu vidéo sera un composant majeur du métavers, mais que la techno-logie a le potentiel de bouleverser de nombreuses industries, comme l’éducation:«En ce moment, dans les cours d’histoire, les élèves lisent des livres. Mais qu’arriverait-il si ces derniers pouvaient mettre un casque de réalité virtuelle pour se transporter à différentes époques pour visiter, par exemple, les pyramides d’Égypte ? L’expérience en classe serait vraiment différente», illustre-t-elle.
Elle croit également que la technologie pourrait révolutionner, notamment, la manière de livrer des concerts en ligne, de même que les visites de maisons virtuelles.
CONSEILS DE L’EXPERT
Viser celles qui contribuent à créer métavers
Sébastien McMahon, stratège en chef et économiste sénior, iA Groupe financier (Photo: courtoisie)
«La définition du métavers n’est pas encore assise. On n’investit pas encore dans le métavers. On investit dans des entreprises qui contribuent à créer le métavers ou qui seront bien positionnées quand il viendra. Mais la partie intéressante de la courbe n’existe pas encore.»