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Flowserve met la main sur Velan à petit prix

Dominique Beauchamp|Publié le 10 février 2023

Flowserve met la main sur Velan à petit prix

Son achat survient alors que l’énergie nucléaire, une des dix industries clientes de Velan, connaît une renaissance. (Photo: 123RF)

Le géant américain des pompes, robinets et joints industriels Flowserve (FLS, 36,05 $US) mettra bientôt la main sur le fournisseur familial de robinetterie industrielle hautement technique de Velan (VLN, 12,73 $) à petit prix.

Bien que l’offre de 13$ par action soit le double du cours de l’action de Velan, le prix offert représente à peine 7 fois le bénéfice d’exploitation de 21 millions de dollars américains des douze derniers mois, après les synergies prévues, et de 10 fois avant les synergies.

Un actionnaire de longue date, Stephen Takascy de Gestion d’actifs Lester, se dit déçu étant donné qu’il détient ses actions depuis une dizaine d’années et que son coût moyen d’achat s’établit à 11$.

«Velan aurait pu renouer avec un bénéfice d’exploitation de 40 M$ US éventuellement, avec des marges brutes de 30% et une réduction des dépenses générales et administratives. Ils auraient pu attendre des meilleurs résultats à venir maintenant que le redressement gagne en force, mais la famille vieillit», explique-t-il en entrevue.

En juillet 2019, le gestionnaire de Montréal avait joint d’autres actionnaires à l’assemblée annuelle pour se plaindre aux dirigeants de la société familiale de la lenteur du plan de relance. Il avait alors enjoint la société à se mettre aux enchères.

Fondée en 1950, Velan est entrée en Bourse à 16,50$ en 1996 et son action a atteint un sommet de 21,80$ en 2014.

«L’offre est néanmoins nettement supérieure au cours récent du titre. En bout de ligne, c’est ce qui compte aujourd’hui», se résigne Stephen Takacsy, pour qui Velan représente le 42e de ses placements qui est acquis dans des offres, depuis 17 ans.

 

Rendez-vous manqués

Stephen Takascy avait espéré beaucoup mieux, lui qui suit l’entreprise depuis 1986 alors qu’il travaillait à la Banque Royale. Le gestionnaire l’avait souvent citée en tant que cible potentielle. Les «probabilités augmentent depuis le décès du fondateur Karel Velan à l’âge de 99 ans», avait-il déclaré en 2017.

«Ses trois fils ont dépassé l’âge de la retraite depuis un moment déjà. Et il y a fort à parier que la nouvelle génération (12 petits-enfants et 15 petits petits-enfants) soit moins attachée à l’entreprise familiale», avait-il alors mis en contexte.

Au fil des ans, le gestionnaire de portefeuille avait attribué une valeur de 20$ par action à Velan en 2013, alors que ses revenus avaient atteint un record d’un demi-milliard de dollars. Il imaginait alors une offre potentielle d’un conglomérat japonais ou coréen.

En 2017, le portefeuilliste avait indiqué que si on attribuait à Velan la même valeur que l’offre en 2016 de 3,15 milliards de dollars américains d’Emerson Electric (EMR, 84,67 $US) pour Pentair Valves and Controls, le fabricant de Ville Saint-Laurent vaudrait entre 26 et 30$.

Il faut dire que l’entreprise fondée par l’ingénieur Karel Velan a connu de nombreux soubresauts, tant familiaux qu’industriels, qui ont fait fluctuer ses résultats financiers, dans un créneau volatil.

Son achat survient alors que l’énergie nucléaire, une des dix industries clientes de Velan, connaît une renaissance. Ses appareils de robinetterie sont installés dans les deux tiers des centrales nucléaires au monde.

Certaines des valves équipent aussi les navires et sous-marins nucléaires des membres de l’OTAN.