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Prometic est à court de liquidités, son action chute de 30%

Dominique Beauchamp|Publié le 03 avril 2019

Une recapitalisation et d'autres levées de fonds sont nécessaires pour poursuivre les activités.

Le spécialiste des protéines dérivées du plasma sanguin Prometic Sciences de la vie (PLI, 0,21$) est dans une course contre la montre pour colmater d’urgence une crise de liquidités.

Toutes les options sont sur la table pour poursuivre ses activités, indique la société lavalloise.

Cette divulgation et la perte de 237,9 millions de dollars essuyée en 2018 ont fait plonger son action de 30% en cinq séances.

«L’insuffisance de financement à court terme requiert une intervention urgente afin de restructurer l’endettement de la société et de réunir des capitaux», indique le communiqué dévoilant des résultats annuels.

«Ceci pourrait inclure la restructuration d’une dette due à Thomvest Asset Management, une recapitalisation ou un financement supplémentaire substantiel par équité. En attendant, nous dépendons du support de Thomvest», révèle sans détour Bruce Pritchard, chef de l’exploitation et de la direction financière.

Lazard & Frères embauchée

Parallèlement à la «crise financière», le conseil a formé en février un comité indépendant d’administrateurs chargé de superviser l’examen stratégique qui a été confié à Lazard Frères & Co.

Les transactions potentielles pourraient inclure des octrois de licence de médicaments candidats et la vente d’actifs non essentiels.

Pour poursuivre ses activités, Prometic a obtenu en février et mars et deux tranches additionnelles de 15 millions de dollars américains de Thomvest, une firme d’investissement contrôlée par Peter J. Thomson de la richissime famille Thomson de Toronto, en vertu d’une entente de prêt conclue en novembre 2017.

En échange, la société a émis 19,4 millions de bons de souscription d’une durée de huit ans convertibles en actions privilégiées de série A .

Au premier trimestre, Prometic a aussi émis 12,87 millions d’actions pour 4,1M$, en vertu d’une entente préalablement conclue avec Canaccord Genuity qui les a écoulé auprès de clients.

Deux analystes se prononcent

La crise est telle que Lennox Gibbs, de TD Valeurs mobilières, suspend son cours cible parce qu’il est incapable d’en établir la valeur, compte tenu de l’impact incalculable de la recapitalisation envisagée, explique-t-il.

«La société a dépensé 82,5M$ en 2018. L’année s’est terminée avec une encaisse de 7,4 millions de dollars et une dette de 125,8M$», précise M. Gibbs.

Douglas Miehm, de RBC Marchés des capitaux, réduit son cours cible de 1,25 à 0,70$, mais reconnaît qu’il pourrait baisser d’encore 40 à 50% si Prometic recapitalise 70% de sa dette et procède ensuite à une collecte de fonds de 70M$ à 0,20$ par action.

L’analyste garde espoir que la société puisse vendre à un tiers une licence pour le Ryplazim qui pourrait rapporter 100M$.

L’an prochain, Prometic pourrait aussi récolter 125M$ de la vente potentielle d’un bon de révision prioritaire qu’accorde la FDA américaine pour accélérer la mise au point de médicaments pédiatriques ou de traitements rares, croit l’analyste.

Prometic est éligible pour recevoir un tel bon lors de l’approbation finale du Ryplazim. Cet incitatif, qui raccourcit le temps de révision, peut être revendu.

M. Miehm salue aussi la transparence de la société et ses nouveaux efforts pour réduire ses dépenses.

La perte annuelle de 237,9M$ inclut la dévaluation comptable de 150M$ des actifs intangibles associés à l’immunoglobuline intraveineuse qui peut traiter les patients souffrants d’immunodéficiences primaires.

En raison des délais de l’homologation de sa thérapie vedette, le plasminogène Ryplazim, Prometic a été contrainte de se recentrer sur ce traitement et de mettre sur la glace ses autres essais cliniques.

Le Ryplazim vise à traiter les carences en plasminogène chez les patients atteints de déficience congénitale.

Prometic est dirigée sur une base intérimaire par l’administrateur Dr. Simon Best depuis le départ soudain en décembre 2018 du PDG de longue date Pierre Laurin.

Prometic se dit à la recherche d’un nouveau PDG. L’administratrice Kory Sorenson a aussi quitté le conseil, le 31 mars.