Une 6e émission pour Savaria en 5 ans, l’action plonge de 10%
Dominique Beauchamp|Publié le 02 avril 2019Le spécialiste des équipements à mobilité réduite récoltera 81 M$ pour financer sa croissance rapide.
Le spécialiste des équipements pour la mobilité réduite Savaria procède à une sixième émission d’actions depuis 2014 pour financer sa croissance rapide.
Le lendemain d’un sommet annuel de 15,45$, la société de la famille Bourassa profite de l’envolée de son titre à un nouveau sommet annuel le 1er avril pour conclure une placement privé de 81,4 millions d’actions à 14,15$ chacune.
Puisque le prix d’émission est de 8% inférieur au sommet d’hier, l’action de Savaria (SIS, 13,57$) perd 10% à mi-séance, sur un fort volume de 1,2 million d’actions transigées, presque dix fois plus élevé qu’hier.
Au moins deux analystes avaient tout juste relevé leur cours cible à 17,50$ au dévoilement des résultats annuels de la société, le 28 mars.
L’acquéreur actif est un habitué des placements d’actions ayant émis 149M$ d’actions à un cours variant entre 3,25$ et 16,60$ depuis avril 2014.
Savaria aura émis 230 M$ d’actions depuis 2014 entre 3,25$ et 16,60$. (Source: courtiers)
La dernière émission, de 57,3M$ au cours de 16,60$ réalisée il y a un an, avait financé l’achat de la multinationale suisse Garaventa Lift au coût de 100M$, en septembre 2018.
Cette fois, la société entend consacrer les fonds récoltés à de nouvelles occasions de croissance, des acquisitions stratégiques et des investissements afin de maximiser ses ventes, indique le communiqué de presse.
Son bilan sera enforcé puisque le ratio qui compare la dete au bénéfice d’exploitatiom passera de 2,4 à 0,3 fois.
Si le bond de 90% du nombre d’actions en circulation dérange à première vue, Saravia a accru ses revenus de 278%, son bénéfice d’exploitation de 328% et son bénéfice net de 233%.
« Marcel Bourassa, président et chef de la direction, et son fils Sébastien Bourassa, vice-président exploitation et intégration, achèteront un million de dollars d’actions, en vertu du placement. »
La famille Bourassa détenait 29,5% des actions, avant le placement privé. Elle avait vendu une portion de ses actions en 2016 au cours de 11,34$ pour des raisons de planification successorale, mais elle avait participé à l’émission de 2017, à 13,90$ et à celle de 2018, à 16,60$.
La Suisse Garaventa en plein coup de barre
Frédéric Tremblay, de Desjardins Marché des capitaux, avait relevé son cours cible de 16 à 17,50$ après l’amélioration inattendue de la marge d’exploitation de sa filiale américaine Span, qui est passée de 9% lors des deux trimestres précédents à 12,4% au quatrième.
Une hausse de 4% des prix de vente a compensé pour l’augmentation des coûts de la mousse, du transport et des salaires.
«Cette amélioration marque un renversement par rapport au déclin des marges de Span depuis le troisième trimestre de 2017», avait pour sa part signalé Zachary Evershed, de la Financière Banque Nationale.
Les deux analystes se disent confiants du plan d’action de Savaria pour redresser la Suisse Garaventa.
Déjà, Savaria a fermé l’usine déficitaire en Chine, a obtenu des économies sur ses achats de matériaux de la part de fournisseurs et a changé la haute direction en Europe, énumére M. Tremblay.
L’analyste de Desjardins jugea que Savaria est sur une nouvelle lancée, car les marges de Span lui apparaissent durables alors que les mesures de redressement de Garaventa se feront sentir au cours des prochaines années.
En même temps, ses produits d’accèssibilité d’origine connaissent une solide croissance interne et dégagent une marge élevée de 25%.
«Nous croyons que l’exécution des dirigeants mènera à la réévaluation du titre qui s’est historiquement négocié à un multiple de 13,4 fois le bénéfice d’exploitation», écrivait-il le 28 mars.
Son collègue, M. Evershed voyait d’un bon œil la décision de l’acquéreur actif de consacrer les deux prochaines années à intégrer ses plus récentes acquisitions et surtout à optimiser l’achat de Garaventa.
L’analyste avait donc abaissé légèrement ses prévisions pour 2019, mais il avait relevé celles pour 2020.
M. Evershed entrevoit une hausse de 55,2M$ à 62,4M$ du bénéfice d’exploitation et de 0,56$ à 0,67$ du bénéfice par action, enre 2019 et 2020, avant le placement privé.
Il signale qu’avant l’achat de Span et de Garaventa, Savaria avait réalisé un rendement du capital investi moyen de 19,6%. Ce rendement est tombé de moitié à 8,3% en 2018.