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Berkshire Hathaway 2024: la grand-messe du capitalisme 

Philippe Leblanc|Édition de la mi‑juin 2024

Berkshire Hathaway 2024: la grand-messe du capitalisme 

«Nous nous élançons seulement lorsque nous recevons un lancer que nous aimons. Les lancers que nous recevons ces temps-ci ne sont pas attrayants.» - Warren Buffett (Photo: Getty Images)

Voici quelques éléments que je considère comme les plus marquants de l’assemblée annuelle de Berkshire Hathaway 2024, après relecture des quelque 15 pages de notes que j’ai prises pendant les plus de six heures qu’ont duré l’assemblée, dont près de cinq pendant lesquelles Warren Buffett, Greg Abel (PDG et vice-président du conseil de toutes les activités de non-assurance de la société) et Ajit Jain (vice-président du conseil des activités d’assurance) ont répondu aux nombreuses questions d’actionnaires. 

Hommage à Charlie Munger 

Par une vidéo de près de 30 minutes rendant hommage à Charlie Munger, décédé en novembre dernier à l’âge de 99 ans, nous avons appris que ce dernier et Warren Buffett étaient non seulement de grands amis, mais aussi des partenaires en affaires et des fervents de la vie.  

Bien que partageant la même philosophie, ils étaient largement complémentaires. Selon Warren Buffett, «Charlie avait des intérêts beaucoup plus vastes que les miens».  

Même s’ils n’étaient pas toujours d’accord lors de la prise d’une décision, l’emblématique investisseur dit qu’ils ne sont jamais chicanés en plus de 50 ans. «Nous avons eu beaucoup de plaisir à travailler ensemble. Encore plus lorsque certains de nos investissements ont échoué. C’était un grand plaisir d’essayer de trouver ensemble des solutions à nos problèmes. » 

Comme Buffett, Charlie Munger a continué à lire et à apprendre tout au long de sa vie. « Je n’ai jamais vu quelqu’un atteindre son apogée (cognitive) à 99 ans », a raconté Warren Buffett, selon qui Charlie Munger a rencontré les plus grands cerveaux des 2000 dernières années grâce à ses lectures. 

Sa perception des marchés boursiers 

Warren Buffett dit rarement ce qu’il pense des marchés boursiers de manière directe et précise. Il a plutôt tendance à faire des allusions et il faut savoir lire entre les lignes pour comprendre sa perception des marchés. Cette fois-ci, il m’a semblé évident qu’il considère les marchés plutôt chers et qu’il n’y trouve pas grand-chose d’intéressant. Il semble aussi plutôt préoccupé par ce qui se passe dans le monde. 

Il a notamment dit: «Avec tout ce qui se passe dans le monde, il me semble que l’encaisse est un bon investissement». Il dit attendre la bonne occasion, répétant une analogie du frappeur au baseball: «Nous nous élançons seulement lorsque nous recevons un lancer que nous aimons. Les lancers que nous recevons ces temps-ci ne sont pas attrayants.» 

Un des grands avantages de Berkshire Hathaway est sa capacité d’être le prêteur ou l’investisseur de dernier ressort lors de crises financières ou économiques. On l’a vu pendant la crise financière de 2008-2009, la société ayant investi des sommes substantielles dans plusieurs entreprises, comme Mars, Goldman Sachs (GS, 456,14$US), Bank of America (BAC, 39,86$US) et Dow Chemical. Dans des conditions de marché « normales », il devient de plus en plus difficile pour la société d’investir des sommes substantielles.  

Investir à l’extérieur des États-Unis 

Dans la foulée de l’investissement de quelque 6 milliards de dollars américains (G$ US) dans plusieurs sociétés japonaises depuis 2020, on a demandé à Warren Buffett s’il était probable que Berkshire Hathaway investisse davantage à l’international à l’avenir, en particulier en Chine et à Hong Kong.  

Selon le dirigeant, « les principaux investissements de Berkshire seront toujours aux États-Unis ». 

De plus, il souligne que Berkshire participe à la croissance des marchés internationaux par des investissements dans plusieurs sociétés américaines telles qu’American Express (AXP, 232,65$ US) ou Coca-Cola (KO, 64,01$ US). Il ajoute qu’il comprend très bien le marché américain, alors que ce n’est pas le cas pour les marchés internationaux. 

Ainsi, Berkshire continuera d’être « orientée vers les États-Unis. Ses plus gros investissements futurs seront probablement aux États-Unis et il est peu probable que l’entreprise fasse des investissements majeurs à l’extérieur du pays ». Il ajoute qu’il perçoit beaucoup moins de risque dans le marché américain que dans tout autre pays.  

Le Canada n’est pas un pays étranger 

J’ai été agréablement surpris que Warren Buffett parle spécifiquement du Canada et de la possibilité d’y investir des sommes importantes. Il a notamment dit que Berkshire avait «la chance d’avoir une présence significative, au Canada».  

Il se dit d’ailleurs «très confortable avec l’environnement économique du Canada». Même s’il n’y a pas beaucoup de grosses entreprises en sol canadien, il n’éprouverait « aucune hésitation à investir des sommes substantielles au pays », laissant d’ailleurs entendre que Berkshire évaluait présentement la possibilité de faire un tel investissement.  

Pics et pelles 

Selon Greg Abel, la demande en électricité sera très forte pour de nombreuses années. En Iowa, où Berkshire Energy est très présente, cette demande devrait «doubler d’ici 2035». Le développement de l’intelligence artificielle, des centres de données, ainsi que le déploiement de véhicules électriques augmenteront sensiblement la demande en électricité, particulièrement celle provenant de sources renouvelables. Au Nevada, un autre État clé pour Berkshire Energy, la demande devrait «tripler d’ici la fin des années 2030 ».  

Philippe Le Blanc, CFA, MBA 

Chef des placements chez COTE 100 

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