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EXPERT INVITÉ. L’année 2024 a été remplie d’incertitudes. Qu’elles soient politiques, géopolitiques, économiques, monétaires ou encore microéconomiques. Cependant plusieurs indices boursiers ont connu des performances remarquables. On songe (en devises locales) par exemple au Dax (+15%), à l’Ibex (+15%), au Nikkei (+14,5%) et bien sûr aux indices américains avec une performance de près de 25% pour le S&P 500 et Nasdaq 100. Vous vous dites alors que c’est la fin de la hausse et que cela serait bien mérité. Et pourtant, l’histoire nous apprend toute autre chose… Synthèse et analyse.
Les faits
Il n’est pas facile de trouver des failles dans les performances du marché de cette année, qui continue à offrir des rendements élevés avec une faible volatilité. Le S&P 500 a gagné près de 25% et ne semble pas vouloir s’arrêter en si bon chemin.
Cette dynamique positive à l’approche de 2025 s’appuie sur la résistance des consommateurs, la hausse des bénéfices des entreprises et le début d’un cycle de réduction des taux d’intérêt, des rachats d’actions massifs, des conditions qui devraient persister au cours des prochains trimestres.
Cela étant dit, à plus d’un mois de la fin de l’année, personne ne serait étonné de voir une progression de 5% pour l’indice phare américain ce qui ferait une progression de 30% en 2024. Extraordinaire nous direz-vous, mais pas réitérable en 2025. Et bien, vous auriez peut-être tort. En effet, l’histoire (une nouvelle fois) ne nous raconte pas tout à fait la même chose…
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Que nous raconte l’histoire?
Selon les travaux de Ritholtz, on constate qu’une progression de 30% ou plus du S&P 500 n’est pas aussi rare depuis 1928. En effet, il y a eu 18 années au cours desquelles le marché boursier a terminé avec un gain de 30% ou plus. Cela représente environ 20% du temps, soit une année sur cinq.
Il y a également eu 7 années au cours desquelles le S&P 500 a terminé l’année avec des gains compris entre 25 et 30%. Cela signifie que 25 des 96 dernières années ont connu des gains de 25% ou plus.
Peut-on progresser après une… hausse?!
Se pose maintenant la question de savoir si la potentielle nette progression (il reste cependant 1 mois) du S&P 500 en 2024 signifie que l’année 2025 sera synonyme de baisse (ou de prise de bénéfices) ?
Et la réponse n’est pas nécessairement oui. En effet, si on analyse les rendements moyens du S&P 500 dans l’année qui suit une année de hausse et des gains de plus de 20%, de plus de 25% et de plus de 30%, on constate souvent la poursuite de la tendance.
Le graphique ci-après montre le rendement moyen des actions dans l’année qui suit une «année haussière» pour le marché boursier, sur la base de données historiques allant de 1928 à 2023. On y constate que :
1 – Rendement moyen après une année de hausse (rendement positif) :
• en moyenne, le marché affiche un rendement de 10,63% au cours de l’année qui suit une année positive.
• Cela suggère que la dynamique positive du marché boursier se poursuit souvent l’année suivante.
2 – Rendements après des gains plus importants :
• après des années de gains de 20% ou plus, le rendement moyen de l’année suivante est légèrement inférieur (8,92%). • Pour les rendements de 25% ou plus, il baisse encore à 8,66%.
• Toutefois, si le rendement de l’année précédente était de 30% ou plus, le rendement moyen remonte légèrement à 9,95%.
3 – Principaux enseignements :
• le marché boursier a tendance à bien se comporter même après des années fortement positives, mais les rendements moyens diminuent légèrement à mesure que l’ampleur des gains de l’année précédente augmente.
• Une forte performance de l’année précédente (20% ou plus) peut conduire à des rendements plus modérés, mais toujours positifs, peut-être en raison de valorisations plus tendues ou de prises de bénéfices.
• Il est intéressant de noter qu’après des années très fastes (plus de 30%), les performances de l’année suivante se redressent et atteignent presque la moyenne de l’année positive, ce qui indique que les périodes exceptionnellement haussières ne conduisent pas toujours à des corrections significatives.
Enfin, notons que si la performance se maintient cette année, cela ferait trois des quatre dernières années avec des gains de 25% ou plus. Ce serait également 5 des 6 dernières années avec des gains à deux chiffres. Pour être honnête, 2022 a été une année de baisse à deux chiffres, ce qui signifie que tout n’a pas été rose.
- 2019 +31%
- •2020 +18%
- 2021 +28%
- 2023 +26%
- 2024 +27%
Rappelons que 3 années de hausses consécutives pour le S&P 500 n’est pas un fait impressionnant, depuis 1929, il y a en effet eu 12 hausses consécutives voire plus. Dans ces 12 hausses, notons par exemple une période de… 8 hausses annuelles consécutives (entre 1982 et 1989) ou encore de 5 hausses (entre 2003 et 2007 ou encore entre 1995 et 1999).
L’année 2022 n’ayant cependant pas connu une performance «honorable» avec – 19,44% sur le S&P 500 (voir ci-après).
Suivant – Pourquoi les marchés baissent ?!
Pourquoi les marchés baissent ?!
La question semble assez “scolaire », mais elle est très importante. En effet, on parle
d’évolution des indices une année après l’autre en essayant de prévoir la
prochaine, cependant on oublie souvent que derrière les baisses des marchés, il y a
toujours une, ou plusieurs raisons.
- 2000 (-10,14%) : Le S&P 500 chute en raison de l’éclatement de la bulle Internet, les valeurs technologiques surévaluées s’effondrant après des années d’investissements spéculatifs.
- 2001 (-13,04%) : Le marché poursuit son déclin dans le sillage de la bulle Internet, aggravé par le ralentissement économique et les attaques terroristes du 11 septembre.
- 2002 (-23,37%) : Le déclin s’accentue alors que les scandales d’entreprises (par exemple, Enron et WorldCom) ébranlent la confiance des investisseurs et que les craintes d’un ralentissement économique prolongé persistent.
- 2008 (-38,49%) : La crise financière déclenchée par la faillite de Lehman Brothers et l’effondrement des prêts hypothécaires à risque ont entraîné de graves turbulences sur les marchés et une récession mondiale.
- 2018 (-6,24%) : Le marché a chuté en raison des inquiétudes suscitées par la hausse des taux d’intérêt, des tensions commerciales entre les États-Unis et la Chine et des craintes d’un ralentissement de l’économie mondiale.
- 2022 (-19,44%) : La baisse est due aux hausses agressives des taux d’intérêt de la Réserve fédérale pour lutter contre l’inflation, aux tensions géopolitiques et aux craintes d’une récession potentielle.
Synthèse
En 2024, le S&P 500 pourrait frôler les 30% de gains, en bénéficiant d’une dynamique soutenue par des facteurs économiques solides et une politique monétaire favorable. L’histoire montre que, même après des années de forte hausse, les marchés ont tendance à poursuivre leur progression, avec des rendements moyens positifs autour de l’année suivante, contredisant l’idée d’une correction systématique. Pourquoi pas en 2025?