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La Fed pourrait être plus timide dans sa prochaine réduction des taux d’intérêts

Morningstar|Mis à jour le 11 octobre 2024

La Fed pourrait être plus timide dans sa prochaine réduction des taux d’intérêts

(Photo: AdobeStock)

Les embauches de septembre se sont avérées bien plus importantes que ne le prévoyaient les économistes, ce qui rend plus probable que la Réserve fédérale opte pour une réduction des taux d’intérêt en novembre moins importante que ce qui était prévu il y a seulement quelques semaines.

L’économie américaine a créé 254 000 emplois en septembre, selon le dernier rapport du Bureau de statistiques sur l’emploi (Bureau of Labor Statistics, BLS) qui a également revu à la hausse les estimations précédentes concernant la création de nouveaux emplois en août et en juillet. Dans le même temps, le taux de chômage est descendu à 4,1% en septembre, contre 4,2% en août.

Les économistes prévoyaient que l’économie créerait 140 000 emplois en septembre, ce qui n’aurait guère changé par rapport à l’augmentation initialement annoncée pour le mois d’août. Par ailleurs, le taux de chômage devrait rester inchangé à 4,2%.

Le rapport sur l’emploi de septembre «signifie que la Fed est presque certaine de réduire ses taux de 25 points de base plutôt que de procéder à une nouvelle réduction de 50 points de base lors de sa prochaine réunion», déclare Preston Caldwell, économiste américain senior chez Morningstar. «Dans l’ensemble, le rapport atténue quelque peu l’effet des données sur l’emploi, qui avaient précédemment montré une hausse alarmante du chômage et une décélération de la croissance de l’emploi salarié non agricole. Nous ne sommes pas surpris que les données sur l’emploi aient pris une direction plus positive. Comme nous l’avons fait remarquer à propos des rapports des mois précédents, il serait surprenant que le marché de l’emploi s’effondre alors même que l’activité économique connaît une croissance robuste. Presque toujours, le marché du travail est un indicateur retardé».

Chiffres clés du rapport sur l’emploi de septembre

Le nombre total d’emplois non agricoles a augmenté de 254 000 en septembre, contre 159 000 en août, chiffre révisé à la hausse.

Le taux de chômage est passé de 4,2% en août à 4,1%.

Le salaire horaire moyen a baissé de 0,1% pour atteindre 34,20 dollars, après avoir augmenté de 0,3% en août.

Les embauches sont nombreuses dans le rapport de septembre

Preston Caldwell note que la croissance sur trois mois de la masse salariale non agricole s’établit désormais à un taux annuel de 1,4%, contre 0,9% avant la publication du rapport. «Cette amélioration est due à une forte croissance en septembre, ainsi qu’à des révisions à la hausse en juillet et en août», explique-t-il. «C’est la première fois depuis mars 2024 que nous observons d’importantes révisions à la hausse des données des mois précédents. Depuis, plusieurs rapports ont fait l’objet d’importantes révisions à la baisse, y compris le rapport du mois d’août dernier».

Les données utilisées pour calculer le taux de chômage, c’est-à-dire l’enquête auprès des ménages, ont correspondu aux bons résultats en matière d’embauche. Cette enquête est distincte de l’enquête auprès des établissements, qui produit les chiffres de la masse salariale non agricole. «Il est important de noter que l’enquête auprès des ménages a également enregistré d’importants gains d’emplois, le taux de croissance de l’emploi sur trois mois s’améliorant pour atteindre 2,2% en rythme annuel», précise Preston Caldwell.

«Compte tenu de la forte progression de l’emploi dans l’enquête auprès des ménages, on s’attendrait à ce que le taux de chômage baisse. Et en effet, il est descendu à 4,1% en septembre après avoir culminé à 4,3% en juillet».

Les soins de santé et les loisirs, moteurs de la croissance de l’emploi

Le BLS note que les embauches «ont continué à augmenter dans les secteurs de la restauration et des débits de boissons, de la santé, de l’administration publique, de l’assistance sociale et de la construction».

Si l’on considère les trois derniers mois, «au niveau de l’industrie, la composition des gains d’emplois reste assez asymétrique», explique Preston Caldwell. «Les secteurs de la santé et des loisirs ont représenté environ deux tiers des créations d’emplois au cours des trois derniers mois. Le reste provient des administrations publiques, ainsi que des secteurs de la construction et de l’immobilier».

Il poursuit: «L’embauche dans les industries composées en grande partie de cols blancs — y compris la finance, les services professionnels, la gestion, l’administration et la technologie — a été tiède, avec une croissance collective de 0,5% d’une année sur l’autre. Ces dernières années, ces secteurs ont enregistré d’importants gains de productivité, ce qui réduit les besoins en main-d’œuvre. Les outils d’intelligence artificielle pourraient contribuer à ces gains.»

Les salaires sont positifs pour les perspectives d’inflation

Le salaire horaire moyen a baissé de 0,1% pour atteindre 34,20 dollars, après avoir augmenté de 0,3% en août, selon le BLS.

«La croissance des salaires s’est légèrement accélérée, atteignant 4,0% d’une année sur l’autre en septembre, contre 3,6% d’une année sur l’autre en juillet, mais elle reste bien inférieure au pic de 5,9% atteint en janvier 2022», explique Preston Caldwell. «La productivité de l’ensemble de l’économie augmentant fortement (2,6% en glissement annuel à partir du deuxième trimestre 2024, selon nos estimations), ce taux de croissance des salaires n’est pas incompatible avec la réalisation d’une inflation de 2%.»

La Fed envisage de réduire ses taux d’un quart de point en novembre

À la suite du rapport sur l’emploi de septembre, les attentes concernant une deuxième réduction d’un demi-point de pourcentage de la fourchette cible des taux d’intérêt de la Fed se sont largement évanouies lors de la prochaine réunion des autorités en novembre. La fourchette cible actuelle de la Fed est de 4,75% à 5,00%.

«Avec de telles données, en supposant que les données sur l’activité économique et les conditions financières se maintiennent, nous n’assisterons pas à d’autres réductions de 50 points de base de la part de la Fed», déclare Preston Caldwell. «La Fed se contentera de réduire son taux de 25 points de base, et nous pourrions même assister à une réunion de saut ici ou là en 2025. Si les données relatives à l’activité économique et à l’emploi ne s’affaiblissent pas, nous verrons probablement la Fed cesser sa campagne de réduction des taux à un niveau supérieur aux projections actuelles du comité fédéral de marché ouvert (Federal Open Market Comitee, FOMC), qui prévoient un taux de financement fédéral de 2,9% à la fin de l’année 2026. Mais Morningstar prévoit un affaiblissement de la croissance économique au cours de l’année prochaine, ce qui entraînera un nouveau ralentissement du marché de l’emploi. Combinée à la normalisation de l’inflation, cette situation maintiendra la Fed sur la voie d’une réduction agressive des taux d’intérêt.»