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Le titre de Banque Nationale est-il devenu trop cher?

Jean Gagnon|Publié à 10h35 | Mis à jour à 12h29

Le titre de Banque Nationale est-il devenu trop cher?

(Photo: AdobeStock)

BOUSSOLE BOURSIÈRE. Rarement voit-on sur un graphique boursier autant d’éléments aussi positifs. Celui du titre de Banque Nationale montre en effet présentement une formation qui a de quoi enthousiasmer les investisseurs même les plus perplexes.

Reste toutefois une question en suspens. Le titre aurait-il atteint trop vite une valorisation boursière trop élevée en fonction de sa capacité à générer les bénéfices qui supporteront sa croissance éventuelle et le paiement de son dividende ? Plusieurs semblent le croire.

D’abord, que nous dit l’image:

Après s’être affaissé jusqu’à 40 $ lors de l’arrivée de la pandémie de COVID-19 durant l’hiver 2020, le cours de l’action de la banque québécoise a entamé une remontée qui l’a amené à un nouveau sommet de 105 $ en moins de deux ans. Puis, durant les années 2022-2023, le titre a fluctué dans un corridor dont les bornes inférieure et supérieure ont été de 82 $ et de 105 $ (lignes pointillées). Cette période a permis au titre de se construire une solide base qui pourrait soutenir éventuellement une tendance à la hausse intéressante dans le cas où il se dégagerait par le haut de ce corridor de fluctuations, explique Monica Rizk, analyste technique senior pour les publications Phases & Cycles. « C’est justement ce qui se passe depuis l’hiver dernier », dit-elle.

Après être passé au-dessus de la borne supérieure du corridor à 105 $, le cours de l’action a touché un nouveau sommet à 118 $ (Point A). Il s’est ensuite engagé dans une phase de correction qui l’a ramené à 105 $ (Point B), niveau qui agit maintenant comme support. Il est ensuite reparti de plus belle vers un nouveau sommet de 127 $ (Point C). Difficile d’imaginer une structure technique plus intéressante, alors que le titre se négocie depuis le début de l’année bien au-dessus de sa moyenne mobile de 200 jours (ligne grise), qui est le reflet de sa tendance à long terme, conclut l’analyste.

Des analystes prêchent la prudence

À n’en pas douter, les résultats du 3e trimestre 2024 de la banque, divulgués la semaine dernière, ont été une fois de plus très bons. Les bénéfices avant impôts et provisions pour pertes ont été de 4 % supérieurs aux attentes de Doug Young, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins. Quant aux bénéfices par action en espèces, ils ont excédé ses prévisions de 6 %.

À la suite de ces résultats, l’analyste hausse son cours cible pour les prochains 12 mois de 118 $ à 127 $, soit tout juste le sommet atteint la semaine dernière. Il admet que la banque a connu un autre trimestre solide, mais il estime que le cours de l’action se situe déjà à sa juste valeur.

Darko Mihelic, analyste chez RBC Marchés des capitaux, est encore plus prudent. Il fixe son cours cible à 116 $, suggérant ainsi que le cours de l’action devrait inévitablement reculer. À son niveau actuel, le titre de Banque Nationale se négocie à un multiple de 11,5 fois le bénéfice par action qu’il estime pour les prochains douze mois. Il s’agit-là du multiple le plus élevé de toutes les grandes banques canadiennes, et nettement supérieur à sa moyenne historique à long terme de 10,1 fois.