Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires
John Plassard

Préparé pour le futur

John Plassard

Expert(e) invité(e)

L’effet d’octobre existe-t-il vraiment?!

John Plassard|Mis à jour le 23 septembre 2024

L’effet d’octobre existe-t-il vraiment?!

(Photo:123RF)

EXPERT INVITÉ. Ce titre doit vous faire sourire, car il y a exactement 1 mois de cela, nous avons parlé de… l’effet de septembre! Le marché foisonne de légendes urbaines, dictons ou encore de multiples maximes aussi diverses que variées. Parmi ceux-ci : l’effet d’octobre (ou October effect en anglais). À un moment où les incertitudes n’ont jamais été aussi nombreuses (politiques, économiques, monétaires ou encore géopolitiques) faut-il se référer à l’histoire pour faire évoluer son portefeuille? Synthèse et analyse.

Les faits

Sell in May and go away, don’t catch a falling knife, buy the rumor, sell the news ou encore the trend is your friend, on ne compte plus les adages boursiers. Parmi ceux-ci, on peut aussi citer l’October Effect (l’effet d’octobre). L’effet octobre est une théorie qui repose sur l’idée que des événements négatifs graves sur le marché boursier sont susceptibles de se produire au cours du mois d’octobre. Certains investisseurs sont très attachés à cette théorie, au point parfois de prendre des mesures supplémentaires pour protéger leurs portefeuilles pendant tout le mois. D’autres pensent que l’effet octobre est plus une superstition qu’un phénomène récurrent bien documenté sur le marché, et ont tendance à ne pas faire grand-chose en matière de préparation spéciale. De quel côté faut-il pencher?

Quels sont les évènements marquants d’octobre 

De nombreux évènements se sont déroulés durant les mois d’octobre depuis plus de 100 ans, dont :

  • L’emballement de 1907

La panique de 1907 était une crise financière déclenchée par une série de mauvaises décisions bancaires et une frénésie de retraits provoquée par la méfiance du public envers le système bancaire. J.P. Morgan et d’autres riches banquiers de Wall Street ont prêté leurs propres fonds pour sauver le pays d’une grave crise financière.

L’impact de la panique a conduit à la création du Système de la Réserve fédérale. 

Mal à l’aise à l’idée de mettre en jeu leur fortune personnelle pour stabiliser le système financier qui les avait rendus riches, les grands banquiers, dont Morgan et d’autres, ainsi que leurs alliés politiques au Congrès et au Trésor, ont avancé des plans visant à faire de la responsabilité publique le renflouement des marchés si nécessaire. 

La panique a commencé en octobre 1907 et s’est prolongée pendant six semaines. Au cours de cette période, il y a eu de multiples retraits de banques et de fortes ventes de panique à la bourse.

  • Le krach boursier de 1929

Après la Première Guerre mondiale, les puissances européennes peinent à sortir de la crise. L’économie américaine, elle, se porte bien grâce à l’augmentation de sa production industrielle dans les années 1920. 

Attirés par des gains rapides, les Américains sont de plus en plus nombreux à acheter des actions, jusqu’à atteindre 6% de la population américaine en 1929. Elles sont pour la grande majorité achetées à crédit, c’est le cas de 4/5 ème des actions achetées cette même année.

Ce boom spéculatif entraîne le fameux et désastreux «jeudi noir». Le 24 octobre 1929, 13 millions d’actions sont offertes à la vente, mais comme il n’y pas suffisamment d’acheteurs les cours s’effondrent. Panique à Wall Street! La situation ne s’améliore pas le 28 octobre, le «lundi noir» mais c’est encore pire le lendemain, le «mardi noir», où 16 millions de titres sont vendus à n’importe quel prix.

  • Le lundi noir

Le 19 octobre 1987 (appelé le «lundi noir») a vu l’indice Dow Jones baisser jusqu’à son paroxysme avec -22,6% en un jour. La politique économique du gouverneur de la Banque Centrale visant à éradiquer l’inflation a provoqué une hausse importante des taux d’intérêt et l’annonce des chiffres du déficit commercial américain ont aggravé la tendance.

Cette crise est la première de l’ère informatisée de la bourse. En effet, les systèmes boursiers informatisés («program trading» ou trading automatique) ont été mis en cause en raison de leur manque de fiabilité. Cette crise ne s’est pas propagée à toute l’économie américaine comme en 1929, néanmoins, elle a nécessité l’intervention de la Réserve fédérale des États-Unis (Fed) présidée à l’époque par Alan Greenspan.

Une légende qui s’autoentretient

Le mois d’octobre a mauvaise réputation dans le monde de la finance, principalement parce que de nombreuses journées noires tombent au cours de ce mois. Il s’agit là d’un effet psychologique plutôt que d’un élément à mettre sur le compte d’octobre. La majorité des investisseurs ont vécu plus de mauvais mois de septembre que d’octobre, mais le fait est que les événements financiers ne sont pas groupés à un moment donné.

C’est ce que l’on appelle la «psychologie du trading». Ce phénomène fait référence aux émotions et à l’état mental qui contribuent à dicter le succès ou l’échec du trading de titres. La psychologie du trading représente divers aspects du caractère et des comportements d’un individu qui influencent ses actions de trading. 

La psychologie du trading peut être aussi importante que d’autres attributs tels que les connaissances, l’expérience et les compétences pour déterminer le succès du trading. 

La discipline et la prise de risque sont deux des aspects les plus critiques de la psychologie du trading, car la mise en œuvre de ces aspects par un trader est essentielle à la réussite de son plan de trading. 

La peur et l’avidité sont généralement associées à la psychologie du trading, tandis que des éléments comme l’espoir et le regret jouent également un rôle dans le comportement de trading.

Regarder le verre à moitié plein 

Curieusement, c’est en septembre, et non en octobre, que l’on trouve le plus de marchés baissiers dans l’histoire. Plus importants encore, les catalyseurs qui ont déclenché le krach de 1929 et la panique de 1907 se sont produits en septembre ou avant, et la réaction a simplement été retardée. En 1907, la panique a failli se produire en mars et, avec la tension croissante sur le sort des sociétés fiduciaires, elle aurait pu se produire à n’importe quel mois. 

Le krach de 1929 a sans doute commencé lorsque la Fed a interdit les prêts pour les opérations sur marge en février et a augmenté les taux d’intérêt. 

Par ailleurs, on se souvient que les baisses de points du Dow Jones survenues en une seule journée en septembre 2001 et 2008 ont été plus importantes que le lundi noir de 1987, la première fois en raison des attaques contre le World Trade Center et la seconde en raison de l’effondrement des prêts hypothécaires à risque. 

En fait, étonnamment, le mois d’octobre a historiquement annoncé la fin d’un plus grand nombre de marchés baissiers que leur début. Le fait qu’il soit perçu négativement peut en fait en faire l’une des meilleures opportunités d’achat pour les contrariants. 

Les baisses de 1987, 1990, 2001 et 2002 se sont retournées en octobre et ont amorcé des reprises à long terme. En particulier, le lundi noir de 1987 a été l’une des meilleures opportunités d’achat de ces 50 dernières années.

Quels sont les prochains évènements à suivre? 

Contrairement à l’effet d’octobre, les évènements importants de cette fin d’année auront lieu ces 2 prochains mois :

  • 1er octobre : Potentiel shutdown américain 
  • Réunion de la BCE : 17 octobre 
  • Réunion de la BoJ : 31 octobre 
  • Réunion de la Fed : 7 novembre 
  • Réunion de la BoE : 7 novembre 
  • Octobre ou novembre (date pas encore arrêtée) : Le 3ème Plenum du PCC chinois 
  • Élections américaines : 6 novembre

Synthèse 

L’effet d’octobre est une légende qui s’autoentretient et qui devrait continuer de le faire. Cependant, mettre ceci sur le compte de la saisonnalité serait une grave erreur. Ce d’autant plus en 2024. En effet, la tendance va être dictée par le mouvement des banques centrales, l’évolution des données économiques (aux États-Unis, en Chine et en Europe) et les incertitudes géopolitiques.