(Photoi: La Presse Canadienne/Christinne Muschi) Christinne Muschi
BCE, propriétaire de Bell Canada (TSX: BCE), a subi un autre coup dur réglementaire cette semaine, en plus de déclarer une perte au cours de son dernier trimestre et d’enregistrer des charges de dépréciation d’actifs de 2,11 milliards de dollars (G$), principalement liées aux propriétés de télévision et de radio de Bell Média.
Les actions de BCE ont clôturé jeudi en baisse de 1,12$, soit 2,8%, à 38,94$, terminant une séance sous les 40$ pour la première fois depuis 2012.
Plus tôt dans la journée, la société a annoncé que sa perte nette attribuable aux actionnaires ordinaires s’élevait à 1,24G$, soit 1,36$ par action, pour le trimestre terminé le 30 septembre.
Cela se compare à un bénéfice de 640M$, soit 70 cents par action, un an plus tôt. Sur une base ajustée, BCE a gagné 75 cents par action, contre un bénéfice ajusté de 81 cents par action au même trimestre l’année dernière.
La société a communiqué ses résultats trimestriels un jour après que le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) lui a refusé un appel d’une décision partielle de l’année dernière qui permet aux petits fournisseurs d’accès internet de vendre des services à leurs clients par l’intermédiaire du réseau de fibre optique de Bell en Ontario et au Québec.
Bien que cette décision temporaire ait depuis été étendue à tout le Canada, Bell a demandé au cabinet fédéral de réexaminer la décision préliminaire du régulateur. Elle a fait valoir que la directive du CRTC, bien que destinée à stimuler la concurrence pour les services internet, réduit son incitatif à continuer de développer son réseau de fibre optique.
Le ministre Champagne salue la décision du CRTC
Le ministre de l’Industrie, François-Philippe Champagne, a déclaré dans un communiqué mercredi soir que la requête de Bell visant à «annuler ou modifier» la décision avait été rejetée.
«Les entreprises ont besoin d’un accès de gros adéquat aux réseaux de fibre. En rendant cette décision et d’autres découlant de son examen plus large de la concurrence en matière de services internet, le CRTC a agi rapidement pour favoriser la concurrence», a déclaré François-Philippe Champagne dans un communiqué.
«Le gouvernement félicite le CRTC d’avoir lancé sans délai l’an dernier un examen du cadre des services de gros et salue sa décision clé qui ouvrira l’accès de gros aux réseaux de fibre haute vitesse», a-t-il ajouté.
Un appel distinct de cette décision par Bell, déposé auprès de la Cour d’appel fédérale, a été retiré par l’entreprise après que le CRTC a annoncé en août que sa décision s’appliquerait aux réseaux à l’échelle nationale à partir de février prochain.
Le chef de la direction de BCE, Mirko Bibic, a déclaré jeudi que Bell est une «entreprise axée sur la fibre optique», avec la technologie «au cœur de ce que nous faisons».
Il a affirmé que Bell continue de travailler vers son objectif de 8,3 millions d’emplacements dans la fibre optique d’ici la fin de l’année prochaine, parlant d’un secteur en croissance pour l’entreprise.
Et ce, malgré la réduction des dépenses d’investissement de BCE de plus d’un milliard de dollars sur 2024 et 2025, y compris une réduction de plus de 600M$ depuis le début de l’année.
Délaisser certains secteurs en déclin
Plus tôt dans la semaine, l’entreprise a annoncé avoir signé un accord pour acheter le fournisseur d’accès internet par fibre optique américain Ziply Fiber pour environ 5G$ en espèces, en utilisant environ 4,2G$ du produit net de la vente de sa participation dans Maple Leaf Sports & Entertainment.
«Si certains actifs sont voués à décliner de façon perpétuelle, nous pourrions délaisser ces secteurs d’activité, comme certaines stations de radio. Nous sommes très consciencieux dans la gestion des segments en déclin […] et nous continuons d’investir de manière agressive dans les secteurs en croissance», a affirmé M. Bibic.
La compagnie a indiqué jeudi que ses revenus d’exploitation pour le trimestre ont totalisé 5,97G$, en baisse par rapport aux 6,08G$ du troisième trimestre de 2023.
BCE a également déclaré qu’elle s’attend désormais à ce que ses revenus pour 2024 diminuent d’environ 1,5%, comparativement aux prévisions antérieures d’une augmentation de 0 à 4%.
L’entreprise affirme que ce changement intervient alors qu’elle fait face à des revenus de produits sans fil inférieurs aux prévisions et à une pression soutenue sur les prix des produits sans fil.
BCE a ajouté 33 111 abonnés nets aux services de téléphonie mobile postpayés, en baisse de 76,8% par rapport à la même période l’an dernier, qui avait constitué la deuxième meilleure performance de l’entreprise sur ce plan depuis 2010.
La société a indiqué que cette baisse était attribuable à un taux de désabonnement plus élevé dans un contexte de concurrence accrue et d’offres promotionnelles. Le taux de désabonnement mensuel de BCE pour cette catégorie était de 1,28%, en hausse par rapport à 1,1% au troisième trimestre précédent.
BCE a également enregistré une baisse de 11,6% du nombre brut d’activations d’abonnés. Le revenu moyen par utilisateur des services de téléphonie mobile sans fil de Bell s’est établi à 58,26$, en baisse de 3,4 % par rapport à 60,28 $ au troisième trimestre de l’année précédente.
L’analyste de la Banque Scotia Maher Yaghi a affirmé que les niveaux de désabonnement de BCE ont augmenté «beaucoup plus que prévu» — un problème qu’elle devra régler rapidement «pour stabiliser la performance financière et éviter une nouvelle détérioration».