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Ian Gascon

Les FNB démystifiés

Ian Gascon

Expert(e) invité(e)

Êtes-vous vraiment surpris de la baisse des taux?

Ian Gascon|Publié le 14 juin 2019

Êtes-vous vraiment surpris de la baisse des taux?

L’évolution des taux d’intérêts ne cesse de confondre les économistes et autres prévisionnistes, qu’ils soient professionnels ou amateurs.

En 2018, un des thèmes les plus en vogue était la hausse des taux d’intérêt. Ceux-ci ont augmenté de façon presque ininterrompue de juin 2016 jusqu’à la fin septembre 2018. J’ai d’ailleurs écrit un billet sur le sujet que je vous invite à relire. Et depuis?… surprise, malgré le fait que presque tous les spécialistes prévoyaient que les taux d’intérêt continueraient de monter, ils ont recommencé à baisser et pas juste un petit peu. Le taux d’intérêt 10 ans des obligations du Canada a baissé d’un sommet de 2.6% en septembre 2018 à son creux actuel de 1.44%, soit le même niveau qu’en mai 2017, qu’en novembre 2016 et qu’en février 2015. Les taux d’intérêt varient beaucoup, mais sont encore à des niveaux historiquement très bas depuis de nombreuses années.

Il y a plusieurs raisons qui peuvent expliquer ce revirement drastique et inattendu, mais, si vous avez été surpris, vous êtes probablement dans l’une des deux situations suivantes :

  1. Vous pensez qu’en vous informant sur les nouvelles économiques mondiales vous serez en mesure de prévoir les variations à court ou moyen terme des marchés et des variables macro-économiques telles que les taux d’intérêt, le prix du pétrole et autres matières premières.
  2. Vous pensez que les spécialistes (économistes, gestionnaires de fonds, journalistes économiques) ont les mêmes pouvoirs, à savoir qu’ils peuvent prévoir les variations futures à court ou moyen terme des marchés et des variables macro-économiques avec un bon taux de succès.

Dans les deux cas, vous faites probablement fausse route. Vous risquez alors de faire des ajustements trop fréquents à la composition de votre portefeuille en fonction de vos convictions ou de ceux du spécialiste qui gère vos actifs. Des changements trop fréquents peuvent nuire à votre rendement à long terme.

Malgré les publicités de l’industrie qui incitent régulièrement les investisseurs à modifier leur portefeuille afin de choisir un fonds potentiellement mieux adapté à un nouvel environnement économique, il est généralement préférable de détenir un portefeuille qui peut passer à travers la plupart des environnements économiques sans ajustement important et d’avoir un horizon de placement à long terme. Cette approche signifie que le rendement d’un portefeuille ne doit pas être trop sensible aux variations d’une variable macro-économique donnée telle que les variations des taux d’intérêt. C’est, à mon avis, la meilleure façon pour ne pas avoir à s’imposer la tâche d’essayer de prévoir les marchés et de se tromper la plupart du temps.

Une période d’exception?

La situation actuelle des taux d’intérêt est exceptionnelle d’un point de vue historique, mais d’autres pays ont connu des situations semblables bien avant le Canada. En 2006, le taux d’intérêt 10 ans du Japon a baissé en dessous de 1,5%, tout comme en 2007, 2008 et 2009. Où en est-il maintenant? À -0.10%. Oui, oui, c’est bien un taux négatif. C’est-à-dire que les investisseurs qui détiennent ces obligations japonaises savent qu’ils perdront de l’argent en les détenant pendant 10 ans. Selon plusieurs rapports, il y a maintenant plus 10 pays dans cette situation et plus de 10 billions de dollars (10 000 milliards) d’obligations offrant des rendements négatifs dans le monde. Espérons que le Canada ne se retrouvera pas dans cette situation au cours des prochaines années, car ça n’envoie pas un signal d’une économie en très bonne santé.

Vous souhaitez encore plus d’explications et d’illustrations sur de la difficulté de prévoir l’évolution des taux d’intérêts? Voici les articles que j’ai écrit sur ce sujet au cours des dernières années. Comme quoi l’histoire a tendance à se répéter.

N’hésitez pas à m’écrire si vous souhaitez que j’aborde un sujet particulier dans ce blogue. Suivez-nous aussi sur Facebook.