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Richard Langevin

Gestion de portefeuille 4.0

Richard Langevin

Expert(e) invité(e)

Donner un second souffle aux portefeuilles équilibrés

Richard Langevin|Édition d'avril 2022

Donner un second souffle aux portefeuilles équilibrés

(Photo: 123RF)

GESTION DE PORTEFEUILLE 4.0. Le portefeuille équilibré composé de 60 % d’actions et de 40 % d’obligations a représenté une stratégie gagnante pour les investisseurs depuis plus de 30 ans. Ce portefeuille dit «60/40» est devenu au fil du temps un point de référence et une stratégie d’allocation d’actif dominante pour les investisseurs individuels et institutionnels.

De 1988 à 2021, un investisseur détenant un portefeuille équilibré composé d’actions et de titres à revenu fixe américains aurait obtenu un rendement annualisé moyen impressionnant de 9,2 %, avec une volatilité nettement inférieure aux indices repères d’actions avec seulement six années négatives.

Même au Canada, le portefeuille indiciel Vanguard Équilibré terminait l’année 2020 avec un rendement positif de 10,27 %, pratiquement le double de l’indice S&P/TSX, tout en coupant les pertes dues à la COVID-19 du 19 février au 23 mars de plus de la moitié. Le rendement de 2021 a, par contre, été de 10,21 %, alors que le S&P/TSX a progressé de 22 %. Peut-on imaginer que la performance remarquable de 2020 se reproduise au cours des prochaines années ? Malheureusement, le monde a bien changé depuis. En effet, les taux des bons du Trésor américains de 10 ans offraient en 1988 un rendement de 8,9 % alors que le S&P 500 se négociait à 14 fois les bénéfices. En 2021, la situation est inversée: les taux 10 ans sont tombés à 1,4 % et le marché boursier a connu l’une de ses meilleures années pour atteindre 29,5 fois les bénéfices.

En ce qui concerne le niveau des actions, le défi principal quant à l’avenir du portefeuille équilibré réside surtout du côté des obligations, les titres à revenu fixe devant composer avec trois problèmes importants, soit une baisse du rendement potentiel dans un contexte de hausse de taux d’intérêt, une plus grande volatilité de la catégorie d’actif et une baisse de l’effet de diversification avec le marché boursier.

Le début de l’année 2022 est révélateur:l’indice des obligations universelles FTSE Canada avait reculé de 8,9 % au 25 mars, se situant loin derrière les indices S&P 500 et S&P/TSX, avec des rendements de -5,2 % et de 4,3 % respectivement. Un portefeuille 60/40 performe donc moins bien depuis le début de l’année qu’un portefeuille entièrement investi en actions, alors qu’il aurait normalement dû briller dans un contexte d’incertitude géopolitique et de ralentissement économique.

Pis encore, les stratèges des firmes BlackRock, JP Morgan, Morningstar, Research Affiliates et Vanguard vont de projections de rendement des portefeuilles équilibrés pour les 7 à 10 prochaines années allant d’un rendement annualisé moyen estimé de 4,7 % pour le plus optimiste à 1,6 % pour le plus pessimiste. Loin de la coupe aux lèvres.

 

Quelles pistes de solutions?

Les investisseurs ne cherchent pas nécessairement à détenir des obligations, mais plutôt des actifs non corrélés aux actions afin de réduire la volatilité globale de leur portefeuille.

L’idée d’intégrer des catégories d’actifs différentes n’est pas nouvelle. Plusieurs investisseurs très fortunés ou institutionnels y sont investis depuis de nombreuses années. Ces investissements alternatifs sont d’ailleurs responsables d’une grande partie de l’excellente performance des grands fonds de pension canadiens, comme la Caisse de dépôt et placement du Québec. Ce type de placement devient de plus en plus accessible au grand public, entre autres par l’entremise de firmes indépendantes de gestion de portefeuille.

 

Le Permanent Protective Momentum

À titre d’exemple, une de ces solutions prometteuses est le Permanent Protective Momentum, qui s’inspire notamment d’un papier intitulé «Protective Asset Allocation», de Keller & Keunig (2016).

Cette solution combine douze catégories d’actifs incluant les actions mondiales de toutes capitalisations (S&P 500, NASDAQ, Russell 2000, etc.), les obligations gouvernementales et de sociétés, les ressources naturelles, l’or et l’immobilier. La stratégie analyse le momentum et les corrélations au cours des douze derniers mois afin de sélectionner les six catégories d’actifs les plus performantes. Si plus de six catégories d’actifs sur douze ont un momentum négatif, le portefeuille sera liquidé et détiendra uniquement de l’encaisse.

Quels sont les résultats ? Un rendement annualisé moyen de 7,7% depuis 15 ans, soit exactement celui du portefeuille indiciel Vanguard équilibré (version américaine). Au moment où ces lignes étaient écrites, ce portefeuille est composé de 25 % d’actions américaines, 25% d’or et de 50 % de bons du Trésor à court terme, ce qui lui a permis de préserver le capital et d’éviter une grande partie du ravage causé par les hausses de taux d’intérêt.

Bien que l’avenir soit peu reluisant pour le portefeuille équilibré classique, il est possible de lui donner un second souffle en y ajoutant des catégories d’actifs non corrélées et une habile stratégie de momentum.

 

EXPERT INVITÉ
Richard Langevin,
vice-président et gestionnaire de portefeuille, Nymbus Capital