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Les actions de capture du carbone restent une affaire délicate

Morningstar|Édition de la mi‑octobre 2024

Les actions de capture du carbone restent une affaire délicate

Centrales électriques au gaz et multicombustibles à Ferrybridge, en Angleterre. (Photo: AdobeStock)

La capture du carbone est souvent considérée comme une technologie clé dans la lutte contre le changement climatique. Mais du point de vue d’un investisseur en actions, il s’agit d’un thème difficile à intégrer dans un portefeuille.

Il existe peu de titres purs dans ce domaine, ses performances ont été médiocres, et si certains considèrent le concept comme prometteur, d’autres sont sceptiques quant à sa rentabilité pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Qu’est-ce que la capture du carbone?

La majorité des installations de piégeage du carbone sont liées à des usines de combustibles fossiles, destinées à éliminer autant de CO2 que possible à différents stades de la production d’énergie à partir de pétrole, de gaz et de méthane. Mais d’autres secteurs peuvent bénéficier de cette technologie: la production de ciment, d’acier, d’engrais et de produits chimiques.

Le captage du carbone est également connu sous le nom de captage, séquestration et utilisation du carbone (CCSU), ou captage et séquestration du carbone (CSC). La séquestration se réfère principalement aux sites souterrains où le CO2 peut être stocké et empêché d’atteindre l’atmosphère. L’utilisation vise à réorienter le CO2 capturé vers des processus industriels, qui non seulement le séquestrent, mais l’utilisent également à des fins productives, comme dans l’agriculture en serre ou la fabrication de bioplastiques.

Mais ce domaine se heurte à des obstacles, comme en témoigne l’annulation, au début de l’année, d’une installation de captage et de stockage du carbone de 2,4 milliards de dollars près d’Edmonton, gérée par la société canadienne Capital Power CPX. «Le coût de la tonne de carbone que l’on peut capturer est controversé», déclare John MacDonagh, analyste principal des technologies émergentes chez PitchBook. Pour ce qui est de l’avenir, «les gens pensent que le coût sera encore trop élevé par rapport aux autres options».

Selon un récent rapport de la Banque Scotia, le Canada est «actuellement un leader mondial en matière de gestion du carbone, avec le troisième plus grand nombre de projets actifs» après les États-Unis et la Chine. D’ici 2030, le Canada devrait disposer d’une capacité de capture installée d’environ 30 mégatonnes de CO2. Cependant, pour atteindre les objectifs de zéro net, même les plus bas, «la capacité de CSC doit augmenter de 5% à 6% par an entre 2030 et 2050», note le rapport de la Banque Scotia. «Le captage direct de l’air devrait augmenter d’environ 30% d’une année sur l’autre au cours de la même période. S’il est clair que le Canada n’atteint pas ces objectifs de croissance, le rapport ne précise pas à quelle hauteur.

«L’une des principales raisons de ce faible taux d’installation est le niveau élevé des obstacles, dû à des facteurs tels que le coût élevé des technologies, l’incertitude et le potentiel limité de génération de revenus», note le rapport de la Banque Scotia. En effet, la grande majorité des projets ne prévoient que le stockage du CO2, et non sa réorientation vers une utilisation industrielle. Ces revenus contribueraient à compenser les coûts, mais les projets ne les mettent pas en avant.

Une récente étude de Deloitte sur l’impact des plafonds fédéraux proposés pour les émissions de pétrole et de gaz jette également un froid sur les perspectives de la séquestration du carbone. Si l’on a le choix entre investir massivement dans des projets coûteux de CSC pour respecter le plafond et réduire la production de pétrole et de gaz, «la réduction de la production serait une option plus rentable», conclut l’étude.

Le secteur présente un grand potentiel. Un rapport de McKinsey estime qu’il pourrait atteindre 1,2 billion de dollars américains d’ici à 2050. Mais il est confronté à des coûts élevés persistants qui ne sont que partiellement compensés par des subventions gouvernementales, sans qu’il y ait une voie claire vers la génération de revenus.

Des actions déprimées malgré un apport important de capital-risque

Dans ce contexte, les actions des entreprises de capture du carbone cotées en bourse ont été difficiles à négocier pour les investisseurs.

Du côté positif, la société canadienne Capital Power CPX a récemment enregistré des gains importants. Capital Power est un producteur d’énergie avec un portefeuille mixte d’installations gazières, éoliennes et solaires, mais elle s’est lancée dans la capture du carbone. Le cours de l’action de Capital Power a augmenté de 37% en 2024, mais ces gains ont essentiellement inversé un long déclin qui a commencé en septembre 2022.

Peu d’actions sont purement liées à la capture du carbone, et le secteur a enregistré des performances médiocres. Prenons l’exemple de l’entreprise norvégienne Aker Carbon Capture AKCCF. Après avoir atteint un sommet de 3,90$US en novembre 2021, elle a lentement chuté à 0,55USD. LanzaTech Global LNZA, après avoir été introduite en bourse par le biais d’une société d’acquisition à vocation spéciale en 2023, a vu le prix de ses actions chuter à 1,97$US, alors qu’il était d’environ 10$US au début de sa cotation.

La plupart des entreprises ne sont pas cotées, comme CO2 Solutions (qui a été acquise par le producteur d’énergie italien Saipem) et Carbon Engineering, qui se spécialise dans le captage direct de l’air (une technologie qui aspire le CO2 de l’atmosphère sans être liée à une installation générant du CO2).

Le pipeline de capital-risque compte de nombreux acteurs prometteurs. Par exemple, Climbworks «a reçu beaucoup de capitaux», note John MacDonagh, analyste principal des technologies émergentes chez PitchBook. «Elle a levé 624 millions de dollars américains en 2022. C’est de loin la plus grosse opération que j’ai vue jusqu’à présent». D’autres acteurs importants, comme Svante et Carbon Clean, ont levé respectivement 318 et 193 millions de dollars américains.