Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Lightspeed mise sur la croissance rentable

Denis Lalonde|Mis à jour le 18 juin 2024

Lightspeed mise sur la croissance rentable

Malgré un plongeon en Bourse, le PDG de Lightspeed, Jean Paul Chauvet, est satisfait des résultats de l'entreprise. (Photo: courtoisie)

Même si le titre de Lightspeed a terminé la séance de jeudi sur un plongeon de 24,42% à 19,90$ à la Bourse de Toronto, le président et chef de la direction, Jean Paul Chauvet, se dit très satisfait des résultats financiers trimestriels dévoilés par l’entreprise ce matin.

«Nous étions fiers de dévoiler nos résultats, avec des revenus et un bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) ajusté supérieurs aux prévisions, et une augmentation du taux de pénétration de Lightspeed Payment de 4 points de pourcentage», explique le dirigeant.

Pour le trimestre terminé en décembre, les revenus de l’entreprise de solutions de commerce électronique ont totalisé 239,7 millions de dollars américains (M$US), en hausse de 27% sur un an, alors que le BAIIA ajusté s’est établi à 3,6M$US, ce qui se compare à une perte de 5,4M$US au trimestre correspondant de l’exercice précédent.

De plus, Lightspeed possédait au 31 décembre des flux de trésorerie libres de 749,4M$US.

«Lors de notre arrivée en Bourse il y a quatre ans, nous avions un chiffre d’affaires de 100M$US et une croissance des revenus de 30% annuellement. Aujourd’hui, notre chiffre d’affaires dépasse le milliard de dollars annuellement et nos revenus sont encore en croissance de 30% annuellement. La demande pour les produits est là. Tout ce que je peux vous dire, c’est que sur ce qu’on peut contrôler, on est satisfaits», dit-il.

L’analyste Richard Tse, de la Financière Banque Nationale, écrit que les résultats ont provoqué chez lui les effets d’un «lendemain de veille». «Le problème, et c’est ce pourquoi le titre a reculé aussi fortement aujourd’hui, c’est que les commentaires de la direction en ce qui concerne l’exercice 2025 (qui s’amorcera le 1er avril) ont été prudents. La direction a parlé d’un réinvestissement dans les ventes et le marketing pour accélérer l’ajout de nouveaux clients. Selon nous, ces dépenses auront pour effet de comprimer les marges bénéficiaires pour la première moitié de l’exercice 2025», croit-il.

Il précise que les objectifs de Lightspeed du côté des fusions et acquisitions ajoutent aussi au profil de risque de l’entreprise. Sa recommandation sur le titre de l’entreprise passe ainsi de «surperformance» à «performance égale au secteur», alors que son cours cible passe de 25$US à 20$US.

L’action de la société se négocie aussi à la Bourse de New York, où elle a terminé la journée sur un recul de 24,37% à 14,80$US.

L’analyste a aussi été surpris par le recul de 1,7% du volume de transactions brut entre le deuxième et le troisième trimestre, puisque ce dernier est habituellement plus robuste grâce à la période des Fêtes.

Jean Paul Chauvet rétorque que Lightspeed a 100 000 clients dans des marchés qui en comptent de trois à cinq millions, soit ceux des détaillants, restaurateurs et hôteliers dont le chiffre d’affaires annuel est supérieur à 500 000 dollars.

«Par ailleurs, tout ce que nous avons dit dans le communiqué, c’est que pour l’exercice 2024, nous allions livrer ce que nous avions prévu, soit un BAIIA ajusté équilibré ou positif.. Nos prévisions pour l’exercice 2025 vont être dévoilées dans trois mois, lors de la publication des résultats de 2024», dit-il.

Le PDG ajoute que si Lightspeed favorise la rentabilité à tout prix, elle n’atteindra pas un chiffre d’affaires de 5G$US d’ici quelques années. «J’estime qu’il est important pour Lightspeed de continuer d’avoir une forte croissance dans les années qui viennent. Si vous regardez la plupart des clients qui sont dans notre cible, ils sont desservis pour la plupart par des systèmes vieillots qui les servent vraiment mal, alors que le marché est centré sur les données et sur l’infonuagique», affirme-t-il.

Il dit n’avoir aucun doute que la société va continuer de croître tout en étant en mesure de le faire de manière rentable, mais que cela va nécessiter l’embauche de beaucoup de vendeurs.

Quant à la diminution des volumes de transactions brut, le dirigeant soutient que l’environnement macroéconomique est difficile et qu’avec les hausses successives des taux d’intérêt dans de nombreux pays, les consommateurs dépensent moins. «On constate des fluctuations importantes selon les marchés. Par exemple, en restauration, en Europe, on a enregistré une croissance des revenus de 13% à 14%. Par contre, aux États-Unis, les détaillants ont connu une période plus difficile. Malgré tout, on a quand même vu nos revenus augmenter de 27% sur un an», relativise-t-il.

 

Toujours en développement

Le dirigeant raconte aussi que Lightspeed poursuit ses travaux pour greffer à son progiciel de gestion intégré des applications de gestion des horaires et du service de la paie.

«On progresse. Dans les mois qui viennent, on va faire des annonces là-dessus. Nos marchands font tout dans Lightspeed et doivent utiliser d’autres solutions pour ces éléments, ce qui n’a aucun sens. Ils préféreraient une solution pleinement intégrée», dit-il.

Jean Paul Chauvet se félicite par ailleurs de l’adoption de la solution de paiements Lightspeed Payment, pour trois raisons. «Premièrement, pour les nouveaux clients, l’achat de Payment est obligatoire et nous conservons les mêmes taux d’acquisition. Deuxièmement, pour nos clients existants, on a dit qu’on allait terminer l’exercice avec un taux de pénétration de 30% à 35% et on était déjà à 29% à la fin du troisième trimestre. Troisièmement, le taux de désabonnement à nos services est resté à son niveau historique. Il s’agit de trois éléments positifs pour cette solution, puisque chaque client qui utilise cette solution nous rapporte en moyenne deux fois plus d’argent que ceux qui ne l’utilisent pas», dit-il.

Malgré le recul du titre en Bourse aujourd’hui, le dirigeant dit rester concentré sur la création de valeur pour les actionnaires et est confiant que la valeur de l’action remontera avec le temps.

 

Abonnez-vous gratuitement aux infolettres de Les Affaires et suivez l’actualité économique et financière au Québec et à l’international, directement livrée dans votre boîte courriel.

Avec nos trois infolettres quotidiennes, envoyées le matin, le midi et le soir, restez au fait des soubresauts de la Bourse, des nouvelles du jour et retrouvez les billets d’opinion de nos experts invités qui soulèvent les enjeux qui préoccupent la communauté des affaires.