Le vice-président exécutif, service après-vente et stratégie de Bombardier, Paul Sislian. (Photo: courtoisie)
Bombardier a relevé les cibles financières qu’elle souhaite atteindre d’ici 2025, ce qui ne l’empêche pas de déjà préparer son plan de croissance qui s’échelonnera jusqu’en 2030.
En marge de la Journée des investisseurs de Bombardier (BBD.B, 63,56$), Les Affaires a pu s’entretenir avec le vice-président exécutif, service après-vente et stratégie de l’entreprise, Paul Sislian. Selon lui, l’augmentation de la cadence de production, les services après-vente, la Défense et le programme d’avions certifiés seront les quatre piliers qui vont mener Bombardier jusqu’en 2030.
«Si on regarde les deux dernières années, on a bâti avec Éric (Martel) un plan stratégique qui nous amenait jusqu’en 2025. Le plan a été bâti sur des leviers assez importants, comme celui de réduire l’endettement de l’entreprise», explique le dirigeant.
Le ratio d’endettement net de la société, qui était de 41,5 fois en 2020, a reculé à 4,6 fois en 2022. Bombardier calcule ce ratio en divisant la dette nette ajustée par le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement. Pendant ce temps, la dette brute a diminué de 45%, passant de 10,1 milliards de dollars (G$ US) à 5,6G$ US.
Pour 2025, la prévision de revenus de Bombardier passe de 7,5G$ US à 9G$ US, celle du BAIIA passe de 1,5G$ US à plus de 1,6G$ US et celle des flux de trésorerie disponibles passe de plus de 500 millions de dollars (M$ US) à plus de 900M$ US.
Si les cibles de l’avionneur sont bien établies pour les deux prochaines années, cela n’empêche pas ses dirigeants de déjà préparer la suite, ce qui passera entre autres par l’obtention de contrats dans le secteur de la Défense.
«Évidemment, le marché de la Défense est une occasion à saisir. Nous possédons une présence dans le secteur, mais elle constitue une petite portion de nos revenus. D’ici 2030, nous souhaitons que les revenus annuels de cette division atteignent 1G$ US», affirme Paul Sislian.
Selon Bombardier, la demande prévue dans l’industrie de la Défense atteint 375 appareils d’ici dix ans. «La demande n’est pas exclusivement pour des avions d’affaires, mais on a des produits et des services pour desservir l’industrie. Il faut comprendre que de la conception à la mise en service, les projets en Défense s’échelonnent sur deux à cinq ans», affirme le dirigeant.
Selon lui, les appareils Challenger 605 et Global 6500 sont des plateformes parfaites pour des missions pouvant inclure le transport de chefs d’États ou de personnes très importantes, la patrouille maritime, la surveillance ou le commande et contrôle.
«Les appareils offrent la portée, l’altitude, la vitesse nécessaires et de faibles coûts d’exploitation, tout en ayant la capacité de se poser sur de courtes pistes d’atterrissage», dit-il.
L’entreprise est entre autres en pourparlers avec le ministère de la Défense nationale du Canada et espère obtenir un contrat pour fournir des avions de surveillance à l’Armée canadienne. «Mais le chiffre d’affaires de 1G$ US, il va être mondial. Nous ne nous fions pas seulement sur l’obtention de contrats canadiens. La demande est forte et on a déjà des ententes outre-mer, notamment en Allemagne, en Suède et aux États-Unis. On pense que beaucoup de nouveaux marchés vont s’ouvrir à nous», raconte Paul Sislian.
Le président et chef de la direction de Bombardier, Éric Martel, souligne que les appareils destinés au secteur de la Défense pourront être assemblés en utilisant les mêmes chaînes de production que celles qui sont utilisées pour les avions civils. «Les Challenger seront assemblés ici, à Dorval, alors que les Global le seront à Toronto», dit-il.
Les modifications des appareils s’effectueront ensuite aux installations de Bombardier à Wichita, aux États-Unis.
La revente d’avions usagés en progression
Un autre axe de croissance pour Bombardier passe par son programme d’avions certifiés. Avec celui-ci, Bombardier achète certains de ses appareils usagés, avant de les envoyer dans ses centres de service pour les mettre à niveau. «Par exemple, on peut changer le mobilier intérieur, l’avionique ou le système de télécommunications. On remet une garantie sur l’avion et ça facilite la prise de décision pour les gens qui veulent entrer dans l’industrie», soutient Paul Sislian.
D’après lui, beaucoup d’acheteurs potentiels ne sont pas nécessairement prêts à procéder à l’acquisition d’un avion d’affaires neuf. Le programme leur permet d’opter pour un appareil usagé sous garantie, ce qui leur donne une certaine paix d’esprit.
Bombardier peut ainsi faire croître sa clientèle en espérant que les premiers acheteurs se tourneront quelques années plus tard vers un appareil neuf.
Le service après-vente
En plus de ses activités traditionnelles de fabrication d’avions d’affaires, Bombardier mise aussi sur la croissance de ses activités dans les services après-vente pour contribuer à sa progression.
Les revenus de Bombardier dans ce secteur sont passés de 1G$ US en 2020 à 1,5G$ US en 2020 et la direction de l’entreprise souhaite atteindre les 2G$ US en 2025. «Entre 2020 et 2022, notre part de marché dans le créneau des services après-vente sur nos appareils est passée de 36% à 41%, et on souhaite atteindre 50% en 2025», dit Paul Sislian.
Bombardier a livré 120 appareils en 2022 et souhaite atteindre une cible de 150 en 2025.