Airbus détient désormais 75% d'Airbus Canada et le gouvernement du Québec voit sa participation portée à 25%.
Lourdement endettée, Bombardier met un terme à sa présence dans l’aviation commerciale en cédant sa participation restante dans le programme de l’ex-C Series à Airbus ainsi qu’au gouvernement québécois.
Cette transaction permettra au constructeur d’avions et de trains de recevoir 591 millions $ US, dont 531 millions $ US immédiatement. Il est également libéré de l’obligation d’injecter 700 millions $ US — dont 350 millions $ US en vertu d’un nouvel appel de fonds dans la Société en commandite Airbus Canada (SCAC) d’ici le 1er juillet 2021.
L’avionneur européen détiendra 75 % de la famille d’appareils A220 alors que Québec verra la sienne passer d’environ 16 % à 25 %. Airbus pourra également racheter la participation de l’État québécois — qui avait injecté 1 milliard $ US dans le programme en 2016 — en 2026, soit trois années plus tard que prévu.
Le ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon, estime que la transaction annoncée jeudi par Bombardier est bénéfique pour toutes les parties, le Québec y voyant un renforcement de son secteur aéronautique et le maintien des emplois.
Et ce, même si Québec doit prendre une provision de 600 millions $, qui vient fragiliser la valeur de l’investissement fait par le gouvernement québécois dans la CSeries en 2016.
Investissement Québec avait investi 1,3 milliard $ dans le programme CSeries de Bombardier en 2016, rebaptisé depuis A220 et acquis en bonne partie par Airbus.
« Cette transaction soutient nos efforts pour régler la question de notre structure de capital et finalise notre retrait stratégique du secteur aéronautique commercial », a souligné le président et chef de la direction de Bombardier, Alain Bellemare, par voie de communiqué.
À Toronto, a terminé la journée en hausse de 6,37%, à 1,67$.
L’annonce a été effectuée avant la publication des résultats financiers de Bombardier, qui a dévoilé jeudi une perte nette de 1,6 milliard $ US, ou 76 cents US par action, pour l’exercice 2019, par rapport à un bénéfice net de 318 millions $ US l’année précédente. Ce résultat tient toutefois compte d’une charge de 1,6 milliard $ US liée à la SCAC.
De leur côté, les revenus ont décliné de 3 %, à 15,8 milliards $ US.
Alors que des rumeurs évoquaient une offre imminente du géant français Alstom afin d’acquérir la division ferroviaire de Bombardier, la compagnie québécoise s’est contentée de réitérer qu’elle examinait ses « options stratégiques » afin de réduire sa lourde dette de plus de 9 milliards $ US.
Puisque la performance de Bombardier Transport n’a pas été au rendez-vous, la participation de la Caisse de dépôt et placement du Québec (CDPQ) dans cette division augmente de 2,5 points de pourcentage, à 32,5 %.
En quittant la Société en commandite Airbus Canada, Bombardier cède à Stelia Aéronautique — une filiale d’Airbus — les activités de fabrication de pièces pour l’A220 et l’A330 de l’avionneur européen, qui sont effectuées dans l’arrondissement montréalais de Saint-Laurent. Cela touche environ 360 travailleurs.
« Nous avons réussi à protéger les emplois payants et l’expertise exceptionnelle développée au Québec, malgré les importants défis auxquels nous avons fait face dans ce dossier en arrivant en poste », a indiqué le premier ministre François Legault, dans un communiqué, soulignant que 3300 emplois étaient « assurés ».
Le travail effectué à Saint-Laurent devrait être déplacé vers le site de Stelia à Mirabel, ce qui est prévu dans trois ans. Plus de 2500 employés travaillent sur l’A220 à Mirabel et le programme fournit du travail à des centaines d’autres personnes chez différents fournisseurs. Parallèlement, Airbus a annoncé jeudi la signature d’une lettre d’entente avec Green Africa Airways pour la vente de 50 appareils A220-300. Ces avions devraient être assemblés au Québec après la confirmation de cette commande.
Dans l’espoir d’améliorer le bilan de Bombardier, M. Bellemare a cédé plusieurs actifs au cours des dernières années, dont le programme d’avions turbopropulsés Q400, les jets régionaux CRJ ainsi que le contrôle de la C Series, qui a coûté plus de 6 milliards $ US à développer.
L’entreprise aurait également eu des discussions avec le géant américain Textron concernant la vente de sa division des jets d’affaires, qui construit les familles d’appareils Global, Learjet et Challenger et qui compte plus de 12 000 employés au Québec. Textron construit les Beechcraft et Cessna.