L’allemande Deutsche Bank a vu grimper la valeur de ses CDS, permettant aux créanciers de s’assurer contre un risque de défaut. (Photo: Getty Images)
Paris — Les banques replongent en Bourse vendredi après une accalmie, l’incendie venant cette fois de l’allemande Deutsche Bank (DBK), qui voit grimper la valeur de ses CDS, permettant aux créanciers de s’assurer contre un risque de défaut.
Cela ravive les inquiétudes sur la résilience des banques, même si le prix des CDS, également très prisés des spéculateurs, ne reflète pas forcément la solidité de la banque.
Qu’est-ce qu’un CDS?
Les CDS — pour «Credit Default Swaps» — font partie de la famille des produits dérivés financiers.
«C’est comme un contrat d’assurance, souscrit par les investisseurs pour se protéger contre le défaut de paiement d’un État ou d’une entreprise», résumait il y a quelques mois Eric Dor, directeur des Études économiques à l’école de commerce IESEG.
L’acheteur de CDS verse généralement chaque année une prime («spread») à l’émetteur de ce CDS. En échange, ce dernier l’indemnisera en cas de défaut de paiement sur le titre de dette correspondant.
Par exemple, une prime de 1% dans un CDS d’un million de dollars correspond au paiement annuel de 10 000 dollars et offre une garantie à hauteur d’un million de dollars en cas de défaut.
Les CDS s’échangent entre institutions financières, de «gré à gré», et leur valeur varie en fonction de l’offre et de la demande.
Il est toujours possible d’acheter un CDS sans détenir au préalable l’obligation correspondante (CDS dits «à nu»). Et ce même si l’UE a tenté dès 2011, en pleine crise de la dette de la zone euro, de mieux réguler ce marché jugé opaque, en interdisant partiellement cette pratique qu’elle estimait spéculative.
Pourquoi en parle-t-on aujourd’hui?
La dégringolade de l’action de Deutsche Bank en Bourse vendredi, qui entraîne dans son sillage les autres valeurs bancaires, est la conséquence d’une envolée du prix de ses CDS: il a plus que doublé depuis la faillite aux États-Unis de la Silicon Valley Bank il y a quinze jours, et même augmenté d’environ 33% sur les dernières 48 heures.
Lors d’une conférence de presse à Bruxelles vendredi, le président français Emmanuel Macron a pointé la responsabilité «des spéculateurs qui sont en train d’attaquer les CDS».
«Là-dessus, il faut savoir distinguer les comportements spéculatifs, des acteurs qui cherchent à faire de l’argent de court terme, et les fondamentaux qui demeurent sains sous une supervision solide qui a, ces dernières années, démontré sa robustesse», a-t-il ajouté.
Est-ce le prélude à une faillite?
Le cours des CDS reflète le degré de confiance du marché par rapport à Deutsche Bank. Mais Stuart Graham, analyste chez Autonomous, qui n’a «aucune inquiétude quant à la viabilité» de la première banque allemande, qui dispose notamment d’un matelas solide de liquidités.
«Pour être clair, Deutsche Bank n’est PAS le prochain Credit Suisse», conclut-il. Credit Suisse, confronté à des retraits massifs et un effondrement de son cours de Bourse, a ainsi été contraint de se faire racheter par UBS le week-end dernier.
Le principal risque pour la banque allemande est que la crise de confiance s’amplifie et provoque une fuite des clients qui, elle, mettrait en difficulté l’établissement.
«La Deutsche Bank a fondamentalement modernisé son modèle économique. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter de quoi que ce soit», a de son côté affirmé à Bruxelles le chancelier allemand Olaf Scholz.