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JPMorgan Chase choisie pour piloter l’entrée en Bourse d’Aramco

AFP|Publié le 10 septembre 2019

L’établissement s’est fait notifier cette décision mardi par l’entreprise saoudienne.

Le géant pétrolier saoudien Aramco fera sa très attendue entrée en Bourse « bientôt », a assuré mardi son PDG Amin Nasser, soulignant qu’il revenait au gouvernement de prendre cette décision, retardée en raison de conditions jugées défavorables avec la chute des cours.

Nouvelle étape vers l’introduction en bourse : la banque américaine JPMorgan Chase a été choisie par les autorités saoudiennes pour piloter l’introduction en Bourse du géant pétrolier, ont indiqué plus tard dans la journée à l’AFP des sources proches du dossier à New York.

« Nous avons toujours dit qu’Aramco est prête pour une introduction en Bourse dès que les actionnaires prendront la décision de le faire », a déclaré à la presse le chef de l’entreprise publique en marge du Congrès mondial de l’énergie à Abou Dhabi.

« Et comme vous l’avez entendu de son altesse royale le prince Abdel Aziz (ben Salmane) hier, ce sera très bientôt », a-t-il insisté, en référence au nouveau ministre de l’Énergie du royaume.

L’introduction en Bourse d’Aramco était initialement prévue pour 2018 puis elle a été reportée en raison de la chute des cours du brut sur le marché mondial.

« L’une des premières activités de cotation sera locale, mais nous sommes également prêts pour les étrangères », a précisé M. Nasser.

Les Bourses de New York et de Hong Kong ont déployé tout un arsenal pour séduire les autorités saoudiennes, ont indiqué les sources proches du dossier à New York, démentant des informations du Wall Street Journal qui citait la place de Tokyo. 

Le mastodonte saoudien prévoit de céder environ 5 % de l’entreprise d’État en 2020 ou 2021 dans ce qui pourrait être la plus importante vente d’actions au monde.

Cette future introduction en Bourse constitue la pierre angulaire d’un programme de réformes initié par le puissant prince héritier Mohammed ben Salmane pour sortir l’économie saoudienne de son ultra-dépendance au pétrole.

Bénéfices en chute

La mise sur le marché des 5 % d’Aramco doit rapporter quelque 100 milliards de dollars, bien que des experts soient sceptiques sur la valorisation globale de la compagnie à 2 000 milliards de dollars.

La difficulté à atteindre la somme souhaitée par Ryad est largement considérée comme la raison du report de l’introduction en Bourse.

Au début du mois, Aramco avait déclaré que son bénéfice net du premier semestre 2019 avait chuté de près de 12 % pour s’établir à 46,9 milliards de dollars, en raison de la baisse du prix du brut.

C’était la première fois que l’entreprise publiait des résultats financiers semestriels, quelques mois après avoir dévoilé de manière inédite ses comptes en avril, se révélant être l’entreprise la plus rentable au monde.

Réunis cette semaine dans la capitale des Émirats arabes unis, les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et d’autres grands États producteurs envisagent de réduire la production pour soutenir les prix.

Les cours ont baissé ces derniers mois malgré de précédentes coupes dans la production et les sanctions américaines qui ont réduit l’offre en provenance d’Iran et du Venezuela.

Des analystes doutent ainsi de l’efficacité d’une telle mesure sur les cours du pétrole, surtout affectés selon eux par les craintes d’un ralentissement de la croissance mondiale provoqué par le différend commercial entre les États-Unis et la Chine.

« Diversifier l’économie »

Lundi, le nouveau ministre saoudien de l’Énergie, Abdel Aziz ben Salmane, avait estimé que la réduction de la production pétrolière « profiterait » à tous les pays producteurs.

Le prince Abdelaziz, demi-frère du prince héritier, est le premier membre de la famille royale à être nommé à la tête de ce ministère, un portefeuille clé pour le premier exportateur de pétrole brut au monde.

La chute des cours ces dernières années a lourdement pesé sur les recettes du royaume et entraîné des déficits budgétaires dans ce pays qui tire 70 % de ses recettes de l’or noir.

Sous l’impulsion du prince héritier, Ryad a récemment introduit une série de mesures destinées à diversifier son économie, comme la TVA ou la hausse des prix de l’énergie.

Pour le Fonds monétaire international (FMI), ces réformes ont commencé à « porter leurs fruits », mais il reste encore beaucoup à faire pour combler un déficit budgétaire chronique.

Le déficit budgétaire du royaume devrait encore se creuser cette année, à 6,5 % du PIB contre 5,9 % en 2018, a précisé lundi dans un rapport l’institution basée à Washington.

Elle a appelé les autorités à « promouvoir la croissance de l’activité non pétrolière, créer des emplois et atteindre les objectifs du programme “Vision 2030” », ambitieux plan de développement présenté par le prince héritier pour diversifier l’économie.