En plus d’afficher une perte nette de 2,12G $ au 2e trimestre, SNC-Lavalin a sabré son dividende trimestriel de 10 %.
Après avoir dévoilé des résultats décevants au deuxième trimestre, SNC-Lavalin était encore ébranlée en Bourse, vendredi, alors que plusieurs analystes se demandent combien de temps il faudra à l’entreprise pour redresser la barre.
Sur le parquet de Bay Street, l’action de la firme d’ingénierie et de construction s’est temporairement négociée à 17,46 $, son plus bas niveau depuis octobre 2004. Le titre a terminé la journée à 17,83 $, en recul de 5,76 %, ou 1,09 $. Jeudi, l’action avait abandonné près de 9,4 %.
Dans la foulée du dévoilement d’une perte nette de 2,12 milliards $ au deuxième trimestre et d’une réduction du dividende trimestriel de l’ordre de 80 pour cent, la majorité des analystes qui suivent SNC-Lavalin ont décidé d’abaisser leur cours cible pour l’action.
« En raison de la précarité de ses liquidités, SNC-Lavalin ne peut même pas songer à racheter des actions malgré un cours déprimé, l’entreprise a dû réduire le dividende une fois de plus et doit maintenant affecter tous les produits (générés par la vente de sa participation dans) l’autoroute 407 au remboursement de la dette (de 2,4 milliards $) », a souligné Frederic Bastien, de Raymond James, dans une note.
Si SNC-Lavalin avait déjà signalé qu’elle allait plonger dans le rouge, l’analyste s’est montré particulièrement déçu de voir le bénéfice d’exploitation fléchir du côté de l’ingénierie, conception et gestion de projet, des services et infrastructures ainsi que du nucléaire, des segments sur lesquels l’entreprise mise pour se redresser.
M. Bastien a fait passer son cours cible de 32 $ à 25 $, mettant en garde les investisseurs contre une dégringolade du titre.
Pour parvenir à ses fins, le président et chef de la direction par intérim de SNC-Lavalin, Ian Edwards, en poste depuis moins de deux mois, a annoncé que l’entreprise cessera de soumissionner sur des contrats à prix fixe, où les dépassements de coûts sont absorbés par l’entrepreneur, afin de se tourner davantage vers les services d’ingénierie, où les risques sont moins élevés.
Les analystes ont salué cette décision, mais il faudra encore du temps à la firme pour mettre ces problèmes derrière elle, puisque son carnet de commandes compte pour 3,2 milliards $ de contrats clé en main.
Yuri Lynk, de Cannacord Genuity, pense qu’il faudra environ cinq ans afin que SNC-Lavalin puisse atteindre ses objectifs.
« Compte tenu du temps que cela prendra, (le titre de la société) ne s’adressera qu’aux investisseurs à la recherche de valeur et qui sont prêts à patienter », a estimé l’analyste, dans un rapport où il abaisse son cours cible à 34 $, par rapport à 43 $ auparavant.
Devin Dodge, de BMO Marchés des capitaux, croit pour sa part qu’il n’est pas impossible que SNC-Lavalin puisse annoncer d’autres mauvaises nouvelles au cours des prochains trimestres.
Il y a beaucoup de risques entourant l’exécution des contrats à prix fixe, croit l’analyste, ce qui pourrait nécessiter, à terme, une autre injection de capital dans la division d’ingénierie et de construction de l’entreprise.
« Nous préférons attendre une nette amélioration de la situation financière, car nous pensons qu’une détérioration supplémentaire de la situation financière se traduirait par une pression supplémentaire sur le cours de l’action », a indiqué Benoit Poirier, de Desjardins Marchés des capitaux.
La semaine dernière, à la suite d’un troisième avertissement sur ses résultats depuis le début de l’année, SNC-Lavalin avait vu l’agence de notation DBRS abaisser sa cote de crédit, qui passe de BBB à BBB (bas). Standard & Poor’s, qui avait décoté la firme en avril dernier, lui avait également servi un avertissement en prévenant qu’une autre révision à la baisse pourrait survenir au cours des « prochaines semaines ».
Une décote entraîne généralement une hausse des coûts d’emprunt.