(Photo: La Presse Canadienne)
New York — Les actions de la société de médias sociaux de Donald Trump ont bondi d’environ 16% au cours de la première journée de cotation sur le Nasdaq, augmentant la valeur des participations importantes de M. Trump dans la société ainsi que les participations plus modestes des partisans qui ont acheté des actions en signe de soutien à l’ancien président.
Trump Media & Technology Group a été racheté lundi par une société d’acquisition à vocation spécifique ― soit une entreprise sans activités, cotée en Bourse, qui sert d’intermédiaire pour permettre à une entreprise privée d’accéder rapidement au marché public ― appelée Digital World Acquisition. Trump Media, qui gère la plateforme de médias sociaux Truth Social, a pris la place de Digital World sur le Nasdaq.
Les actions ont clôturé à 57,99$US, en hausse de 16,1%, ce qui donne à l’entreprise une valeur de marché de 7,85 milliards de dollars américains (G$US). À un certain moment, l’action a augmenté d’environ 59%. M. Trump détient une participation de près de 60% dans l’entreprise, qui vaut aujourd’hui environ 4,6G$US.
La plupart des investisseurs de Trump Media sont des petits investisseurs qui tentent de soutenir M. Trump ou de profiter de la manie, plutôt que de grands investisseurs institutionnels et professionnels. Ces actionnaires ont aidé l’action de Digital World à plus que doubler cette année en prévision du regroupement.
Ces investisseurs pourraient avoir quelques sueurs froides. D’une part, ils misent sur une entreprise dont les perspectives de rentabilité sont vagues. Trump Media a perdu 49 millions de dollars américains (M$US) au cours des neuf premiers mois de l’année dernière, alors qu’elle n’a enregistré que 3,4M$US de recettes et qu’elle a dû payer 37,7M$US de frais d’intérêt. Dans un récent dossier réglementaire, la société a cité le taux élevé d’échec des nouvelles plateformes de médias sociaux, ainsi que le fait qu’elle s’attend à perdre de l’argent sur ses opérations «dans un avenir prévisible», comme étant des risques pour les investisseurs.
Truth Social a été lancé en février 2022, un an après que M. Trump ait été banni des principales plateformes sociales, notamment Facebook et X, anciennement Twitter, à la suite de l’insurrection du 6 janvier au Capitole des États-Unis. Il a depuis été réintégré dans ces deux plateformes, mais est resté fidèle à Truth Social.
Lundi, M. Trump a comparu devant un tribunal de New York dans le cadre d’une affaire pénale concernant des paiements occultes effectués pour dissimuler des allégations d’infidélité conjugale. Il a ensuite déclaré aux journalistes que «Truth Social se porte très bien. Il est chaud comme un pistolet et se porte très bien».
Cependant, Trump Media n’a pas encore divulgué le nombre d’utilisateurs de Truth Social ― bien que cela devrait changer maintenant que la société est publique. Le cabinet d’études Similarweb estime que Truth Social comptait environ 5 millions d’utilisateurs actifs sur mobile et sur le web en février. Ce chiffre est bien inférieur aux 2 milliards d’utilisateurs de TikTok et aux 3 milliards d’utilisateurs de Facebook, mais reste supérieur à celui d’autres rivaux «alt-tech» comme Parler ― qui n’existe plus depuis près d’un an, mais prévoit de faire son retour ― ou Gettr, qui comptait moins de deux millions de visiteurs en février.
Outre la concurrence dans le domaine des médias sociaux, Trump Media est confronté à d’autres risques ― y compris, dans une certaine mesure, celui de Donald Trump lui-même.
Trump Media, dont le siège se trouve à Palm Beach, en Floride, a déclaré dans un document réglementaire qu’il «dépendait fortement de la popularité et de la présence du président Trump». Si l’ancien président devait limiter ou interrompre ses relations avec l’entreprise pour quelque raison que ce soit, y compris en raison de sa campagne pour regagner la présidence, l’entreprise «serait considérablement désavantagée».
Reconnaissant l’implication de M. Trump dans de nombreuses procédures judiciaires, la société a noté qu’«une issue défavorable dans une ou plusieurs» de ces affaires pourrait avoir un impact négatif sur Trump Media et Truth Social.
Un autre risque, selon la société, est qu’en tant qu’actionnaire de contrôle, M. Trump aurait le droit de voter ses actions dans son propre intérêt, ce qui ne serait pas toujours dans l’intérêt de tous les actionnaires en général.
Si l’on se fie à l’activité commerciale récente, les investisseurs doivent s’attendre à ce que les actions soient volatiles. Les actions de Digital World ont plus que doublé cette année avant le vote des actionnaires sur le regroupement avec Trump Media. Après le vote de vendredi, les actions ont chuté de près de 14%, mais lundi, elles ont fortement rebondi avec un gain de 35%.
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