Les investisseurs se demandent quel candidat incarne la stabilité.(Photo: 123RF)
Les élections américaines reviennent aux quatre ans, et avec elles, une certaine anxiété des investisseurs envers leurs placements : quel candidat incarne la stabilité? Lequel est le plus risqué? Comment leurs politiques affecteront-elles les marchés boursiers? Si le passé est garant de l’avenir, les investisseurs peuvent toutefois dormir relativement tranquilles… pour le moment.
Plusieurs analystes se sont penchés sur la question des rendements au cours des mandats présidentiels américains. Kelly Bogdanova, de RBC Wealth Management, à San Francisco, en fait partie.
Dans sa note « Key things to know about U.S. elections » (« Les éléments clés à savoir à propos des élections américaines »), publiée en mars, elle se penche sur les données du S&P 500 portant sur la période allant de 1928 à 2023. Elle étudie notamment les rendements des marchés boursiers — excluant les dividendes — durant les quatre années d’un mandat présidentiel.
La pire des quatre années est la deuxième, avec une performance moyenne de 3,3 %. La seconde année la moins intéressante est la première, avec une moyenne de 6,6 %. La meilleure année est la troisième, avec un rendement moyen de 14 %. Quant à l’année de l’élection elle-même, les rendements ont historiquement été de 7,5 %, calcule Kelly Bogdanova.
Elle note que les experts politiques et les stratèges de marchés ont avancé diverses théories expliquant pourquoi cette tendance sur quatre ans a persisté à travers le temps. Certains estiment qu’il faut mettre en cause, par exemple, des dépenses fédérales plus élevées la troisième année, alors que d’autres invoquent les politiques de la Réserve fédérale américaine (Fed) au cours des différentes années.
« Mais nous n’avons pas encore trouvé d’explication fiable et concrète », écrit la chercheuse.
Une fin d’année plus forte
Fait intéressant, remarque l’analyste, les gains n’ont pas tendance à être distribués uniformément au cours de l’année. Effectivement, en se penchant spécifiquement sur l’évolution moyenne du marché lors des années d’élections, Kelly Bogdanova constate que les gains sont réalisés tard dans l’année.
Plus précisément, les gains moyens ont tendance à être nuls ou presque jusqu’en juin, et à croître ensuite jusqu’à la fin de l’année.
Ses résultats montrent que « les marchés boursiers font du surplace pendant la saison des primaires, avant d’augmenter au cours de l’été et d’enregistrer de beaux gains après les élections de novembre ».
Plus de variabilité
Une autre étude, celle-là de Fidelity, aborde la même question, mais en analysant des données du S&P 500 pour une période plus courte, soit, de 1950 à 2023. Intitulée « The election and markets: 5 takeaways » (« Élections et marchés boursiers : 5 réflexions »), celle-ci trouve également que la troisième année d’un mandat est la meilleure, avec une performance moyenne de 14,7 %, suivie de l’année électorale à 9,1 %.
Cependant, cette étude montre que l’année menant à l’élection est celle où les résultats ont été les plus variables, ce qui signifie qu’elle est celle où la différence entre les pires et les meilleurs gains au cours de la période a été la plus grande.
Plus précisément, l’étude trouve que la pire année électorale a produit une perte de près de 40 %, alors que la meilleure a plutôt généré des gains de plus de 30 %. À l’inverse, la troisième année a été celle où la variabilité a été la plus faible, oscillant entre une perte de 10 % et un gain d’un peu plus de 30 % durant la période étudiée.
L’effet des partis
Une troisième note de recherche se penche sur la question du parti politique : est-ce que le choix du parti qui est élu dans les années de présidentielle a une incidence sur les rendements des marchés boursiers?
Selon les résultats présentés dans la note « S&P 500 Index Returns In U.S. Presidential Election Years », (« Rendements du S&P 500 lors des années électorales à la présidence »), préparée par la firme américaine de services financiers First Trust, la réponse est oui.
En effet, au cours de la période allant de 1928 à 2016, les rendements du S&P 500 lors d’années électorales ont été de 15,3 % en moyenne lorsqu’un président républicain a été élu, comparativement à 7,6 % pour un président démocrate.
Quant à la trajectoire des marchés après l’élection à venir cette année, celle-ci risque également fort de dépendre du candidat élu, estime Angelo Katsoras, analyste géopolitique à la Banque Nationale. Le diable est toutefois dans les détails, explique celui qui vient de publier une analyse sur l’élection intitulée « L’impact possible d’une victoire de D. Trump à l’élection présidentielle ». Selon lui, le contrôle du Congrès jouera aussi un rôle crucial.
« Je pense que si c’est un gouvernement divisé, avec un parti qui contrôle la présidence, et l’autre qui contrôle le Congrès, les marchés boursiers pourraient réagir favorablement », dit-il, expliquant que cela aurait pour effet de bloquer les idées les plus extrêmes de chaque parti.