La pandémie a-t-elle permis un important transfert de richesse?
Ian Gascon|Publié le 11 septembre 2020(Photo: 123RF)
BLOGUE INVITÉ. Au mois de mars, la panique était bien installée sur les marchés financiers mondiaux. Dans ce billet (Le présent marché baissier sera-t-il le plus court de l’histoire?), je mentionnais qu’il était possible que ce marché baissier soit de courte durée. C’est fait. Les bourses américaines ont atteint de nouveaux sommets la semaine passée. Le problème est que cette reprise ne s’est pas matérialisée pour la raison attendue, soit une reprise complète de l’activité économique.
Six mois après le début de la crise, l’effet de l’aide gouvernementale massive s’est fait sentir à travers plusieurs secteurs de l’économie. Certains secteurs ont repris leurs pleines activités. Le secteur des technologies est en ébullition et l’immobilier résidentiel atteint de nouveaux records. Mais, à l’inverse, les secteurs de la restauration, du commerce de détail et du transport aérien ne voient pas la lumière au bout du tunnel. Visiblement, la reprise est inégale.
Dans tout ce brouhaha, qui a le plus profité de cette reprise? J’oserais dire que ce sont les plus riches et que c’est possiblement le plus important transfert de richesse de l’histoire. Évidemment, les patrons des entreprises technologiques se sont massivement enrichis (Bezos, Gates, Zuckerberg, Musk…), mais c’est en bonne partie dû à leur modèle d’affaires qui semble être immunisé aux effets de cette pandémie. Ce n’est pas de ce groupe dont je veux parler, mais plutôt de l’écart immense qui s’est creusé entre ceux qui possèdent des actifs dans les marchés et dans l’immobilier versus ceux qui n’en ont que très peu.
Malgré les efforts répétés du gouvernement Trudeau d’aider la classe moyenne depuis son élection, tout indique que les mesures prises depuis le début de la pandémie ont plutôt largement favorisé les plus riches.
L’aide massive a fait en sorte que le gouvernement a absorbé une partie importante des pertes de plusieurs grandes entreprises. L’injection de liquidités par la banque du Canada a permis de racheter des milliards en obligations de sociétés. Certes, cette aide était essentielle pour redonner de l’espoir aux investisseurs. Mais trop, c’est comme pas assez. L’aide a été tellement importante qu’elle a propulsé le prix des actifs à des niveaux record.
Que ce soit les bourses, le prix des obligations ou de l’immobilier, au lieu de perdre leurs chemises avec leurs placements, les investisseurs qui ont pris des risques dans les marchés ont été récompensés, essentiellement sauvés par l’argent du gouvernement. L’aide gouvernementale a enrichi presque tous ceux qui avaient des actifs liquides.
À l’inverse, plusieurs propriétaires de petites d’entreprises, certains travailleurs autonomes et les salariés de secteurs en difficultés ont aussi reçu de l’aide, mais seulement pour continuer à vivre avec un minimum de revenus. Pour plusieurs, l’impact de la pandémie a été catastrophique.
Le résultat net est que ceux qui avaient beaucoup d’argent en ont maintenant beaucoup plus. Lorsque viendra le temps de repayer la dette énorme créée par l’aide gouvernementale, il risque fort d’y avoir plusieurs mécontents et un certain sentiment d’injustice.
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