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La TD demeure sur le banc des pénalités

Jean Gagnon|Édition de septembre 2024

La TD demeure sur le banc des pénalités

(Photo: Adobe Stock)

La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.

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(Illustration: Camille Charbonneau)

La ronde de divulgation des résultats du troisième trimestre des banques canadiennes a commencé avec une nouvelle de taille, le 22 août, lorsque la Banque TD (TD, 80,48 $), la première à s’exécuter, annonçait qu’elle allait mettre de côté une somme de 2,6 milliards de dollars américains (G $ US) pour régler les futures amendes en vertu du US Bank Secrecy Act.

Les régulateurs américains reprochent à la banque canadienne de ne pas avoir pris toutes les mesures nécessaires pour éviter des cas de blanchiment d’argent.

Rappelons qu’au trimestre précédent, la banque avait déjà inscrit une provision de 450 millions de dollars américains (M $ US) à cet effet.

La direction de la Banque TD dit croire que la situation devrait être complètement réglée d’ici la fin de l’année. On estime donc à au moins 3G $ US les provisions accumulées par l’entreprise pour payer les futures pénalités.

Cela est supérieur aux prévisions des analystes, souligne Doug Young, de Valeurs mobilières Desjardins. Les prévisions des analystes se situaient à l’intérieur d’une fourchette de 1G $ US à 2G $ US. Ce montant est déjà dépassé. Y en aura-t-il d’autres ? Il s’agit certes d’une possibilité que l’on ne peut pas écarter, croit l’analyste.

Nul doute que depuis le début de l’année, le titre de la Banque TD est boudé par les investisseurs, et de façon importante. Le cours de l’action a reculé de 6,3 % alors que trois de ses concurrentes, la Nationale (NA, 124,55 $), la Royale (RY, 161,80 $) et la CIBC (CM, 77,78 $), ont gagné plus de 15 % durant cette période. Une seule a fait pire qu’elle, soit BMO (BMO, 112,49 $), qui a perdu 10 %.

Déjà au banc des pénalités

À la question de savoir si le titre mérite d’être au banc des pénalités, François Campeau, cogestionnaire de portefeuille à Giverny Capital, répond qu’il y est déjà depuis un certain temps. Pendant bien des années, l’évaluation boursière de la Banque TD était égale à celle de la Banque Royale selon la mesure du ratio cours/bénéfice. Aujourd’hui, le ratio auquel se négocie l’action de la TD n’est plus que de 75 % de celui auquel se négocie le titre de la Royale. « Et ce ne sera pas facile de s’en sortir », dit le gestionnaire.

La possibilité qu’elle ait à prendre une provision supplémentaire d’un autre milliard de dollars américains, comme certains le pensent déjà, n’a rien de réjouissant, mais ce ne sera peut-être pas le plus important obstacle à franchir.

Le pire serait que les autorités américaines exigent des changements d’ordre non pécuniaire de la banque dans l’exercice de ses activités aux États-Unis. Entre autres, le gouvernement pourrait fixer une limite au montant d’actifs que la TD pourra détenir aux États-Unis. Cela s’est produit dans le cas d’une des grandes banques américaines, Wells Fargo, lors du scandale entourant l’ouverture de faux comptes en 2016.

L’effet d’une telle sanction serait de limiter la croissance de la banque dans les prochaines années, explique François Campeau. On se rappellera que la TD avait mis fin à son projet de faire l’acquisition de First Horizon Bank l’année dernière et avait eu à verser un dédommagement de 200M $ US à celle-ci alors que les enquêtes des régulateurs étaient en cours.

Le gestionnaire rappelle que lorsque le gouvernement s’en mêle, qui sait ce qu’il pourrait découvrir qui viendrait s’ajouter à la situation déjà délicate de la Banque TD aux États-Unis ?

Que nous dit l’image ?

Le titre de la TD avait profité de l’emballement des marchés une fois passé le choc de la COVID. En moins de deux ans, le titre avait plus que doublé, comme le montre le graphique des fluctuations hebdomadaires des cinq dernières années.

Durant les six mois suivants, le titre redonna près de la moitié de ces gains, ce que les analystes techniques considèrent comme une correction qui n’est pas anormale après une telle hausse.

À la suite de cette correction, les fluctuations du titre ont formé un triangle descendant, comme le montrent les lignes pointillées sur le graphique.

La capacité du titre de se dégager de ce triangle par le haut ou par le bas pourrait bien déterminer ce que sera la valeur de l’action au cours des prochains trimestres, explique Monica Rizk, analyste technique senior pour les publications Phases & Cycles.

« Pour reconnaître que les investisseurs ont retrouvé espoir en la Banque TD, il faudra que le titre brise le triangle par le haut et se maintienne de façon soutenue entre 83 $ et 87 $ », souligne l’analyste. Si le contraire devait se produire, le titre risquerait fort de poursuivre sa tendance baissière, croit-elle.