Le CELI de Lancelot Legendre-Courville : pour profiter de la vie
Jean Décary|Édition de la mi‑octobre 2024Âgé de 29 ans, le psychologue mise sur les Fonds négociés en Bourse. (Photo: courtoisie)
PLEINS FEUX SUR MON CELI. Sur les conseils de son père, avec qui il parlait d’argent de façon décomplexée, et de son grand-père, comptable de profession, ce jeune psychologue a pris tôt dans sa vie de bonnes habitudes d’épargne.
« Dès mes premiers emplois, j’ai commencé à mettre de l’argent de côté. » Il avoue avoir longtemps été habité par de l’anxiété financière. Pourtant, ses parents sont de la classe moyenne élevée et ont toujours travaillé fort et vécu leur vie confortablement. « On a beaucoup déménagé, peut-être que cette anxiété vient de cette peur de ne pouvoir faire face aux aléas de la vie », dit Lancelot Legendre-Courville. Pour vaincre cette anxiété, il pratique l’art du délai de gratification. « C’est simple, je renonçais aux plaisirs immédiats dans l’optique d’en profiter plus tard. »
C’est lui qui prend ses rendez-vous avec la banque et, dès qu’il a l’âge requis, ouvre son CELI. « Je n’avais pas de connaissances financières, sinon que je savais qu’il fallait que j’épargne et que j’investisse. » Il commence son parcours d’investisseur en achetant des parts de fonds communs de placement. « J’ai réussi à maximiser mes cotisations chaque année depuis 2014. »
Il insiste sur les privilèges qu’il a eus, dont celui d’être appuyé par ses parents tout au long de ses années sur les bancs d’école, mais aussi celui d’avoir pu obtenir des bourses d’études.
De tempérament curieux, il profite de la pandémie et de la fin de son doctorat pour s’éduquer davantage sur la finance. Cela lui donne la confiance nécessaire pour se mettre à investir par lui-même. Il vend alors ses fonds communs de placement et réinvestit son pécule dans des fonds négociés en Bourse (FNB). « Je n’ai pas les compétences pour acheter des titres individuels », reconnaît-il.
Le portefeuille qu’il s’est construit depuis un an est resté pratiquement intact, avec l’ajout récent d’un ou deux FNB. Difficile, après un si court laps de temps, d’établir de bons et moins bons coups dans son cheminement d’investisseur. Il prend aujourd’hui le contre-pied de la philosophie FIRE (« Financial Independance, Retire Early ») et dit regretter le zèle avec lequel il s’est appliqué à épargner dès son jeune âge. « Je ne voyageais pas et j’apportais mon lunch partout… J’aurais aimé trouver un meilleur équilibre et lâcher mon fou davantage. La vie est courte et il faut savoir en profiter. »
Résolu à croquer dans la vie, le jeune investisseur voit à la fois son CELI comme un véhicule de placement à très long terme, mais aussi comme un coussin financier pour les imprévus, voire les gâteries.
Sans surprise il conseille aux nouveaux investisseurs de trouver un équilibre entre une vie d’épicurien et d’épargnant zélé. « Quand on investit, il faut aussi accepter qu’on n’a pas le contrôle de grand-chose sur le plan économique. Il faut savoir lâcher prise et se contenter de surfer sur les vagues du marché. »
Dans l’œil du pro
« C’est l’un des rares portefeuilles de FNB que je trouve pas mal », dit Ian Gascon, gestionnaire de portefeuille et président de Placements Idema, qui s’étonne que plusieurs des FNB utilisés par l’investisseur sont des produits avec lesquels il travaille aussi. « C’est un bon départ. Il a fait une bonne réflexion et son approche à long terme cadre bien avec le choix d’utiliser des FNB. »
Le professionnel se questionne principalement sur l’allocation d’actifs global de l’investisseur qui est 100 % en actions. « Je comprends qu’il est jeune, mais ce que je constate de plus en plus — et je le vois avec mes clients —, c’est que l’aversion au risque de plusieurs investisseurs a disparu. »
Le gestionnaire reconnaît que l’environnement économique a été extrêmement avantageux pour les actions depuis un bon moment déjà. « L’aspect gestion de risque a été occulté, c’est-à-dire la volonté de contrôler les pertes et d’avoir un portefeuille plus robuste dans un environnement difficile. »
Selon lui, il y a un avantage à long terme à avoir d’autres catégories d’actifs, comme des titres à revenu fixe. « Combiné avec un rééquilibrage régulier ou en fonction de l’évolution des marchés, il est encore très pertinent d’avoir un composant d’obligations qui vient stabiliser les rendements dans toutes les conditions de marché. »
Sur le plan de la composition du portefeuille, Ian Gascon observe un risque de surdiversification avec des FNB qui jouent le même rôle. « Je pense entre autres au FINB iShares Core MSCI EAFE IMI (XEF, 38,77 $) et au FNB indiciel d’actions internationales TD (TPE, 22,81 $), qui sont très similaires. Il n’y a pas d’intérêt à détenir les deux, un seul de ces FNB suffirait amplement. »
Il juge aussi que certains d’entre eux sont coûteux, comme le FNB Desjardins IR Marchés émergents multifacteurs trajectoire zéro émission nette (DRFE, 23,76 $) ou le FNB actif de dividendes canadiens Dynamique (DXC, 37,61 $), dont les ratios de frais de gestion sont respectivement de 0,75 % et de 0,72 % et qui n’ajoutent pas de gains substantiels en matière de diversification. « Pour le marché américain, au lieu de FNB à faible volatilité ou de petites capitalisations, j’aurais opté pour un FNB de capitalisations moyennes. » De façon générale, il juge élevé le nombre de fonds pour ce portefeuille.