Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Transition énergétique: le pétrole n’a pas dit son dernier mot

Morningstar|Publié le 21 février 2022

Transition énergétique: le pétrole n’a pas dit son dernier mot

Le pétrole va probablement être éliminé peu à peu. Entre-temps, il y a des occasions à saisir, selon Brahm Spilfogel. (Photo: 123RF)

Malgré la transition qui s’opère dans le secteur des énergies cycliques, le vice-président et gestionnaire de portefeuille principal, actions canadiennes et mondiales, à RBC Gestion mondiale d’actifs, Brahm Spilfogel, continue de voir d’excellentes occasions se profiler pour son Fonds de ressources de sociétés canadiennes à petite et moyenne capitalisation.

«Les gestionnaires de capitaux du monde entier ont boudé cette industrie de fond en comble, explique Brahm Spilfogel. Nous nous trouvons en plein désinvestissement.»

Il ajoute que puisqu’on n’investit pas assez et que l’on n’a pas assez d’investisseurs, la valorisation de ces sociétés, surtout dans la prospection et la production, est meilleure que jamais. Il croit que cela permettra à l’industrie de générer des flux de trésoreries énormes pendant encore longtemps.

 

Investir dans la transition

Les secteurs de l’énergie et des matériaux sont profondément affectés par cette transition énergétique et le pétrole va probablement être éliminé peu à peu, ajoute le gestionnaire de portefeuille.

Entre-temps, il y a des occasions à saisir.

Brahm Spilfogel donne en exemple la transition énergétique et la nouvelle technologie requise dans le secteur de l’énergie pour en arriver à la neutralité carbone dans les 30 années qui viennent. Il cite des métaux qui vont prospérer sur le front des matières premières, comme le nickel, le lithium et le cuivre, alors que la transition vers les véhicules électriques et d’autres initiatives sont enclenchées.

Du point de vue thématique, à long terme, des secteurs comme les mines, les produits forestiers et les produits chimiques sont considérés comme d’excellents foyers d’opportunités et les évaluations y sont bonnes.

 

Un équilibre avec l’indice de référence

«Je suis une personne relativement prudente dans une industrie très volatile», mentionne Spilfogel, qui compte vingt ans d’expérience. Il dit faire preuve d’une grande souplesse dans son style, mais il est très sensible à l’influence de l’indice de référence pour atténuer le risque et capturer des gains en marchés haussiers comme baissiers.

«Il est très important de continuer à tantôt sous-pondérer, tantôt surpondérer ses positions, parce que c’est comme ça qu’on ajoute de la valeur avec le temps», précise-t-il. Actuellement, le fonds a 36 avoirs, avec une pondération de 51% dans l’énergie et de 47% dans les matériaux de base.

Son indice mixte est celui des producteurs à petite et moyenne capitalisation TSX E&P (à l’exclusion des oléoducs et des raffineries), et, du côté des matériaux, l’indice S&P Matériaux, à l’exclusion de l’or et des métaux précieux.

Il n’y a pas de limite maximum ou minimum de participation à l’énergie ou aux matériaux, mais il est rare que les pondérations de plus ou moins 10% par rapport aux grands indices.

Selon le gestionnaire, le portefeuille finit par avoir davantage l’air d’être le fruit d’une sélection d’actions que de pondérations sectorielles et il suit une approche ascendante activement gérée.

Dans l’ensemble, ses critères suggèrent une recherche plus intensive de sociétés qui ont des actifs de qualité élevée et qui peuvent augmenter leurs flux de trésorerie, dans un environnement où dominent les matières premières.

Les recherches approfondies que cela implique demandent en permanence une analyse fondamentale des multiples nuances qui marquent les sous-secteurs et les industries. Une équipe de gestion élargie sollicite les compétences de gestionnaires de portefeuille et d’analystes spécialisés.

 

Les attentes ESG

Il y a une importante composante ESG (critères environnementaux, sociaux et de gouvernance) dans ce mandat qui se consacre davantage à l’énergie et l’environnement qu’à la gouvernance au niveau du CA.

Selon Brahm Spilfogel, l’ensemble de compétences dont doivent faire preuve les sociétés des deux secteurs demande un traitement optimal de l’environnement et le respect des normes gouvernementales internationales. «Quand nous investissons dans une société de production de lithium, nous nous assurerons qu’elle obéit aux meilleures normes environnementales et sociales dans son activité minière», détaille-t-il.

Quant à la gouvernance des CA des petites et moyennes entreprises, celles-ci sont par nature de petites sociétés qui ont un esprit entreprenant, alors que les sociétés réussissent de mieux en mieux et que davantage de compétences sont requises, les équipes de gestion changent souvent ou ont besoin de changer, de même que leur CA.

 

Les actions préférées

Parmi les avoirs principaux du fonds, il y a la société de Calgary Calgary ARC Resources (ARX, 14,40$) et Tourmaline Oil (TOU, 46,13$), deux exemples de sociétés impliquées dans la transition énergétique. «Elles ont de bonnes équipes de gestion, une bonne culture, des ressources très durables et une production à relativement bas prix», explique Brahm Spilfogel.

Parce que ces industries sont boudées, leur valorisation est favorable. «Si l’on a des ressources durables à des valorisations faibles, on obtient des taux de rendement extraordinaires quand les choses s’améliorent, un peu comme ce qui est en train de se produire en ce moment», argue-t-il.

Le gestionnaire croit que les besoins de gaz naturel persisteront jusqu’à ce que les compétences suffisantes dans le stockage des batteries soient développées. «C’est donc un bon endroit pour investir pendant une vingtaine d’années», ajoute-t-il.

Ivanhoe Mines (IVN, 11,12$), établi au Congo, fait aussi partie des avoirs principaux. «L’actif est le cuivre et c’est un métal qui va bénéficier très longtemps de cette transition énergétique, que ce soit pour les fils métalliques, les voitures ou les éoliennes.», explique Spilfogel.

La société, qui représente à la première phase de production les mines les plus riches en cuivre dans le monde, est en passe de doubler ou tripler sa production dans les cinq prochaines années.

En positionnant le fonds pour atténuer les risques, il se peut que ce mandat connaisse une rotation plus élevée que celle d’autres fonds. Mais il s’emploie à recueillir les gains quand ils se produisent. «Il est aussi très important d’avoir des liquidités quand on a l’impression que les choses se gâtent et d’adopter une position plus défensive, ce que nous avons fait en 2020», reconnaît le gestionnaire.