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Regards tournés vers septembre à la Fed

AFP|Publié le 31 juillet 2024

Regards tournés vers septembre à la Fed

(Photo: 123RF)

Washington — Une baisse des taux, bientôt: la banque centrale américaine (Fed) devrait signaler mercredi qu’elle envisage de lancer le mouvement en septembre, maintenant que l’inflation est sur la bonne trajectoire et avant de risquer de faire grimper le chômage.

La réunion du comité de politique monétaire de la Fed, le FOMC, qui avait débuté mardi matin, a repris mercredi «à 9h00 comme prévu», a indiqué à l’AFP un porte-parole de la Fed.

Le Comité publiera son communiqué à 14h00, puis le président de l’institution, Jerome Powell, tiendra une conférence de presse trente minutes plus tard.

«Aucun changement de politique monétaire n’est attendu en conclusion de la réunion», résume Rubeela Farooqi, cheffe économiste pour High Frequency Economics.

Les responsables de la Fed devraient maintenir les taux à leur niveau actuel, dans la fourchette de 5,25 à 5,50%, selon les analystes.

Ils avaient été remontés à ce niveau, le plus élevé depuis 2001, afin de faire ralentir l’activité économique pour juguler la forte inflation qui, aux États-Unis comme ailleurs dans le monde, avait accompagné la reprise post-Covid.

Le statu quo est certes attendu mercredi, mais cette réunion «ouvrira la porte à une baisse en septembre», selon Krishna Guha, économiste pour Evercore, société de conseil en investissements.

L’inflation a en effet repris sa trajectoire à la baisse, vers l’objectif de 2% annuels, après un rebond début 2024. Elle est tombée en juin à 2,5% sur un an, selon l’indice PCE, la mesure préférée de la Fed.

Jackson Hole

Il ne faut en revanche pas s’attendre à ce que le président de la Fed, Jerome Powell, soit explicite ni affirmatif quant à une baisse lors de la prochaine réunion, les 17 et 18 septembre, avertit Krishna Guha.

Le dirigeant «attendra la fin du mois d’août à Jackson Hole», site de villégiature des montagnes du Wyoming, où se déroule chaque année la grand messe des banquiers centraux, «pour donner le signal explicite de réduction de septembre», estime l’économiste.

Cette baisse des taux sera la première depuis mars 2020, lorsque la crise du COVID-19 avait brutalement mis sous cloche l’activité économique, poussant la Fed à ramener ses taux à zéro.

Les consommateurs américains se languissent de pouvoir de nouveau emprunter de l’argent moins cher. C’est en effet de l’évolution des taux de la Fed que dépendent ceux des prêts accordés par les banques.

D’ici décembre, ce sont même trois baisses qui sont attendues par les acteurs du marché, selon l’évaluation de CME Group.

La réunion de septembre sera d’autant plus importante qu’elle sera la dernière avant l’élection du 5 novembre. Le candidat républicain à la Maison-Blanche Donald Trump, avait, en février dernier, reproché à la Fed de vouloir abaisser ses taux pour aider les démocrates à gagner.

Risques pour l’emploi

Si la Fed craint de commencer trop tôt à abaisser ses taux, ce qui risque de provoquer une nouvelle flambée de l’inflation, elle veille également à ne pas démarrer trop tard, ce qui pourrait alors faire augmenter le chômage.

Maintenant que l’inflation est de nouveau sur la bonne trajectoire, «les responsables de la Fed se concentrent de plus en plus sur les risques pour le marché du travail», a commenté Nancy Vanden Houten, économiste pour Oxford Economics.

L’institution «veut se prémunir d’un scénario où les licenciements commenceraient à augmenter, conduisant à un affaiblissement plus rapide du marché du travail», souligne-t-elle.

En juillet, les entreprises du seul secteur privé ont créé 122 000 emplois, selon les données de l’enquête mensuelle ADP/Stanford Lab publiée mercredi, en baisse.

«Il est évident que le marché du travail ralentit», a indiqué Nela Richardson, cheffe économiste d’ADP, lors d’une conférence téléphonique.

Le taux de chômage de juillet sera publié vendredi, trop tard donc pour pouvoir être pris en compte par les responsables de la Fed lors de leur réunion. Il est attendu stable par rapport à juin, à 4,1%, avec des créations d’emplois moins nombreuses cependant.