Bourse: ce qui bouge sur les marchés avant l’ouverture lundi
LesAffaires.com et AFP|Publié le 09 mars 2020«Les indices se dirigent vers un lundi noir ce matin.»
La Bourse de New York se prépare à un lundi noir, se calquant sur les autres places de marché toutes en proie à la panique face à l’accélération de l’épidémie du coronavirus et à la chute spectaculaire des cours du pétrole.
Du côté des contrats à terme, le Dow Jones Industrial Average, l’indice vedette du parquet new-yorkais, est en chute de 4,87% à 24 534 points. Toujours selon les contrats à terme, le Nasdaq, à forte coloration technologique, s’effondre de 4,82% à 8093.25 points. Le S&P500, quant à lui, dégringole de 4,90% à 2819 points.
Contexte
«Les indices se dirigent vers un lundi noir ce matin dans le sillage de l’échec des discussions entre l’Opep et la Russie sur un nouvel accord d’encadrement de la production et l’annonce de l’Arabie saoudite de réduire le prix de vente officiel pour le mois d’avril de toutes ses qualités de brut vers toutes les destinations», indique John Plassard, spécialiste de l’investissement chez Mirabaud.
Les cours du pétrole se sont effondrés de plus de 30% en Asie lundi matin, enregistrant la chute la plus sévère depuis la guerre du Golfe de 1991, après que l’Arabie saoudite a lancé une guerre des prix du brut.
Vendredi, Moscou s’est opposé à une nouvelle réduction de la production de pétrole pour enrayer la baisse des cours due à l’épidémie de coronavirus. L’Arabie saoudite a alors décidé de baisser ses prix pétroliers à la livraison, entraînant la chute de plusieurs places boursières dont celles des pays du Golfe, d’Asie et de Sydney.
Le bilan sanitaire lié au coronavirus a continué de s’alourdir au cours du week-end, alors que la maladie recule depuis plusieurs semaines en Chine, où le coronavirus est apparu en décembre.
Plusieurs pays ont mis en place des mesures de quarantaine depuis l’apparition du nouveau coronavirus. Dernier en date, l’Italie a instauré dimanche des mesures de confinement de plus de 15 millions d’habitants du nord du pays, son poumon économique, jusqu’au 3 avril.
L’épidémie continue de se propager aux États-Unis, où le président américain Donald Trump a défendu dimanche l’action de son gouvernement après des critiques sur la lenteur et les ratés de la lutte contre le coronavirus.
«Les investisseurs craignent toujours par ailleurs que la propagation du coronavirus soit sous-estimée par les économistes et les entreprises», ajoute M. Plassard.
À l’étranger
Marée de rouge sur les écrans boursiers du monde entier: les marchés dégringolaient lundi, affolés par une chute historique du cours du pétrole et par la perspective d’une débâcle économique généralisée, liée à l’épidémie du nouveau coronavirus.
«L’épidémie a contaminé l’atmosphère des marchés. Avec les places européennes et américaines qui dégringolent et l’effondrement des cours du pétrole, l’épidémie est un catalyseur» des faiblesses et «contradictions» de l’économie mondiale, a commenté Shen Zhengyang, analyste du courtier Northeast Securities.
«Les risques de récession mondiale ont augmenté. (…) Un recul prolongé de la consommation, en plus de fermetures prolongées d’entreprises, attaquerait les bénéfices, conduirait à des suppressions d’emplois et pèserait sur le moral» des acteurs économiques, écrivent lundi les analystes de Moody’s.
L’or noir a connu lundi sa pire chute depuis la première guerre du Golfe en 1991, s’effondrant de plus de 30% en Asie. En cause, la décision de l’Arabie saoudite d’adopter une politique de la terre brûlée en baissant drastiquement le prix de son or noir, après l’échec de négociations en fin de semaine dernière avec la Russie.
La violence du choc s’est propagée aux Bourses mondiales, déjà fortement secouées ces dernières semaines.
Les places européennes ont ouvert dans le rouge, de Paris à Londres en passant par Milan. Dans la capitale financière de l’Italie, placée en quarantaine désormais pour tenter d’enrayer la propagation galopante du nouveau coronavirus, l’indice vedette a flanché de plus de 8% peu après l’ouverture.
La Bourse de Tokyo a particulièrement accusé le coup, affolée par l’ascension du yen, très pénalisante pour les exportations. Le Nikkei a clôturé sur une chute de 5,07%, du jamais vu depuis début février 2018.
Les places chinoises ont aussi fini en baisse.
Les Bourses du Golfe dévissaient logiquement, krach pétrolier oblige. Celle de Ryad perdait près de 8% à la mi-journée. Le titre de Saudi Aramco, géant pétrolier qui pompe plus de 9 millions de barils par jour, continuait à s’enfoncer: ces deux derniers jours, sa valorisation a fondu de 320 milliards de dollars.
Les marchés redoutent désormais une débâcle de l’économie réelle, alors que l’épidémie désorganise les chaînes de production sur toute la planète, cloue des avions au sol, provoque l’annulation de centaines de salons professionnels, plombe le secteur du tourisme…
À l’agenda
Les effets du Covid-19 se font ressentir peu à peu sur l’économie : la Chine a vu ses exportations s’effondrer de 17,2% sur un an sur les deux mois cumulés de janvier-février, reflet d’une économie paralysée par l’épidémie due au nouveau coronavirus. Il s’agit de la plus forte chute des exportations du géant asiatique depuis février 2019, en pleine guerre commerciale avec les États-Unis.
La Banque centrale européenne a demandé à ses quelque 3700 employés basés à Francfort d’effectuer lundi une journée de télétravail pour tester son plan d’urgence en cas de confinement dû à l’épidémie de Covid-19.