Bourse: ce qui bouge sur les marchés avant l’ouverture lundi
LesAffaires.com et AFP|Publié le 21 janvier 2019«Un accord d'envergure n'est pas encore possible entre Washington et Pékin.»
La Bourse de Toronto devrait reprendre son souffle après avoir nettement accéléré vendredi, à l’orée d’une séance qui s’annonce calme en l’absence des investisseurs américains pour cause de jour férié.
Bay Street a clôturé en hausse vendredi, mettant fin à une deuxième semaine consécutive de solides gains, alors que de nouveaux indicateurs permettaient d’espérer une résolution de la dispute commerciale entre les deux plus grandes économies du monde.
L’indice composé S&P/TSX du parquet torontois a grimpé pour une onzième séance consécutive, prenant 92,61 points pour terminer la journée à 15 303,83 points.
Le marché torontois a avancé de 2,4 pour cent sur l’ensemble de la semaine, après avoir progressé de 3,55 pour cent la semaine précédente. Après avoir connu un automne particulièrement difficile, le TSX a gagné 981 points, soit 6,8 pour cent, jusqu’à maintenant cette année.
La Bourse de New York est fermée aujourd’hui, en raison de la célébration de la Journée de Martin Luther King Jr.
Contexte
Les marchés nord-américains ont réagi positivement vendredi aux informations voulant que la Chine ait proposé d’éliminer le déficit commercial annuel américain d’ici 2024 en augmentant progressivement les importations américaines. Cela s’est produit un jour après que le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, eut évoqué l’idée d’assouplir les droits de douane sur les produits chinois au cours des négociations commerciales.
«Le marché a opéré une forte remontée lors de la séance de vendredi qui a permis de finir sur une performance hebdomadaire positive», a rappelé dans une note Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.
Selon lui, «les attentes fortes» des investisseurs en matière d’avancées dans le conflit commercial sino-américain «permettent d’éclipser pour le moment les inquiétudes concernant l’impact économique du shutdown».
«Nous avons fait des progrès avec la Chine lors de la rencontre des négociateurs à Pékin» au début du mois, a reconnu vendredi le principal conseiller économique du président Trump, Larry Kudlow, interrogé sur Fox Business News.
Mais il a ajouté, «rien n’est résolu, rien n’est sur le papier, il n’y a pas de contrat», démentant des informations de presse affirmant «que les choses sont faites et qu’il y a un accord».
Selon ces récentes informations, la Chine aurait fait des concessions, y compris une offre d’augmenter les importations américaines sur une durée de six ans.
Toutefois, «l’article de Bloomberg sur l’absence de progrès sur les questions de propriété intellectuelle rappelle qu’un accord d’envergure n’est sans doute pas encore possible entre Washington et Pékin», a estimé de son côté Tangi Le Liboux, un stratégiste du courtier Aurel BGC.
À l’étranger
Les Bourses chinoises ont de nouveau terminé en hausse lundi, alors que les espoirs de résolution du conflit commercial entre Pékin et Washington ont éclipsé des statistiques montrant l’essoufflement de la croissance du géant asiatique, à son plus bas niveau depuis 28 ans.
Les places chinoises ont progressé à l’unisson des grands marchés asiatiques, dans la foulée d’informations de presse faisant état des intentions de Pékin de doper sur les cinq prochaines années les achats de produits américains.
Si la nouvelle est accueillie avec un certain scepticisme, les observateurs y voient néanmoins un signe de bon augure dans les délicates négociations commerciales engagées entre Pékin et Washington pour mettre un terme à leur conflit douanier.
De quoi soutenir l’optimisme des marchés actions, déjà portés la semaine dernière par l’espoir de voir la situation se débloquer, à l’heure où le négociateur en chef chinois, le vice-Premier ministre Liu He, doit se rendre aux Etats-Unis les 30 et 31 janvier pour de nouveaux pourparlers.
«Pour le moment, les marchés vont de l’avant avec l’impression grandissante qu’il y a énormément de bonne volonté de part et d’autre pour arriver à un accord», soulignait Rodrigo Catril, stratégiste de la National Australia Bank.
«Mais, à l’approche de la date-butoir du 1er mars», qui marquera la fin de la trêve décrétée par les deux puissances début décembre, «le marché attendra des signaux beaucoup plus concrets de la probabilité d’un compromis».
Cet optimisme des investisseurs sur la guerre commerciale a éclipsé des chiffres très moroses sur la croissance chinoise, tombée à 6,6% en 2018, sa pire performance annuelle depuis 1990, à l’heure où Pékin s’efforce d’endiguer le colossal endettement du pays sans trop miner l’activité.
Plus inquiétant encore: l’économie chinoise s’est essoufflée sur les trois derniers mois de l’année, enregistrant sa plus basse progression trimestrielle (6,4%) depuis la crise financière mondiale il y a dix ans.
Mais ces statistiques moroses pourraient également inciter les autorités à muscler leurs mesures de relance, à la suite des rabais fiscaux dévoilés la semaine dernière et d’assouplissements de la politique monétaire.
«Nous prévoyons que ces mesures devront être renforcées au cours de l’année», insiste Stephen Chang, gérant de Pacific Investment Management.
À l’agenda
Du côté des indicateurs, la croissance de la Chine a ralenti l’année dernière à son plus faible niveau en 28 ans, à +6,6%, au-dessus de l’objectif de +6,5% que s’était fixé le gouvernement, a annoncé le Bureau national des Statistiques (BNS).
De son côté, la production industrielle a enregistré une croissance «lente mais stable», a souligné le BNS, progressant de 6,2% en 2018. Mais elle a perdu de l’élan les derniers mois de l’année, tombant sous les 6%.