Bourse: Wall Street termine en baisse
lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne|Publié le 16 mai 2023(Photo: Getty Images)
REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de New York a terminé en baisse mardi, inquiète de l’état du consommateur américain, mais aussi de la perspective de taux élevés pour plus longtemps, tandis que le secteur technologique a, encore une fois, tiré son épingle du jeu.
L’indice phare de la Bourse de Toronto a clôturé mardi en baisse de près de 300 points, tiré vers le bas par les pertes des secteurs de l’énergie, de la finance et des métaux de base, pendant que les grands indices américains perdaient des plumes eux aussi.
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Les indices boursiers à la fermeture
À Toronto, le S&P/TSX a cédé 297,90 points (-1,45%) à 20 242,07 points.
À New York, le S&P 500 a lâché 26,38 points (-0,64%) à 4 109,90 points.
Le Nasdaq a descendu de 22,16 points (-0,18%) à 12 343,05 points.
Le DOW a diminué de 336,46 points (-1,01%) à 33 012,14 points.
Le huard a descendu de 0,0009 $US (-0,1187%) à 0,7418 $US.
Le pétrole a baissé de 0,58 $US (-0,82%) à 70,53 $US.
L’or a cédé 29,50 $US (-1,46%) à 1 993,20 $US.
Le bitcoin a terminé en baisse de 324,99 $US (-1,19%) à 27 028,62 $US.
Le contexte
La place new-yorkaise a démarré du mauvais pied avec les résultats de la chaîne de bricolage Home Depot (-2,51%), qui a publié, avant Bourse, un chiffre d’affaires trimestriel sensiblement inférieur aux attentes et fait état de «pressions» sur la demande.
«Ça a ramené tout le monde sur terre», a commenté Steve Sosnick, d’Interactive Brokers. «Ce n’est pas bon du tout.»
L’analyste a souligné que le trimestre décalé de Home Depot s’achevait fin avril, ce qui en fait un indicateur plus avancé que la plupart des sociétés qui ont publié depuis le début de la saison des résultats portant sur les trois premiers mois de l’année.
L’impression a été confirmée par les ventes de détail aux États-Unis en avril, qui n’ont augmenté que de 0,4% sur un mois, alors que les économistes prévoyaient une hausse de 0,8%.
Dans le même temps, d’autres indicateurs ont livré un tableau plus positif de la conjoncture américaine, notamment la production industrielle, qui a progressé de 0,5% en avril alors qu’elle était attendue stable, ou l’indice de confiance des promoteurs immobiliers, lui aussi sensiblement meilleur qu’anticipé.
«Ces chiffres sont élevés» et de nature à dissuader la banque centrale américaine (Fed) à baisser son taux directeur à brève échéance, a estimé Steve Sosnick.
Une impression renforcée par les sorties de plusieurs membres de la Fed qui ont défendu, ces derniers jours, l’idée d’un maintien des taux à un niveau élevé à moyen terme, voire, pour certains, de relèvements supplémentaires, a souligné Jack Ablin, de Cresset Capital.
Ce tableau a fait remonter les taux obligataires. Le rendement des emprunts d’État américains à 10 ans a grimpé à son plus haut niveau depuis deux semaines, à 3,57%, contre 3,50% la veille en clôture.
Dans le sillage de Home Depot, plusieurs valeurs de la grande distribution, telles l’autre grande chaîne de bricolage Lowe’s (LOW, -1,16%) ou l’enseigne d’articles électroniques Best Buy (BBY, -2,70%), ont souffert.
Le courant a même emporté les mastodontes Target (TGT, -1,62%) et Walmart (WMT, -1,38%), dont les résultats sont attendus respectivement mercredi et jeudi.
Le Dow Jones a aussi fait les frais de l’initiative de l’autorité américaine de la concurrence, la FTC, qui a saisi la justice pour tenter de bloquer le rachat du laboratoire Horizon Therapeutics (HZNP, -14,17%) par la biotech Amgen (AMGN, -2,42%), annoncé fin 2022.
Comme souvent depuis le début de l’année, le secteur technologique a percé dans la grisaille.
«On privilégie la qualité» et les capitalisations géantes, tels Alphabet (GOOGL, +2,68%) ou Amazon (AMZN, +1,98%), a fait valoir Jack Ablin. «Il y a aussi la vogue de l’intelligence artificielle» (IA), qui bénéficie aux acteurs les plus en vue de cette nouvelle technologie.
L’audition mardi, devant une commission parlementaire, de Sam Altman, patron d’OpenAI, créateur de ChatGPT, a, si besoin était, mis encore un peu plus en lumière l’IA et ses possibilités très étendues.
«Il y a toujours beaucoup d’enthousiasme pour tout ce qui touche de près ou de loin à l’intelligence artificielle», a noté Steve Sosnick.
Le fabricant de semi-conducteurs AMD (AMD, +4,19%) et le spécialiste des cartes graphiques Nvidia (NVDA, +0,90%), grands pourvoyeurs d’éléments cruciaux pour développer les capacités de l’IA, ont ainsi eu aussi le vent en poupe.
À la Bourse de Toronto
Le TSX a reculé après que le dernier rapport sur l’indice des prix à la consommation a montré que l’inflation annuelle d’avril avait été plus élevée que prévu, a souligné Greg Taylor, directeur des investissements chez Investissements Purpose.
L’inflation annuelle a accéléré en avril au Canada pour la première fois depuis qu’elle a atteint son sommet de juin l’an dernier, atteignant 4,4%, après s’être établie à 4,3% en mars. La hausse du coût de l’intérêt hypothécaire attribuable aux hausses des taux d’intérêt de la banque centrale a été l’un des moteurs de la hausse des prix, a expliqué mardi Statistique Canada.
Greg Taylor s’attend à ce que la volatilité autour des points de données économiques se poursuive dans les mois à venir, ajoutant qu’il sera maintenant plus difficile pour les banques centrales de faire baisser l’inflation à 2,0% que de faire baisser l’inflation de quelques points par rapport à ses sommets de 2022.
«Vous ne pouvez pas simplement extrapoler le chemin (à partir de) la baisse de l’inflation que nous avons eue, et cela semble être l’un des grands éléments qui se sont faufilés sur les marchés aujourd’hui. Et cela provoque une certaine faiblesse», a-t-il observé.
Greg Taylor a jugé que les investisseurs devaient considérer la dernière lecture de l’inflation comme une indication supplémentaire que les baisses de taux cette année de la part de la banque centrale, espérée par certains, sont hautement improbables.
«Je pense que c’est un scénario vraiment improbable. Et la seule raison pour laquelle ils pourraient commencer à réduire les taux serait une récession massive», a-t-il expliqué.
Pendant ce temps, aux États-Unis, les discussions en cours sur le plafond de la dette ont continué d’ajouter de l’incertitude au marché, a souligné Greg Taylor.
Alors que les données sur les ventes au détail publiées mardi ont montré une légère hausse anticipée des dépenses de consommation, les résultats trimestriels de Home Depot ont été plus désordonnés que prévu, a-t-il noté.
Home Depot a dévoilé des revenus inférieurs aux attentes au premier trimestre et la société a également réduit ses perspectives de bénéfices et de ventes pour l’exercice.
«Je pense que cela montre simplement qu’il y a un léger ralentissement des dépenses de consommation», a estimé Greg Taylor.
Les marchés semblent coincés dans un purgatoire, a-t-il poursuivi, et ils sont pris au piège entre les inquiétudes persistantes concernant l’inflation et le plafond de la dette.