La Banque du Canada a toujours l’intention de resserrer la politique monétaire «avec le temps».
La Banque du Canada avait un message pour ceux qui pensent que les taux n’augmenteront plus : ce n’est que partie remise. La baisse du baril de pétrole force la banque centrale à prendre une pause, mais elle a toujours l’intention de resserrer la politique monétaire «avec le temps».
La banque centrale a beau rester sur les lignes de côté, le ton de son communiqué, publié mercredi, est plus déterminé que ce qu’avaient anticipé les marchés, juge Avery Shenfeld, économiste en chef de Marchés mondiaux CIBC. Il note qu’avant l’annonce, les cours dans le marché laissaient entendre que les investisseurs n’anticipaient aucune hausse en 2019. «Le message du gouverneur Stephen Poloz au marché est : « je serai de retour» », commente M. Shenfeld, qui fait référence à la phrase culte prononcée par l’acteur Arnold Schwarzenegger dans le film Teminator.
Dans son communiqué, la Banque du Canada a annoncé qu’elle maintenait son taux directeur à 1,75%. La baisse des prix du pétrole, le ralentissement du marché immobilier et les tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis forcent l’institution à prendre une pause. Les prévisions économiques sont revues à la baisse, mais l’institution pense que la situation se rétablira au deuxième trimestre.
M. Shenfeld note que la Banque du Canada persiste à situer le taux neutre dans une fourchette de 2,5% à 3,5% et souhaite toujours atteindre ce seuil « avec le temps». C’est trop haut, selon M. Shenfeld. «Nous continuons à nous demander si l’économie peut soutenir une croissance près de son plein potentiel avec des taux plus élevés que maintenant, tranche l’économiste. Même avant la baisse du baril de pétrole au quatrième trimestre, l’économie canadienne n’a crû qu’à un rythme de 2,1%. Ce n’est pas significativement au-dessus du rythme non inflationniste que la Banque du Canada tente d’atteindre.»
Les commentaires de la Banque du Canada infirment les prévisions de ceux qui anticipaient des baisses de taux sur les marchés nord-américains, croit Sébastien Lavoie, économiste en chef à la Banque Laurentienne. «Cette option ne sera pas sur la table du gouverneur Poloz tant que son scénario de base se matérialise», commente-t-il. M. Lavoie croit que la Banque procédera encore à deux hausses d’ici la fin de l’année, ce qui amènerait le taux directeur à 2,25%.
Il faudra probablement attendre jusqu’en juillet avant de voir les taux augmenter à nouveau, croit, pour sa part, Benoit Durocher, économiste principal du Mouvement Desjardins. « Tout porte cependant à croire que le statu quo se poursuivra plusieurs mois, le temps de bien évaluer l’ampleur des difficultés attendues pour la fin de 2018 et le début 2019, précise-t-il. À notre avis, la fenêtre pour procéder à une nouvelle hausse ne pourrait s’ouvrir à nouveau qu’en juillet prochain. Une augmentation plus hâtive ne peut toutefois pas être complètement écartée dans l’éventualité où l’économie canadienne devait s’en tirer mieux que prévu. »