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Rogers vend une participation minoritaire dans son infrastructure sans fil pour 7G$

La Presse Canadienne|Mis à jour hier à 15h07

Rogers vend une participation minoritaire dans son infrastructure sans fil pour 7G$

Rogers a annoncé jeudi un bénéfice de 526 M$ au 3T, par rapport à une perte il y a un an. (Photo: La Presse Canadienne/Aaron Vincent Elkaim)

Toronto — Rogers Communications vend une participation minoritaire dans une partie de son infrastructure de réseau sans fil pour 7 milliards de dollars (G$) dans le cadre d’un «pivot» stratégique alors qu’elle cherche à rembourser sa dette.

La transaction, qui devrait être conclue au quatrième trimestre, implique un «important investisseur financier mondial» qui acquerra une participation minoritaire dans l’infrastructure qui transporte les données des tours cellulaires de Rogers vers son réseau principal.

La société a annoncé l’accord jeudi en publiant ses résultats du troisième trimestre, qui ont montré un bénéfice de 526 millions de dollars (M$), alors qu’elle affichait une perte durant la même période il y a un an.

Le directeur financier Glenn Brandt a souligné que Rogers conserverait le contrôle opérationnel complet de l’ensemble de son réseau sans fil national dans le cadre de l’accord. Ni ses tours cellulaires ni ses avoirs en spectre ne sont concernés par l’accord, a déclaré M. Brandt aux analystes lors de la conférence téléphonique sur les résultats.

Il a ajouté que Rogers prévoit d’utiliser les 7G$ reçus de l’investisseur non identifié pour rembourser un «montant correspondant» de la dette.

Pour accroître ses économies, l’entreprise de télécommunications établie à Toronto avait annoncé l’année dernière son intention de vendre jusqu’à 1G$ d’actifs non essentiels, principalement constitués d’excédents immobiliers, d’ici la fin de 2024.

M. Brandt a reconnu que Rogers n’avait pas encore atteint son objectif sur ce front, mais a noté que «nous ne sommes pas désespérés».

Il a affirmé que l’entreprise s’était adaptée au contexte économique.

«[Ce] n’allait jamais être une vente à rabais dans le contexte des taux d’intérêt, a-t-il déclaré. Nous avons dû faire une pause à ce sujet. Je pense que nous avons montré une forte flexibilité pour ajuster notre stratégie.»

Rogers, qui a également cédé sa participation dans Cogeco en décembre 2023 pour 829M$, «fait preuve d’une grande détermination vouée à se désendetter et à continuer à investir et à croître», a déclaré M. Brandt.

«En ce qui concerne les actifs immobiliers non essentiels, cela reste un travail en cours. J’en ai assez d’expliquer chaque trimestre que nous sommes sur le coup et que cela viendra, a-t-il affirmé. Je ne cours pas après un marché qui n’est pas intéressé et nous nous adapterons donc en conséquence.»


Des actifs mal évalués

L’ampleur de l’accord sur l’infrastructure de réseau reflète «la valeur des actifs sur lesquels les opérateurs de télécommunications canadiens sont assis», a déclaré Maher Yaghi, analyste de la Banque Scotia.

«Nous avons été très clairs sur la nécessité pour les opérateurs de télécommunications canadiens de se débarrasser d’actifs pour améliorer leur [rendement du capital investi] qui a connu une tendance à la baisse au cours des 10 dernières années», a-t-il affirmé dans une note.

«Nous verrons probablement d’autres accords au Canada de la part d’autres entreprises aller dans la même direction afin de désendetter les bilans et de transformer l’entreprise en une activité de détail beaucoup plus ciblée, moins sujette aux impacts des régulateurs», a-t-il ajouté.

Selon M. Yaghi, les investisseurs en actions n’évaluent pas correctement les actifs détenus par les sociétés de télécommunications canadiennes, comme les concessions sportives, les réseaux de fibre optique et les infrastructures de transmission, qui «valent beaucoup plus pour les investisseurs en capital-investissement s’ils sont structurés correctement». 

Au cours du dernier trimestre, Rogers a également annoncé une entente de 4,7G$ pour acquérir la participation de 37,5% de son concurrent BCE dans Maple Leaf Sports & Entertainment. Cette transaction, qui devrait être conclue l’année prochaine, donnera à Rogers un contrôle majoritaire des Maple Leafs de Toronto, des Raptors de Toronto, des Argonauts de Toronto et du Toronto FC. 

«En tant qu’entreprise canadienne de communication et de divertissement, les sports en direct et le divertissement sont au cœur de notre stratégie commerciale, a fait valoir le président et chef de la direction de Rogers, Tony Staffieri. Il s’agit d’une étape importante dans notre plan à long terme visant à créer davantage de valeur pour nos actionnaires.» 

La société a fait état d’un bénéfice de 98 cents par action pour le trimestre clos le 30 septembre.

Au même trimestre l’année dernière, l’entreprise avait rapporté une perte de 99M$ ou 20 cents par action.

Le chiffre d’affaires du trimestre a totalisé 5,13G$, en hausse par rapport à 5,09G$ un an plus tôt.

Sur une base ajustée, Rogers affirme avoir gagné 1,42$ par action au cours de son dernier trimestre, en hausse par rapport à un bénéfice ajusté de 1,27$ par action il y a un an.

Les analystes s’attendaient en moyenne à un bénéfice de 1,36 $ par action, selon LSEG Data & Analytics.


Difficultés dans les services postpayés

Parallèlement, Rogers a indiqué que son augmentation nette du nombre d’abonnés aux services de téléphonie mobile postpayés a totalisé 101 000 pour la période de trois mois, en baisse de 55,1% par rapport aux 225 000 ajouts nets enregistrés à la même période l’an dernier.

Le taux de désabonnement mensuel de Rogers pour les abonnés mobiles postpayés nets — une mesure de ceux qui ont annulé leur service — était de 1,12 %, en hausse par rapport à 1,08 % au cours du troisième trimestre précédent.

L’entreprise s’en est mieux tirée sur le marché du prépayé, avec 93 000 ajouts nets au cours du trimestre, soit une progression de 158,3 % par rapport à l’augmentation nette de 36 000 abonnés au troisième trimestre de 2023.

«La compétition était forte pendant la période de rentrée scolaire, très chargée, et nous avons utilisé efficacement notre marque Chatr pour gagner des clients sur le marché des nouveaux arrivants au Canada», a affirmé M. Staffieri, faisant référence à la filiale à rabais de Rogers sous laquelle elle a regroupé tous les clients du prépayé.

Le revenu mensuel moyen par utilisateur de la téléphonie mobile de Rogers a chuté de 26 cents à 58,57 $, contre 58,83 $ au troisième trimestre de l’année précédente.


Par Sammy Hudes