La direction de Seven & I Holdings estime que l'offre d'achat de Couche-Tard de 14,86$US par action sous-évalue grandement sa valeur.(Photo: Adobe Stock)
L’offre d’achat de Couche-Tard pour Seven & i est peut-être amicale, mais la multinationale japonaise chercherait l’aide du gouvernement nippon pour se protéger contre celle-ci.
C’est du moins ce que rapporte Bloomberg, après s’être entretenu avec des personnes près du dossier au pays du Soleil levant.
Seven & i chercherait à être désignée comme une « entreprise principale » en vertu de la loi japonaise sur les changes et le commerce extérieur. Déjà sur la liste des entreprises couvertes par cette loi, ce qui nécessite une notification préalable, son statut actuel est de «non principale» selon ce que rapporte Bloomberg.
Le statut d’«entreprise principale» force l’examen, par le ministère japonais des Finances, de toute entité souhaitant faire l’acquisition de plus de 10% d’une entreprise considérée comme stratégique. Pour le moment, les sociétés qui entrent dans cette catégorie sont reliées aux secteurs militaire, de l’aérospatial, de l’énergie nucléaire et des terres rares.
Dans sa demande, toujours selon Bloomberg, Seven & i tenterait de faire valoir que ses magasins, mieux connus sous la bannière Seven Eleven, jouent un rôle essentiel en cas de catastrophes naturelles, notamment pour l’approvisionnement en nourriture et en fournitures. Certains services municipaux y sont également fournis.
Le ministère des Finances serait actuellement en train d’évaluer la demande de Seven & i.
«Pas une assurance que la transaction soit bloquée»
«Il est évident que Seven & i veut mettre en place un obstacle» à ce rachat, mais même si le statut protégé lui était accordé, «ce ne serait pas une assurance que la transaction serait bloquée. De nombreux accords ont été conclus» dans ce cadre, rappelle à l’AFP Travis Lundy de Quiddity Advisors, qui publie sur la plate-forme Smartkarma.
Selon lui, cette apparente réticence du géant japonais des supérettes ne signifie pas non plus l’échec de l’offre de rachat de Couche-Tard.
Le groupe canadien «peut déposer une demande et dépenser des tonnes d’argent en frais d’avocats pour plaider sa cause. En fin de compte, c’est le gouvernement (japonais) qui décidera», souligne Travis Lundy.
Un rachat forcé est peu probable, selon lui, car «les rachats hostiles de grandes entreprises en contact avec la clientèle sont très, très rares au niveau mondial. Il est préférable pour Couche-Tard d’utiliser l’intérêt des actionnaires comme outil de persuasion».
Rappelons que la semaine dernière, Couche-Tard a déposé une offre amicale d’achat du groupe japonais, dont la valeur boursière est évaluée à près de 50 milliards de dollars canadiens. Si la transaction réussissait, ce serait la plus importante acquisition d’une entreprise japonaise par une société étrangère. Si la demande de Seven & i était acceptée, cela compliquerait la tâche à Couche-Tard d’en faire l’acquisition.
La multinationale québécoise tiendra son assemblée annuelle des actionnaires la semaine prochaine.
Avec les informations de l’Agence France-Presse