Logo - Les Affaires
Logo - Les Affaires

Starbucks change de patron pour se donner un coup de fouet revigorant

AFP|Mis à jour hier à 17h40

Starbucks change de patron pour se donner un coup de fouet revigorant

Le géant américain du café Starbucks a subi depuis plusieurs mois une baisse d’activité dans un contexte de hausse des prix et de pressions d’actionnaires. (Photo: 123RF)

Washington — Le géant américain du café Starbucks, qui subit depuis plusieurs mois une baisse d’activité dans un contexte de hausse des prix et de pressions d’actionnaires, a annoncé mardi le départ à effet immédiat de son patron Laxman Narasimhan, en poste depuis seize mois.

Il doit être remplacé à partir du 9 septembre par le patron de la chaîne de restauration rapide mexicaine Chipotle, Brian Niccol.

«Brian apporte énormément d’expérience et un bilan reconnu quand il s’agit d’innovation et de croissance», a indiqué Mellody Hobson, présidente du conseil d’administration, citée dans un communiqué.

«Il peut être un dirigeant transformateur pour notre entreprise», a-t-elle ajouté, reconnaissant les «vents contraires difficiles» que Laxman Narasimhan a dû affronter.

Vers 13 h 20, l’action Starbucks s’envolait de 20,67% à la Bourse de New York.

Brian Niccol, également cité dans le communiqué, s’est dit «ravi de rejoindre Starbucks et reconnaissant d’avoir l’opportunité de guider cette entreprise incroyable» au «potentiel formidable de croissance».

Il dirigeait Chipotle depuis mars 2018 et, deux ans plus tard, avait obtenu le rôle supplémentaire de président du conseil d’administration. Il était auparavant patron de la chaîne de restauration rapide Taco Bell, filiale de Yum! Brands (Pizza Hut, KFC, etc.), et avait aussi passé dix ans chez Procter and Gamble.

Plusieurs sociétés d’investissement activistes ont récemment pris des participations dans le capital de Starbucks, réclamant des changements de stratégie, selon des médias américains.

La chaîne a annoncé le 30 juillet un chiffre d’affaires au troisième trimestre de son exercice décalé inférieur aux attentes.

«Insatisfaction»

À nombre comparable de boutiques, il a subi une baisse de 3%, plombé par une chute de 5% des transactions qui n’a été que partiellement compensée par une progression de 2% du ticket moyen.

Ce changement de patron «est le résultat d’une insatisfaction croissante, en particulier de la part d’investisseurs militants, sur la façon dont la chaîne était dirigée», a relevé Neil Saunders, directeur de GlobalData.

«Le sentiment est que Starbucks est sur la défensive depuis bien trop longtemps et a perdu de vue les fondements. Cela a entraîné de mauvaises performances, en particulier aux États-Unis», a-t-il souligné.

Selon lui, une partie du ralentissement de l’activité est attribuable au consommateur resserrant les cordons de la bourse, mais «la majorité est quand même le résultat d’une expérience en magasin qui a empiré et du manque d’innovation sur certains aspects, comme l’alimentaire».

Mais, d’après lui, «étant donnée l’ampleur des défis, il serait déraisonnable de s’attendre à ce qu’un changement de gouvernance produise des résultats immédiats».

Les analystes de Wedbush se montraient également circonspects, estimant que «l’euphorie des actionnaires (au vu du cours mardi matin) est prématurée».

Selon eux, la confiance envers Brian Niccol «est compréhensible, mais Starbucks n’est pas Chipotle».

«Starbucks est une entreprise mondiale avec des années d’innovation en matière de produits, de positionnement de la marque, d’initiatives, d’innovations numériques, etc.», ont-ils mis en avant. «Son défi est de créer une connexion avec un nouveau consommateur».

Les États-Unis et la Chine, avec respectivement 16 730 et 7 306 boutiques, cumulaient à fin juin 61% du nombre de cafés Starbucks dans le monde.

Brian Niccol va également devoir gérer les relations sociales.

Des négociations se déroulent depuis des mois avec le syndicat Workers United, pour élaborer une convention collective. Ce serait une première pour le groupe aux États-Unis en cas de ratification. Les deux parties ont annoncé le 31 mai un accord de principe.

«Nous avons hâte de continuer à travailler avec Starbucks pour résoudre les importants litiges en cours et pour parvenir à des accords collectifs équitables» pour les plus de 10 000 employés syndiqués aux États-Unis, a réagi Lynne Fox, présidente du syndicat.

«La relation constructive que nous continuons de bâtir avec Starbucks est importante», a-t-elle poursuivi, considérant que les différents partenaires avaient «un rôle à jouer pour aider l’entreprise à retrouver son chemin».

Laxman Narasimhan, 57 ans, avait été sélectionné en septembre 2022 pour être directeur général et avait travaillé pendant six mois avec Howard Schultz, le patron historique.

Ce dernier avait repris temporairement les rênes du groupe — quatre ans après son départ — lorsque son successeur, Kevin Johnson, était parti en retraite.

Howard Schultz a transmis la direction générale en mars 2023 et a abandonné, en septembre, son siège d’administrateur. Il reste président émérite.

Avant d’entrer chez Starbucks, Laxman Narasimhan, était directeur général du groupe britannique de produits d’hygiène et de santé Reckitt Benckiser et avait auparavant occupé plusieurs postes de direction chez PepsiCo.