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Une tendance en or pour les aurifères?

Simon Lord|Édition de la mi‑octobre 2024

Une tendance en or pour les aurifères?

En septembre, le prix du métal a dépassé la barre des 2650$US l’once. (Photo: 123RF)

L’or connaît une année reluisante. Après une hausse marquée au printemps, le prix du métal a continué de grimper durant l’été pour atteindre un record de plus de 2650 $ US l’once en septembre. Les titres des sociétés aurifères ont-ils suivi la tendance?

D’un creux d’un peu plus de 1800 $ US en octobre 2023, le prix de l’once d’or a grimpé pour se stabiliser autour de 2000 $ US entre les mois de novembre et février qui ont suivi. Puis, il est reparti en forte hausse par la suite, frappant un nouveau record en septembre, alors que le prix du métal a dépassé la barre des 2650 $ US l’once.

Divers facteurs expliquent cette hausse, mais tous concernent la demande, explique Benoît Gervais, vice-président principal et gestionnaire de portefeuille dans l’équipe des ressources chez Placements Mackenzie.

« L’offre n’a pas changé significativement, dit-il. Elle est généralement très stable sur des périodes de cinq à dix ans, soit le temps qu’il faut mettre pour ouvrir une mine. »

La demande, par contre, a crû de façon marquée. D’abord, plusieurs banques centrales dans le monde entier, notamment dans des pays en développement comme la Chine et l’Inde, ont acheté d’importantes quantités de ce métal précieux. L’idée est de diversifier leurs actifs pour réduire leur dépendance au dollar américain.

Ensuite, en parallèle, les petits investisseurs de ces pays ont également acheté de l’or, étant limités dans leurs choix d’outils de placement.

« En Chine, par exemple, le marché boursier ne s’est pas porté très bien cette année, et les investisseurs locaux ont un accès limité aux marchés internationaux, dit Benoît Gervais. L’or est donc l’une des quelques options qui s’offrent à eux d’investir dans un actif liquide. »

Les minières en profitent

Alors que le prix de l’or a augmenté, les titres des sociétés aurifères se sont également appréciés.

Entre les mois de juillet 2023 et 2024, par exemple, le titre d’Agnico Eagle Mines (AEM, 112,21 $) est passé de 68 $ à plus de 105 $, une hausse de près de 55 %. De la même façon, au cours de la même période, Barrick Gold (ABX, 27,41 $) s’est apprécié de 14 %, Iamgold (IMG, 7,41 $) de 55 %, et Eldorado Gold (ELD, 23,67 $), de 60 %.

Ces hausses se sont reflétées dans la performance du secteur plus largement : au cours de l’année, le fonds négocié en Bourse (FNB) iShares S&P/TSX Global Gold Index (XGD, 23,60 $), qui vise une exposition ciblée aux titres mondiaux des producteurs d’or, a crû de plus de 25 %. Une hausse importante, donc, et assez similaire à celle de 27 % pour le prix de l’or au cours de la même période.

Risquées, les aurifères

Investir dans les aurifères présente toutefois un risque élevé, note André Dubuc, coauteur, avec François Riverin, du livre Investir dans l’or (2021).

C’est qu’historiquement, le cours des sociétés minières subit des variations encore plus importantes que celui de l’or, puisque les aurifères donnent un effet de levier sur le prix du métal précieux. Autrement dit, une hausse du prix de l’or de l’ordre de 10 % peut faire augmenter les profits de ces entreprises d’un multiple de ce nombre, soit 30 %, 40 % ou 50 %.

« Pour cette raison, je crois que l’on doit considérer l’or comme une police d’assurance pour protéger notre patrimoine, notamment contre l’inflation, dit André Dubuc. Quant aux aurifères, je crois qu’on les achète pour essayer de faire un profit. »

Aux investisseurs intéressés par les minières qui produisent de l’or, il conseille de suivre de très près le secteur et de demeurer prêt à vendre aux premiers signes de difficultés pour assurer son profit.

« Les aurifères, ce ne sont pas des sociétés à acheter pour faire du buy-and-hold [acheter et détenir à long terme], dit l’auteur. Il faut être prêt à acheter et à vendre plus fréquemment. »

À titre d’illustration, il constate que le FNB d’iShares n’a pas encore, malgré les records établis par le prix de l’or, dépassé son sommet de plus de 27,90 $ atteint en septembre 2011.

« Quelqu’un qui aurait acheté en 2011 aurait encore 5 $ par action de moins que son investissement initial, et ce, même si l’or se vend 600 $ de plus l’once, relate André Dubuc. Avec les aurifères, il faut donc être plus actif, même si ça peut être très payant. »