Chemins de fer: la menace d’une grève ou d’un lock-out plane
La Presse Canadienne|Publié le 12 août 2024La Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC) représente quelque 9300 conducteurs de locomotive, chefs de train, travailleurs de gare de triage et contrôleurs de la circulation ferroviaire. (Photo: Graham Hughes La Presse Canadienne)
Les deux principales compagnies ferroviaires du pays et leurs employés ne s’entendent toujours pas sur les horaires de travail, la sécurité ou les salaires, alors que plane la menace d’une grève ou d’un lock-out la semaine prochaine.
La Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada («le CN») et la Compagnie du Canadien Pacifique de Kansas City («la CPKC») ont prévenu qu’elles allaient mettre leurs employés en lock-out le 22 août si une entente de principe n’est pas conclue d’ici là, ce qui accentue le spectre d’un conflit de travail qui pourrait paralyser les chaînes d’approvisionnement à l’échelle du pays.
La Conférence ferroviaire de Teamsters Canada (CFTC), qui représente quelque 9300 conducteurs de locomotive, chefs de train, travailleurs de gare de triage et contrôleurs de la circulation ferroviaire, a affirmé que la CPKC voulait «vider de leur substance la convention collective de toutes les dispositions relatives à la fatigue, essentielles à la sécurité».
Le CN a ciblé moins de points liés à la fatigue, admet le syndicat, mais il a également proposé ce que les Teamsters qualifient de «plan de relocalisation forcée», qui verrait certains employés déménager dans des endroits éloignés pendant plusieurs mois à la fois pour combler des pénuries de main-d’œuvre dans l’entreprise.
«Nos membres ne cherchent qu’à obtenir une entente juste et équitable, écrivait vendredi dernier Paul Boucher, président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada. Malheureusement, les deux compagnies ferroviaires exigent des concessions qui pourraient séparer des familles ou miner la sécurité ferroviaire.»
Deux offres chacune
Les deux entreprises ont chacune présenté deux offres distinctes, affirmant qu’elles respectaient toutes les règles de sécurité — un point que le syndicat n’a pas nié.
L’une des deux offres du CN prévoit que les employés travailleraient 40 heures par semaine, avec au moins 10 ou 12 heures de repos entre chaque quart — selon de s’ils se trouvent près de chez eux ou à l’extérieur — et deux ou trois jours de congé consécutifs chaque semaine, conformément à la loi. Une offre comparable a été déposée par la CPKC avant d’être retirée «sous condition» vendredi.
Cette approche marquerait un changement radical par rapport au système d’horaires de travail basé sur le kilométrage qui est en vigueur depuis des décennies dans ces deux entreprises ferroviaires.
Si elle est acceptée, la nouvelle entente offrirait plus de prévisibilité aux travailleurs et aux gestionnaires, affirment les compagnies de chemin de fer. Mais si un employé arrive à destination à l’avance de quelques heures, cela signifie également qu’il pourrait être affecté à d’autres tâches plutôt que de pointer à son arrivée.
«Aucune des offres du CN ne compromettait la sécurité de quelque façon que ce soit, soutenait vendredi le transporteur montréalais dans un communiqué. La dernière offre proposait l’arbitrage d’une tierce partie. Le syndicat a rejeté toutes les offres et n’a fait aucune contre-proposition.»
Le syndicat a effectivement refusé les offres d’arbitrage exécutoire des deux entreprises.
Le CN a également déclaré avoir prolongé une offre qui correspond davantage au cadre de la convention actuelle et qui comprend des augmentations de salaire.
Nouvelles règles fédérales
De même, la CPKC a déclaré que les points en litige dans son offre de «statu quo» tournent autour des salaires ainsi que de la rémunération qui entre en vigueur après un certain nombre d’heures de repos dans un endroit qui n’est pas le terminal d’attache du travailleur. L’entreprise ferroviaire basée à Calgary veut repousser l’heure de début de cette rémunération, un ajustement effectué en réponse aux périodes de repos plus longues imposées par des réglementations fédérales plus strictes.
«L’offre de type statu quo respecte pleinement les nouvelles exigences réglementaires en matière de repos et ne compromet en aucune manière la sécurité», assure le transporteur dans un communiqué publié aussi vendredi.
De nouvelles règles fédérales sont entrées en vigueur en mai 2023, elles augmentent la période de repos minimale entre chaque quart à 10 heures à la maison et à 12 heures en déplacement, contre six et huit heures auparavant, respectivement.
Ces nouvelles règles ont également plafonné la durée maximale des quarts de travail des travailleurs du fret à 12 heures, contre 16 auparavant.
Dans une décision rendue vendredi dernier, le Conseil canadien des relations industrielles a ordonné une période de réflexion de 13 jours dans le cadre de deux décisions qui ont conclu que les services ferroviaires étaient «non essentiels», ouvrant la porte à un arrêt de travail complet dès jeudi de la semaine prochaine.
Christopher Reynolds