Le service des chemins de fer reprend lundi; les cheminots furieux contre Trudeau
La Presse Canadienne|Publié le 26 août 2024Des syndiqués de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada tiennent des pancartes à un piquet de grève à une gare de triage de la CPKC, à Hamilton, en Ontario. (Photo: La Presse Canadienne)
Le trafic sur les deux plus grandes lignes ferroviaires du Canada devrait reprendre lundi, alors que l’arrêt de travail devant prendre fin. Criant à l’«injustice», des syndiqués des deux grands chemins de fer canadiens manifesteront mardi devant un hôtel d’Halifax où le premier ministre Justin Trudeau rencontrera des donateurs libéraux en marge de la retraite de son conseil des ministres.
Jeudi dernier, la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) et le Canadien Pacifique de Kansas City (CPKC) ont fermé des lignes dans les régions métropolitaines, mettant en lock-out les travailleurs des chemins de fer.
Le lock-out a touché environ 9000 travailleurs des chemins de fer à travers le pays.
L’arrêt de travail a pris fin juste après minuit lundi, après que le Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) a rendu une décision samedi après-midi ordonnant aux deux entreprises et à leurs travailleurs de reprendre leurs activités avant un arbitrage exécutoire.
Le président de la Conférence ferroviaire Teamsters Canada, le syndicat représentant les travailleurs des chemins de fer, a publié une déclaration samedi pour protester contre la décision du CCRI et s’est engagé à la contester devant les tribunaux.
Le même samedi, CPKC Calgary a publié une déclaration indiquant qu’il prévoyait qu’il faudrait des semaines pour que le réseau ferroviaire se rétablisse et plus de temps après cela pour que les chaînes d’approvisionnement se stabilisent.
Furieux, des cheminots manifesteront devant Trudeau
Criant à l’«injustice», des syndiqués des deux grands chemins de fer canadiens manifesteront mardi devant un hôtel d’Halifax où le premier ministre Justin Trudeau rencontrera des donateurs libéraux en marge de la retraite de son conseil des ministres.
«Notre plan est de nous rassembler mardi devant le Westin. Nous lançons l’appel à tous les syndicats, à tous les travailleurs à se mobiliser», a déclaré dimanche soir le président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, Paul Boucher, en entrevue avec La Presse Canadienne.
Les cheminots sont furieux que le gouvernement ait mis fin au conflit de travail et les ait privés de leurs droits à la libre négociation collective en ordonnant au Conseil canadien des relations industrielles (CCRI) de commencer le processus d’arbitrage, ce qu’il a rapidement imposé aux parties.
Les conflits simultanés à la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada (CN) et au Chemin de fer Canadien Pacifique Kansas City (CPKC) a paralysé les expéditions de marchandises et entravé les déplacements à travers le pays.
Le ministre jugeait que les parties étaient dans une impasse dans les négociations contractuelles et que les entreprises canadiennes et les relations commerciales étaient en jeu.
Or, Paul Boucher rétorque que le Code canadien du travail donne au syndicat le droit de négocier librement les conventions collectives et d’exercer des pressions économiques sur les entreprises. «C’est un droit fondamental pour lequel nous allons nous battre», a-t-il envoyé.
«Le gouvernement libéral prétend depuis un bon moment qu’il est favorable aux travailleurs, mais il a démontré aux Canadiens qu’il ne l’est pas», a-t-il envoyé.
Sur Facebook, son directeur des communications, Marc-André Gauthier, est encore plus dur, tranchant que le Canada est «le pays des oligopoles» et que le Parti libéral du Canada est «leur bras politique».
La réception de mardi soir est organisée par le Club Laurier, une organisation formée de militants libéraux qui versent 1725$ par année pour financer le Parti libéral du Canada.
L’activité est présentée comme un «événement unique» où les participants pourront discuter aux côtés de Justin Trudeau des «prochaines étapes du travail de notre gouvernement libéral visant à bâtir un Canada meilleur, plus fort et plus résilient».
Lors d’un point de presse, dimanche soir, le ministre MacKinnon a soutenu qu’Ottawa avait la responsabilité de «prévenir un carnage économique».
Steven MacKinnon est loin d’être sur la même longueur d’onde que les Teamsters. Selon lui, «il est difficile de se souvenir d’une décision qui a été prise davantage dans l’intérêt des travailleurs canadiens» puisqu’un arrêt du secteur ferroviaire aurait des impacts majeurs sur l’économie du pays et ses travailleurs.
«Quand on pense aux fermetures et aux mines de potasse, quand on pense aux usines automobiles qui manquent de stock, quand on pense aux opérations forestières et d’aluminium partout au pays, qui n’ont pas l’espace de stockage nécessaire, qui doivent expédier ce produit», a-t-il plaidé.
Bien que l’impact financier complet de l’arrêt reste incertain, Moody’s a prévenu qu’il pourrait coûter à l’économie canadienne 341 millions de dollars par jour. L’agence de notation a déclaré que l’agriculture, la sylviculture et l’industrie manufacturière figuraient parmi les secteurs les plus durement touchés.